En ville
Enseignement supérieur/
Une rentrée sans promiscuité
Hybridité. C’est le maître-mot de cette rentrée universitaire inaccoutumée. À Saint-Denis, la plupart des établissements d’enseignement supérieur ont rouvert leurs portes dès le 1erseptembre mais la rentrée des étudiants va s’échelonner sur tout le mois. Pour les facs, alors que des pré-rentrées ont été organisées, le premier challenge est de respecter les recommandations gouvernementales, notamment celles préconisées par le ministère de l’Enseignement supérieur liées au contexte sanitaire inédit. Elles concernent au préalable les conditions d’accès et d’accueil des étudiants au sein des établissements, mais aussi la mise en place de cours en présentiel/distanciel. Soit cours sur place ou à la maison. Avec l’épidémie de la Covid-19, ce vocabulaire spécifique, longtemps cantonné au sein des communautés universitaires, revient au goût du jour.
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À l’IUT Paris 13, qui compte environ 2 000 étudiants, un « plan hybride temporel » a été aménagé pour éviter la présence trop « massive et simultanée » des élèves dans l’enceinte de l’établissement. Les cours ont été adaptés pour chaque département selon un partage de semaines équilibré. « On a décidé que les étudiants ne viendraient qu’une semaine sur deux. », explicite Samuel Mayol, directeur de l’institut universitaire. Autre changement de la rentrée, toujours préconisé par le ministère : la tenue des cours magistraux ne se fera plus qu’à distance tandis que les TD auront lieu sur le site universitaire dans les salles normalement réservées aux cours magistraux. Objectif : faire respecter les fameux gestes barrières et la distanciation physique.
S’approprier des outils numériques
Pour ces deux étudiantes inscrites en alternance à l’IUT Paris 13, la rentrée s’est faite en présentiel et il en sera de même pour l’ensemble des cours qu’elles suivront. « On n’est pas en cursus initial donc les cours à distance ne nous concernent pas. » Un soulagement pour les deux jeunes femmes car elles n’ont pas gardé un très bon souvenir de leur expérience du confinement et des examens en distanciel… « J’ai trouvé les profs exigeants », commente l’une. « Si on revient à un état de confinement, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir avec les cours à distance. J’avais l’impression d’être dans une situation d’abandon scolaire. C’était un vrai désordre », explique l’autre.
Du côté de l’université Paris 8 (dont la présidence n’a pas répondu à nos sollicitations), plusieurs modules sur l’enseignement à distance – destinés à la communauté enseignante – ont été élaborés sous la houlette de Goran Sekulovski, responsable du développement des services aux chercheurs et chargé de formation. Si assurer la transition des cours en présentiel vers le distanciel reste un challenge, ces modules visent à ce que les enseignants-chercheurs s’approprient les outils numériques. « On sait que la rentrée est hyper complexe et certains enseignants sont réticents, mais il y a de la demande. On a eu plus de 100 inscrits pour nos six modules. Au-delà des contraintes, j’explique lors de ces formations que l’enseignement à distance vient compléter l’enseignement classique en présentiel. Je propose aussi des marches à suivre, des scénarios pédagogiques. »
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Zoom, Teams, Moodle, BigBlueButton. En cette rentrée, les logiciels de travail à distance n’ont jamais autant été sollicités. Et pourtant, peu après le déconfinement, le déroulement des examens en ligne a fait grand bruit parmi la communauté enseignante et estudiantine dionysienne qui a pointé du doigt son caractère inégalitaire. Pour le moment, tous les étudiants n’ont pas retrouvé les bancs de l’université, comme en témoignent les allées et couloirs clairsemés de Paris 8. Et tous ne savent pas comment, voire si, leurs départements adopteront ces nouvelles manières de fonctionner.
Clémence, en L2 Information-Communication, a fait sa rentrée la semaine dernière. L’étudiante n’a pas d’appréhension particulière bien qu’elle avoue avoir un peu peur d’attraper le virus. « On n’a pas de cours à distance pour le moment, c’est aux professeurs de décider. » Pour Manon, 23 ans, inscrite en L3 Sciences-politiques, les cours « en distancié », peuvent être un peu « dérangeants ». Son département a adopté un « système hybride », donc beaucoup de ses cours n’auront pas lieu sur place. « Je sais comment me préparer à ça parce qu’on a eu six mois de cours en distanciel, mais je préfère quand même écouter le prof en face et discuter avec lui. »
Gare aux clusters
À trois semaines et demie de la rentrée universitaire, la priorité première pour les facultés reste d’empêcher la formation de clusters épidémiques. Dans un communiqué daté du 13 septembre, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a fait savoir qu’une dizaine avait été identifiée dans plusieurs universités. Ces nouvelles contaminations sont « majoritairement liées à des soirées privées », indique le communiqué. Sur le plan sanitaire, la médecine préventive de Paris 8 explique être « dans les starting-blocks ». Pour le Dr Van Gangdi Tran, le port du masque reste une « prérogative fondamentale » pour éviter la circulation du virus.
« Il est impossible dans une faculté de 22000 étudiants de vérifier s’ils le portent tous. Mais on travaille sur la communication à l’intérieur et hors de l’enceinte de l’université. Il faut donner une information logique aux étudiants. On parle aux infirmières, aux psychologues de l’importance pour les étudiants de porter le masque afin de lutter contre l’épidémie. Sur cette question, on est incisif. » Depuis la reprise des cours début septembre, aucun cas « documenté » de la Covid-19 n’a été signalé à la médecine préventive de Paris 8.
Yslande Bossé
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Move (Pseudonyme non vérifié)
24 septembre 2020