Cultures

La flèche
/ Roselyne Bachelot en visite à la basilique

Vendredi 4 décembre, élus du territoire et défenseurs du projet du remontage de la flèche de la basilique Saint-Denis ont accompagné la ministre de la Culture dans sa découverte du monument dionysien. Une première en forme d’opération séduction.
© Yann Mambert
© Yann Mambert

Roselyne Bachelot avance en terrain fléché. Vendredi 4 décembre, la ministre de la Culture était accueillie à la basilique Saint-Denis pour une visite en forme d’opération séduction. L’objet d’un tel déplacement était bien entendu de s’assurer du soutien – politique et financier – de l’État envers les porteurs du projet de remontage de la flèche. Entourée dans sa déambulation par le maire de Saint-Denis et président de Plaine Commune Mathieu Hanotin, son prédécesseur Patrick Braouezec, la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse, le président du Département Stéphane Troussel ainsi que la conservatrice de la basilique Saadia Tamelikecht, Mme Bachelot s’est montrée attentive à l’exposé de Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques, qui a plaidé pour la reconstruction de la flèche et guidé la ministre pour son baptême de la basilique. 

C’était en effet la première fois que Roselyne Bachelot se rendait dans la nécropole des rois de France. Après une présentation du monument à travers ses emblèmes – tels l’orgue Cavaillé-Coll, la rosace actuellement en rénovation et la crypte royale – la petite délégation a rejoint la porte des Valois pour une introduction au projet de reconstruction qui coûtera 20 millions d’euros, une enveloppe financée essentiellement par les visites du chantier et les mécénats.

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Histoire de battre le fer tant qu’il est chaud, la ministre est ensuite allée à la rencontre des artisans du futur chantier – forgerons et tailleurs de pierre – installés dans le jardin Pierre-de-Montreuil pour une démonstration. Ces artisans ne sont pas qu’une vitrine, ils participeront surtout au chantier-école de la flèche. À ce titre, ils formeront des apprentis aux techniques et outils d’époque qui seront mis en œuvre tout au long de la construction.

« Les entreprises sont capables de faire la flèche mais il faut deux conditions : qu’une bonne fée nous apporte quelques dizaines de millions d’euros, ce qui n’est pas simple à trouver. Et, d’autre part, que l’on sache la refaire correctement. Si l’on veut reconstituer un tel ouvrage, il faut reconstituer la méthode », glissait Jacques Moulin à la ministre de la Culture en s’appuyant sur l’exemple du chantier de Guédelon. « Si l’État finançait la consolidation de la cathédrale, cela serait déterminant » pour le lancement du chantier, a précisé Patrick Braouezec à Mme Bachelot. Les travaux de confortement sont estimés à 3 millions d’euros.

Saint-Denis, capitale européenne de la culture 

Avant elle, le président François Hollande était venu tailler symboliquement la première pierre du chantier en mars 2017. Un an plus tard, la prédécesseure de Mme Bachelot, Françoise Nyssen, avait signé une convention cadre relative à la reconstruction de la tour et de la flèche nord, un témoignage de l’intérêt porté au projet comme a tenu à rappeler Jacques Moulin à la fin de la visite. Et si la ministre n’a pas pris d’engagement formel, elle s’est dit « grandement intéressée » par ce chantier et a indiqué qu’une « réponse rapide » sera donnée sans préciser de date. Mathieu Hanotin croit lire dans la réaction de Mme Bachelot un bon présage. « Je pense pouvoir dire qu’il y a un avis favorable sur la question », confie le maire, qui avoue « faire partie de ceux qui ont changé d’avis » sur le dossier.

Fraîchement élu nouveau président du bureau de l’association Suivez la Flèche qui assure la maîtrise d’ouvrage, M. Hanotin entend donner un nouveau cap au projet. « Nous allons nous réunir le 16 décembre. Je veux refonder le projet, repenser l’expérience touristique, impliquer le numérique qui n’était pas assez présent, énumère-t-il. Pour que cela soit finançable, il faut passer de 140 000 entrées par an à 450 000 », rappelle le maire dionysien qui fera du chantier de la flèche le point d’orgue de « Saint-Denis capitale européenne de la culture 2028 ».

« Le temps est un handicap. Je souhaite donc qu’on aille plus vite. C’est pour cela que j’ai fixé le cap de sept ans […] Je veux que l’aboutissement de la flèche soit la marque de la capitale européenne comme l’a été le Mucem à Marseille. » La flèche de la basilique va-t-elle devenir L’Arlésienne du maire de Saint-Denis comme pour ses prédécesseurs ? Pour l’heure, l’étape cruciale est de trouver un terrain d’entente entre l’État et les porteurs du projet pour lancer enfin la consolidation du monument et ainsi apporter une nouvelle pierre de taille à l’édifice.

Maxime Longuet

Réactions

Bonjour. J'étais contre lors de la précédente mandature, je le suis toujours. Il ne faut pas reconstruire l'histoire... juste la raconter, l'analyser, la comprendre. On arrive à 450 000 personnes en plus chaque année. C'est juste pas tenable. Car la ville n'est plus en capacité plus de personnes. Le centre ville est inaccessible en voiture, la ligne 13 est saturée, les bus, j'en parle même pas... Je ne suis pas sur que ce soit une priorité dans la ville... J'ai du mal à comprendre la nouvelle majorité dans cette obsession de reconstruire la flèche nord. On a pas reconstruit les pyramides, ni le nez du sphinx. Le Colisée de Rome est toujours préservé... Et puis la basilique n'est pas une ruine non plus. Il faut la rénové pour qu'elle affronte les affres du temps. Pas en faire un disney land pour touriste comme Paris l'est devenu.
Je trouve que cela n'a pas grand sens de reconstruire cette flèche, je suis bien d'accord avec Azzedine. Ça coutera cher, très cher car il y a fort à parier sur l'explosion des budgets et de toute façon, rien n'indique qu'on parviendra à rassembler l'argent nécessaire, j'ai l'impression que ce serait même le contraire aujourd'hui. Nettoyons, réparons et consolidons cette basilique, ses murs, ses vitraux et ce sera déjà pas mal, plutôt que d'entretenir un vieux fantasme de notables en mal de reconnaissance, courant après des lubies absconses.