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Delaunay-Belleville
/ Trafic toujours aussi dense

Un an après la fermeture des parkings à Dourdin et Duclos pour cause de trafic de drogue, la situation en la matière ne s’est guère améliorée. Le problème s’est déplacé mais il reste entier. Sans parler des conséquences sur le stationnement.
Le parking 1 de la cité Jacques-Duclos est fermé depuis juin 2017. Le niveau 2 est resté ouvert.
Le parking 1 de la cité Jacques-Duclos est fermé depuis juin 2017. Le niveau 2 est resté ouvert.

Cela n’a pas suffi à enrayer le trafic de drogue. L’année dernière, en avril, le bailleur Logirep avait décidé de condamner l’un de ses deux parkings à Gaston-Dourdin. En juin, Plaine Commune Habitat leur avait emboîté le pas en prenant la même mesure radicale à Jacque-Duclos. Les deux cités HLM sont situées à quelques centaines de mètres l’une de l’autre dans le quartier Delaunay-Belleville, à proximité du commissariat dans le nord de la ville. Un an après, les habitants constatent que les dealers sont toujours en train d’opérer en bas de chez eux. « De toute façon, quoiqu’on fasse, le trafic continuera », nous confie une locataire de Duclos, qui se dit «pessimiste ».

Pour cet autre riverain, il était évident que la mesure n’allait rien changer. Il décrit un cercle vicieux. « Le parking était peu utilisé. Il était régulièrement dégradé par les gens impliqués dans le trafic. Le bailleur faisait des réparations, mais il était de nouveau dégradé. PCH a préféré se débarrasser du problème en le fermant », assure-t-il. Le trafic se fait maintenant, entre autres, dans le second parking de la cité qui est d’ailleurs « surutilisé » par les locataires. « Ils savent s’adapter. Ils vendent là où ils trouvent de la place », continue-t-il.

Selon plusieurs témoignages, le business de la drogue est ancien dans la cité mais il a pris une ampleur considérable ces dernières années. « Depuis trois ans, cela va en empirant. Avant, on voyait un guetteur par ci, par-là. Maintenant ils sont aux quatre coins de la cité », poursuit le locataire. Avant le parking, le bailleur avait déjà fermé un double accès à un bâtiment qu’utilisaient les trafiquants. «Pourquoi on ne fermerait pas la cité pendant qu’on y est ? », critique-t-il. « L’éclairage était vandalisé et le parking occupé illégalement, ce qui posait des problèmes de propreté mais surtout de sécurité, justifie PCH. Aujourd’hui, seul le niveau P2 est ouvert, on constate quelques problèmes d’occupation connus des services de police. Toutefois, il ne s’agit pas d’un report du trafic installé.» Jaklin Pavilla, vice-présidente de PCH et habitante à Duclos, ajoute que des travaux sont prévus pour réaliser une «poche de stationnement sur un parking extérieur ». «Les locataires en seront informés très prochainement », précise-t-elle.

À Dourdin, la fermeture a « mis un coup au trafic », estime ce locataire. « Il y a moins de clients qui viennent en voiture », constate-t-il. Le second parking est relativement épargné par le deal. « Maintenant, il s’est concentré et il est circonscrit au bâtiment 4 de la cité », dont les locataires subissent de plein fouet le trafic. Pour protéger leur point de deal, les guetteurs débordent également dans les résidences avoisinantes.

Un chantier de sécurisation en 2019

« La fermeture du parking a permis que cessent le vandalisme, le trafic et la prostitution. Concernant le hall 4, la situation ancienne n’a pas empiré mais elle reste très prégnante », assure Logirep. Le bailleur prévoit de rouvrir le parking « au plus tard courant 2019 » après un « important chantier de sécurisation ». « Ces travaux prévoient notamment le remplacement des contrôles d’accès avec, quand cela sera possible, la suppression des accès parkings par les halls d’immeuble. De plus des travaux au niveau des halls vont limiter les accès aux seuls locataires de l’immeuble », précise-t-il. Pour le locataire précédemment cité, la réouverture est une fausse bonne idée. Il craint que les dealeurs s’y réinstallent. « Le trafic est toujours là et il le restera. C’est avant qu’il fallait faire quelque chose. C’est trop tard maintenant », s’agace-t-il.

«Ce n’est pas en fermant un parking que l’on va régler le problème du trafic, reconnaît Florence Haye, adjointe au maire en charge du quartier Delaunay-Belleville. On accompagne les habitants, on est avec eux. On fait des actions, au parc Fabien par exemple, pour montrer que l’espace publique appartient à tout le monde, et ne pas le laisser qu’aux trafiquants. » Pour ce locataire de Duclos, cela ne suffira pas. «Le problème est tellement immense. À courte échéance, je ne vois pas de solution», confie-t-il. Selon lui, il faudra passer par la « légalisation de toutes les drogues et que l’État en organise la vente ». «On est les premiers à subir le trafic, les nuisances, les guerres de gangs… Au moins, on n’aura plus tout cela.»

Aziz Oguz

Réactions

L'article laisse croire que c'est la faute de l'Etat qui refuse de légaliser le commerce du cannabis. Légaliser le commerce du cannabis ne changerait rien, il y aura toujours un commerce illicite de drogues dures et des riches clients parisiens et du 92 venant s'approvisionner à Saint-Denis. Oui l'Etat a une responsabilité car le 1er janvier 1968 il a dissous la Seine et Oise et il a abandonné la banlieue Nord entre les crocs acérés du Parti Communiste Français en créant la Seine-Saint-Denis.
En 2009, lorsque le trafic de deal a été précédé d'actes de vandalisme auprès des immeubles riverains une action a été menée par l'immeuble qui subissait ces actes et le gouvernement, préfecture et mairie en ont été avisés et rien n'a été fait. La fermeture du parking toujours demandée suite à l'action des mêmes riverains devait être suivie de mesures qui permettraient de diminuer le trafic et de rendre la vie des riverains plus vivable !!! qui a intérêt à ce que cela change sauf ceux qui en subissent les conséquences immédiates?
Ce qui serait intéressant de savoir c'est le nombre de baux résiliés par les bailleurs sociaux de ces deux ensembles (Logirep / PCH) parce qu'il est évident que les dealers n'ont pas choisi ces deux HLM par hasard ! J'ai bien peur que la réponse soit zéro ... A partir de là, ces deux bailleurs sociaux sont pour moi pleinement responsables juridiquement de ce qu'il se passe. Il y a des tas de jurisprudence là-dessus ...
Non les drogues dures ne remplaceraient jamais le cannabis si celui-ci était légalisé. Le nombre de consommateur n'est tout simplement pas identique à quelques millions de consommateurs réguliers près. Mais légaliser le cannabis serait rompre l’entente tacite en les délinquants à col blanc et ceux à chaussures sur coussin d'air, les deux étant intimement liés. Il est la le problème et nous voyons bien que Macrout tient tout particulièrement à ce schéma... Donc non l'héro, la coc ou quelle qu'autre drogue ne remplaceront jamais en volume de vente les quantités atteintes avec le cannabis. Légaliser le cannabis serait donc la bonne solution mais elle devrait impérativement être accompagnée d'un déploiement massif de blindés dans les cités pour prévenir une insurrection généralisée de nos délinquants sur coussins d'air.
J'aime bien ce dernier commentaire en faveur de la légalisation. "On est les premiers à subir le trafic, les nuisances, les guerres de gangs… Au moins, on n’aura plus tout cela." C'est surtout une vue de l’esprit. La légalisation ne changera pas le caractère sociale de celui qui vends de la drogue. Tant qu'on ne change pas socialement cette ville et qu'on arrête pas de parler de ville populaire pour se gargariser devant les médias, la trafic de drogue persistera dans la ville. Saint Denis est une ville pauvre ou l'activité illicite est bien ancré dans les mœurs. La ville est une supermarché de la drogue. Les élus peuvent garder leurs œillères, ils n'ont qu'a demandé aux autres banlieues ce que représente la ville.
2014 : Ville ou il fait bon vivre d'après D. PAILLARD. 2018 : Ville dégueulasse ou le trafic de drogue prospère. Les crieurs sans papiers qui squattent les quartiers de la ville. Le centre ville crasseux... Que s'est il passé en 4 ans..?? Peut être qu'il ne faisait pas si bon vivre à Saint Denis que ça??
Nous ne sommes pas aux Pays Bas et pour moi "la demande de légalisation du cannabis" est un os à ronger pour tous ceux qui fantasmeraient une quelconque solution. Le maire de Saint-Ouen (de droite) a proposé de bloquer les baux des appartements lors du départ des locataires. On devrait demander à nos élus et au gestionnaire de Logirep de se relayer pour habiter dans la rue Gaston Dourdin de préférence au plus près des hurlements des guetteurs qui à mon avis devraient concourir pour "la voix qui porte le plus" que l'on soit au rez de chaussée ou en étage c'est très impressionnant.
Ne peut-on pas expulser les parents responsableset leurs gamins qui sont des guetteurs et qui gagnent de coquettes sommes tout en tuant la Vie et pourrissant l'existence des autres. Le social, les associations et les dialogues n'ont rien donnés de probant depuis des années, la preuve. A quand une vraie mesure aussi juste et qu'équitable pour les autres locataires ? Pourquoi le PCF et la FI s'acharnent et redemandent encore et encore des constructions de HLM à Saint-Denis ? Gérons peu mais bien que beaucoup à en crever... Qu'ils partent et laissent la place à d'autres car ils ont eu chance, aide, assistance et soutien.