En ville

Pour un Maghreb des droits de l’homme

Les droits humains au Maghreb feront l’objet d’une journée de travail le 28 juin à l’université Paris 8. Une rencontre à l’initiative d’un collectif d’associations dont la Ligue des droits de l’homme (LDH), l’Association des travailleurs Maghrébins de France (ATMF), les familles de disparus en Algérie… Tables rondes et débats aborderont les disparitions forcées, les droits économiques et sociaux, les droits des femmes, aussi bien que les migrants subsahariens.
Cette journée se tient dans un contexte marqué par de grandes tensions sociales au Maghreb, sur fond de manifestations que les autorités tentent de contenir, souvent, en faisant appel à la force. En Algérie, des émeutes ont éclaté suite à la relégation de l’équipe de foot de la Mouloudia d’Oran en seconde division. D’autres les avaient précédées, à Berriane près de Guerdaya donnant lieu à des affrontements entre les Arabes et les Mozabites. La redondance des émeutes et la banalité apparente de leurs motivations traduisent au moins un état de pression parmi les jeunes Algériens, soufrant des mêmes maux que leurs voisins Tunisiens de Redeyef et Marocains de Sidi Ifni. Depuis le 5 janvier 2008, le bassin minier de Gafsa, au sud-ouest tunisien, est le théâtre de manifestations populaires pour le droit au travail. Ces protestations ne sont pas visiblement du goût des autorités tunisiennes. Face aux revendications des manifestants, les forces de l’ordre agissent, non sans violence. Le 6 juin, la police a tiré à balles réelles, faisant un mort et plusieurs blessés.
Au Maroc, des manifestations étudiantes ou contre la cherté de la vie et le chômage ont eu lieu ces derniers mois. Le 7 juin, au motif de débusquer les diplômés chômeurs qui bloquaient les accès au port pour réclamer des emplois, police et forces auxiliaires ont assiégé la ville de Sidi Ifni au sud du Maroc, à l’aube, par voies terrestre et maritime. Elles se sont introduites dans les maisons, usant de violence contre les habitants, faisant plusieurs blessés, quelques dizaines d’arrestations, des jeunes filles ont été violées.
Les femmes maghrébines ont participé massivement à ces contestations, elles ont investi la rue pendant le siège de Sidi Ifni, le couvre-feu à Redeyef. Parfois, elles ont réussi à imposer la libération des leurs.
Par ailleurs, la gestion des migrants subsahariens a soulevé à plusieurs reprises les critiques des organisations de défense des droits humains et de migrants, elles dénoncent de graves atteintes aux droits des migrants. Ce contexte ne manquera pas de s’imposer lors de la journée.
Fouzia Maqsoud (stagiaire)

Pour un Maghreb des droits de l’homme samedi 28 juin, de 9 h à 19h, à Paris 8, salle D 003.