En ville
Didier Paillard annonce « 19 mesures emblématiques »
Des guirlandes lumineuses tendues comme pour une soirée de fête, d’aériennes sculptures en bois de Nicolas Cesbron, une scène ornée d’un tissu or et marron, un orgue électrique placé sur le côté qui attend l’heure d’Emmanuel Bex… Nous sommes dans une réunion politique mais on ne le croirait pas. La déco et l’agencement d’une salle pour pareille rencontre en disent aussi long sur l’organisateur que les paroles qu’il prononce. D’évidence, vendredi 6 décembre la salle de la Légion d’honneur n’a pas été confiée au prêt-à-porter standard de la communication événementielle. Elle a été cousue main par des artistes dionysiens ravis de vivre à Saint-Denis et de montrer que pour les municipales Didier Paillard était leur choix.
Sur scène, les paroles citoyennes, captées en vidéo ou prononcées de vive voix, disent les quartiers Plaine, Saint-Rémy ou centre-ville, le sport, l’architecture et l’urbanisme, la culture et l’art, les foyers d’immigrés, la place de la jeunesse, le rôle des syndicats… Chaque intervenant(e) emploie des mots différents, mais tous déclarent une flamme pour le Saint-Denis populaire, leur fierté d’habiter cette ville, de goûter sa singularité et d’afficher leurs refus qu’elle devienne un « eldorado pour les spéculateurs du Grand Paris ».
Quand vient le temps du meeting stricto sensu, Didier Paillard cible « les lois du marché et les forces politiques qui les soutiennent ». Devant environ 600 personnes, pour l’essentiel debout, il précise que « le combat contre le libéralisme marchand se mène dans les entreprises, mais se joue aussi dans les villes» pour que « le monde du travail ne soit pas expulsé de Saint-Denis comme il l’est des usines ».
Son discours, fréquemment applaudi, l’est particulièrement quand il tance « le couple Hollande-Hanotin » dont « plus personne ne pense qu’il a une ambition de gauche ». Et plus encore quand arrive l’annonce de « dix-neuf mesures emblématiques, issues du travail des ateliers », qui figureront dans un programme détaillé au début de l’année prochaine.
Dans le domaine de l’habitat, outre la poursuite de constructions HLM, M. Paillard entend doubler le nombre de logements en accession sociale à la propriété et accélérer la lutte contre l’habitat insalubre privé. Pour l’espace public, des lieux « conviviaux et animés » sont programmés dans chaque quartier, à l’image de la place devant la basilique ou de celle du Front-Populaire. Le doublement des effectifs et des moyens des policiers municipaux est annoncé, tout comme l’ambition d’un nouveau commissariat capable d’accueillir 500 policiers nationaux est réaffirmée.
Pour les quartiers, « trois nouvelles Maisons seront ouvertes » et des coopératives » pour que « les citoyens aient les moyens d’agir » sont programmés. Au chapitre économique et social, « les emplois locaux se verront réserver 10% des marchés publics ». Pour le commerce, une société publique locale sera créée pour « maîtriser 100 locaux commerciaux ».
Côté culture, une grande salle de spectacles est prévue Porte de Paris, l’ancienne piscine du boulevard Carnot sera transformée « en salle polyvalente festive et créative », la médiathèque centrale et la salle de la Légion d’honneur seront rénovées. Pour mieux respirer et se détendre, l’extension du parc de la Légion d’honneur fait partie d’une liste qui inclut l’aménagement de la place Robert-de-Cotte pour les enfants.
Pour les plus petits d’entre eux, la création de 600 places d’accueil (collectif et individuel) pour les moins de 3 ans est prévue. Mesure phare, l’annonce de la création de « 1 500 logements dédiés aux jeunes» et du « Contrat étudiant solidaire » (2 000 euros par an et par étudiant à partir de la 3e année d’études supérieures) réjouit l’assistance. Qui se quitte en musique aux sons d’une Internationale électrique et improvisée.
Dominique Sanchez