En ville
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Quelle ville et pour qui ?
Dans la ligne de mire des aspirants maires « le bétonnage » intempestif de la ville, entendez par là sa densification, et son « manque de mixité sociale », lisez surreprésentation du logement social.
« La grande question c’est comment on continue de garder une ville où chacun et chacune puisse garder sa place, répond celui qui occupe le fauteuil de maire. Si d’un côté on souhaite que la ville arrête de croître tout en faisant la place à de plus en plus de propriétaires de classe moyenne, ça veut bien dire qu’il faut que d’autres habitants partent. Ceux qui disent, « il faut vendre du logement HLM » aspirent à un changement de population, s’emporte Laurent Russier (PCF) qui note au passage que la population n’a augmenté que de 4% ces six dernières années.
« Si on ne construit plus rien, on est dans un égoïsme local alors que les besoins, avec 8000 demandeurs de logement sur la ville, sont là, regrette également le maire. Ne plus rien construire au nom de l’écologie dans des villes bien dotées en transports serait synonyme d’étalement urbain. Il faut intensifier la construction, mais uniquement autour des moyens de transport. L’équilibre pour moi passe par moins de HLM là où on est à 100%. Et dans les Lumières Pleyel ou au Village Olympique on se battra pour qu’il y ait 40% de logement HLM. »
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« On rénove l’existant »
À l’autre bout du spectre politique dionysien, Houari Guermat (UDI) propose lui un moratoire sur l’ensemble des constructions nouvelles : « On sature à Saint-Denis. Les services publics ne suivent plus. Il faut dire stop. 120 000 habitants ça suffit. On rénove l’existant et on le met aux normes écologiques. » Et au passage on arrête aussi de construire du logement social :
« Toute personne qui souhaitera acheter son logement social doit pouvoir le faire avec une décote maximale de 30% en fonction de l’ancienneté. On doit être capable de vendre 1% du parc social par an. Le but de mon engagement politique c’est d’arriver à une vraie mixité sociale. » Au risque peut-être de voir se multiplier à terme les copropriétés dégradées.
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Mixité à toutes les sauces
Même ambition et mêmes solutions chez Alexandre Aïdara (LREM) : « Compte tenu du parc de logements insalubres sur le territoire, la priorité absolue est de rénover. Concernant le logement social on est arrivé à un taux très élevé à certains endroits. Il faut introduire de la mixité pour faire en sorte que les classes moyennes puissent s’installer. Je pense que 40% de logements sociaux dans les programmes neufs c’est trop. On a un stock de logements sociaux déjà très important. Saint-Denis a besoin de classes moyennes pour casser la ghettoïsation. » Mais le candidat macronien ne s’arrête pas là.
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« Le sujet clé c’est l’accession à la propriété. Moi je veux que les personnes précaires qui occupent des logements sociaux puissent devenir propriétaires de leur logement. Pour lutter contre les inégalités il n’y a rien de plus important que d’avoir un patrimoine. Parce que c’est là que les inégalités se répercutent de génération en génération. On créera un office foncier libre pour séparer le foncier du bâti afin de diminuer de 40% le coût du logement à l’achat. »
Une proposition également retenue par Laurent Russier, qui précise que ce dernier doit être public cependant. Le logement social n’a décidément pas que des supporters dans cette campagne puisque Mathieu Hanotin (PS) veut réviser « les dogmes » en la matière : « Il faut sortir du 40% de logements sociaux dans tout programme de construction. La loi dit 25%, et c’est déjà très ambitieux pour beaucoup de villes qui se battent pour l’atteindre. Cette loi a été créée pour qu’on évite les effets de concentration de la pauvreté, via le logement social. Dans un premier temps, il faut mieux entretenir, mieux rénover les logements sociaux existants. Nous n’aurons pas une approche comptable mais pragmatique, quartier par quartier. On construira des logements sociaux, mais je ne prendrai aucun engagement chiffré parce que ça aboutit à une logique de spécialisation. »
Bally Bagayoko (LFI), partisan par ailleurs de la réhabilitation des grands ensembles plutôt que de leur démolition-reconstruction, « parce qu’on détruit des grands logements en PLAI qu’on ne sera pas en capacité de reconstruire », voit les choses sous un autre angle :
« On doit densifier. On n’aura pas le choix si on veut répondre au besoin de logement. Sinon on organise la surpopulation dans les logements et le bordel général. On doit s’adapter à la réalité et prendre des dispositions plutôt que de présenter le futur comme on voudrait. Nous sommes favorables à la production de logements sociaux pour répondre à l’urgence de l’insalubrité, et de la division pavillonnaire. Mais il faut détruire la mauvaise image du logement social. Notre objectif c’est d’atteindre les 40% que nous n’atteignons pas. Mais on veut 40% de logements sociaux de qualité. »
Yann Lalande
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20 décembre 2019
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20 décembre 2019
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20 décembre 2019
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02 janvier 2020
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
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