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Musée d’art et d’histoire Paul-Eluard/
Plus grand que la réalité
« L’idée est de donner une tonalité nouvelle au musée en permettant une meilleure accessibilité et une modernisation des fonds. L’autre objectif est de préparer au mieux les Dionysiens à la visite dans la perspective d’un déconfinement », confie Aiman Saad Ellaoui, photographe à la Ville de Saint-Denis et artisan de la visite virtuelle du musée d’art et d’histoire Paul-Éluard.
Une immersion en trois dimensions et à 360° qui permettra de naviguer dans l’enceinte de l’ancien couvent à travers 500 photos agrémentées de pastilles audio, de contenus interactifs et informatifs ou d’animations vidéo (prises de vue en hauteur du cloître réalisée à l’aide d’un drone).
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Cette visite sera mise en ligne fin novembre et se fera via la plateforme dédiée, Kuula. C’est sur ce même site qu’a été accueillie la visite virtuelle de la basilique, projet également supervisé par Aiman Saad Ellaoui et qui compte déjà une trentaine de milliers de vues depuis son lancement en mai dernier. Comme pour la basilique, l’initiative veut inscrire l’ancien carmel dans l’ère digitale. Un virage que la pandémie de Covid-19 et les confinements mis en place pour l’endiguer ont rendu inévitable voire essentiel.
Une offre numérique
« Il y a deux ans, avec le directeur de la culture de la Ville Didier Coirint, nous voulions trouver des moyens d’interpeller les gens sur la qualité et la richesse des collections, se souvient Aiman, dont l’idée d’une visite virtuelle du musée lui trottait dans la tête depuis des années, mais se heurtait aux moyens techniques de l’époque. J’avais proposé l’idée il y a quatre ans déjà à Sylvie Gonzalez, l’ancienne directrice du musée. » C’est aujourd’hui sa successeuse, Anne Yanover, qui voit naître le projet qu’elle considère comme une opportunité d’accentuer la politique d’offre numérique du musée. Lors du premier confinement, la directrice et ses équipes ont su déployer une offre numérique rapidement, ce qui a eu pour effet quasi-immédiat de générer du trafic.
« La fréquentation du site Internet du musée, pages “vie des œuvres” et “zoom sur une œuvre” avait alors fait un bond, + 304 % de visites pour la première, + 377 % pour la seconde au cours du premier mois », se félicite Anne Yanover. Et à cette offre numérique s’associe une offre de médiation en partenariat avec d’autres structures. « Le musée et l’Unité d’archéologie développent une offre de médiations thématiques en visioconférence, consacrées à des œuvres de l’exposition, du parcours permanent du musée, ou autour de thématiques liées à l’histoire du territoire. Une version jeune public sera suivie d’un atelier créatif guidé à distance, à pratiquer depuis chez soi, détaille Anne Yanover qui développe avec ses équipes un programme de podcasts présentant le parcours de l’exposition Picasso-Éluard et les collections permanentes du musée. Je souhaitais également lancer la minute poétique.
Le concept est simple : le public prend rendez-vous et est rappelé par des comédiens qui liront des poèmes de Paul Éluard.» Le musée propose, via son site et les réseaux sociaux, de découvrir le métier et les missions de la restauratrice d’arts graphiques en charge de la préservation, de la restauration et de la régie des œuvres du musée ou les outils des archéologues. Inventer, sans cesse, des formes pour rendre accessible la culture à tous nécessite un grand sens de l’organisation, surtout en temps de confinement. Car la passion ne fait pas tout.
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« Ce confinement n’est pas le même que le premier car l’activité se poursuit. Il y a la photothèque, le prêt et le transport d’œuvres qui continuent, l’accueil de publics qui est maintenu en partie avec les scolaires, énumère la directrice. La décision d’un confinement allégé a des impacts forts sur notre organisation. Mais il reste difficile d’anticiper malgré nos efforts, il y a encore beaucoup d’inconnues. » Dernière exposition en date concernée par cette parenthèse forcée : l’exposition événement Pablo Picasso, Paul Éluard, une amitié sublime qui devait se tenir à partir du 12 novembre.
« Nous avons des œuvres qui devaient nous arriver d’Espagne et qui y ont été retenues face à l’incertitude. Une exposition c’est comme un spectacle : il y a beaucoup de préparation en amont et on est obligé dorénavant d’intégrer cette incertitude. Maintenant, nous travaillons sur plusieurs scénarios en parallèle. Nous nous tenons prêts. » En espérant que le public réponde à l’invitation digitale comme physique.
Maxime Longuet