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Basilique de Saint-Denis /
Parcours fléché
Depuis 1846 (1) c’est l’Arlésienne. Elle n’est plus dans le décor mais on ne parle que de son retour. Cette fois c’est signé. La flèche de la basilique de Saint-Denis va être remontée ! L’État, le clergé et l’association Suivez la flèche s’y sont engagés dans une convention officiellement paraphée samedi 17 mars. Un moment fort qui a motivé la venue la ministre de la Culture. « Ce projet exceptionnel est le fruit d’une mobilisation tout aussi exceptionnelle qui nous rappelle que la culture n’est pas une priorité de second ordre, ni un supplément d’âme, s’est ainsi réjouie Françoise Nyssen. La richesse patrimoniale est un marqueur qui doit permettre de changer les regards sur la Seine-Saint-Denis. Ce chantier est une chance pour Saint-Denis et pour la France entière. »
En écho à l’enthousiasme ministériel, Laurent Russier, a insisté « sur la promesse d’appropriation réussie par les habitants », compte tenu de la nature spécifique du projet. Pour le maire de Saint-Denis, le remontage de la flèche « va créer du commun et va permettre à Saint-Denis d’être apprécié à sa juste valeur ». Patrick Braouezec, président de Plaine Commune et de l’association Suivez la flèche, maître d’ouvrage du remontage, voit lui, « le début d’une grande aventure, à l’instar de ce qui s’est fait à Rochefort avec l’Hermione ou à Guédelon ». Et l’ancien maire de Saint-Denis de citer un message de l’académicien Erik Orsenna, président du comité de parrainage, excusé pour la circonstance : « En ce grand jour pour les pierres n’oublions pas les mots […] La flèche est le signe qui indique la direction. Cette flèche bâtie par le passé montre l’avenir. » Un sens pas si éloigné de celui donné par l’évêque de Saint-Denis Pascal Delannoy : « Tous les habitants, quelle que soit leur confession, peuvent se retrouver dans ce projet. Plus particulièrement pour nous chrétiens, la flèche indique la direction du ciel et rappelle donc que dieu est présent. »
Début des travaux en septembre
Reste maintenant à se retrousser les manches pour faire de nouveau culminer la basilique à 86 m de haut. À la différence du chantier des JOP 2024, ce n’est pas une course de vitesse qui est engagée. « Ça prendra le temps que ça prendra, rappelle Patrick Braouezec. L’idée c’est d’être dans une phase intéressante du chantier au moment des Jeux olympiques. » Les travaux préparatoires de consolidation du massif occidental devraient être lancés en septembre. La construction de l’échafaudage de visite suivra, pour un début de chantier de reconstruction au printemps 2019. Le site devrait ensuite être en activité chaque année de mi-mars à mi-octobre. Le remontage de la flèche va donc convoquer 7 mois par an les savoir-faire d’antan afin de les faire découvrir au grand public. « Pour conserver un édifice, il faut l’inclure dans la vie du monde, plaide Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques. Le bâtiment doit être vivant et avoir une utilité sociale. » « Le chantier de reconstruction sera réalisé dans les règles de l’art et de l’histoire, rassure pour sa part la ministre. Un comité scientifique de suivi des travaux va être mis en place. »
Chantier patrimonial hors norme, le remontage de la flèche aspire aussi à redynamiser le centre-ville en attirant notamment les visiteurs extérieurs, indispensables à l’équilibre financier du projet. Car Patrick Braouezec l’a réaffirmé, pas un euro d’argent public ne financera le remontage, dont le coût est estimé à 20 millions d’euros (masse salariale incluse). Les visites du chantier (ticket adulte 10 €, ticket enfant et groupe 5 €) seront le principal poste de recettes. Objectif 300 000 visiteurs par an contre 150 000 pour la basilique aujourd’hui. « C’est jouable, estime Régis Cocault, directeur de l’office de tourisme Plaine Commune Grand Paris. On a déjà doublé le nombre de pré-visites de tour operator pour ce printemps. Il y a donc un intérêt. Maintenant, il va falloir les conquérir en leur proposant une véritable expérience. » En attendant ce sont les mécènes qui ont amorcé la pompe, à l’image d’Icade. « Nous avons mis un point d’honneur à être le premier mécène, témoigne Olivier Wigniolle, directeur général d’Icade. On a tout intérêt à ce qu’un territoire où nous sommes présents se porte bien. Par ailleurs, ce projet de chantier pédagogique lié aux savoir-faire du bâtiment nous correspond. Nous pourrons peut-être même proposer du mécénat de compétence en suivi de chantier à l’avenir. » Décidément, depuis samedi, à la bourse des soutiens, l’action Saint-Denis remonte en flèche.
Yann Lalande
(1) La tour nord et la flèche de la basilique avaient été démontées alors que l’édifice était fragilisé par une succession d’événements climatiques, dont la foudre qui l’avait frappé en 1837.
Réactions
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
20 mars 2018
yann.lalande
20 mars 2018
Horta (Pseudonyme non vérifié)
20 mars 2018
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
20 mars 2018
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20 mars 2018
MR (Pseudonyme non vérifié)
20 mars 2018
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21 mars 2018
MR (Pseudonyme non vérifié)
21 mars 2018
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21 mars 2018
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
21 mars 2018
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22 mars 2018
Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
23 mars 2018