Sports

Tennis de table
/ Mehdi Bouloussa, enfant de La Raquette

Sdus : Pilier du club de Pro B et 208e joueur mondial à seulement 20 ans, il est aujourd’hui l’un des grands espoirs du tennis de table français. Une aventure avec la petite balle blanche qui a débuté à Saint-Denisil y a douze ans…<br />
Mehdi Bouloussa, 62e joueur national
Mehdi Bouloussa, 62e joueur national

La silhouette élancée, un regard noir et profond, le sourire parcimonieux mais sincère. À chaque rencontre du Sdus qu’il dispute à domicile, Mehdi Bouloussa affiche toujours ce même air imperturbable. Entre concentration absolue et complicité fugace. Rarement un mot ou un geste de trop. Jamais dissipé, mais souvent serein. Car lorsqu’il joue à La Raquette, Mehdi est chez lui. 

Dans une salle qui l’a vu grandir et progresser depuis tout petit. À bientôt 21 ans, les souvenirs de ses premiers émois raquette en main sont encore nets. Tout a commencé à une cinquantaine de mètres du stade Auguste-Delaune?: « Ma famille habite à Pierrefitte, juste à côté de la salle. À l’époque, j’allais au centre de loisirs Roger-Sémat en face du parc des sports et c’est là-bas que j’ai découvert le tennis de table. J’ai tout de suite aimé les sensations, toucher la balle, marquer des points rapidement. Je devais avoir 9 ans et, la même année, La Raquette a été construite. Je me suis inscrit dans la foulée ». 

Très vite, la pratique devient addictive et ses progrès sont fulgurants. En un an, le Pierrefittois débute des entraînements individualisés. Il dispute ses premières compétitions, du département à la région, avant d’intégrer à 13 ans le Pôle espoirs Île-de-France, à Paris. « Ça m’a fait bizarre de partir de chez moi mais mes parents m’ont soutenu. Pour eux, si j’aimais ça et que j’étais doué, il fallait que je le fasse. »


L’exil avant le retour

En 2008, il devient champion de France minimes. Suite à cette performance, il est détecté pour intégrer le Pôle France de Nantes, une étape presque rituelle dans le parcours des champions en herbe. Là-bas, le rythme s’intensifie?: « 6 heures d’entraînement par jour et 4 heures de cours. Je faisais un maximum de compétitions, notamment mes premières en Europe face à des joueurs étrangers. Nous étions un petit groupe soudé, on s’entendait bien. » Mehdi n’a guère de temps à consacrer à autre chose que sa passion. « Il a fallu faire des sacrifices. À cet âge-là, j’aimais bien sortir avec les copains, mais pour continuer à progresser je devais m’investir à fond. »

En parallèle, il fait ses grands débuts en Pro B, sous les couleurs de… Fontenay-sous-Bois?! Une aventure extra-dionysienne de trois ans (2011-2013) qu’il ne regrette nullement?: « J’ai choisi de quitter Saint-Denis car à ce moment-là j’étais encore trop juste pour évoluer avec eux en Pro B. À Fontenay, l’équipe correspondait davantage à mon niveau. J’ai commencé en Nationale 1 puis nous sommes montés et j’ai pu jouer mes premiers matches en Pro, c’était impressionnant. Se retrouver face à des professionnels, plus expérimentés, ce n’est plus la même ambiance, plus la même concentration. » 

La parenthèse Val-de-Marnaise de Mehdi s’achèvera par un retour dans son club de cœur, à Saint-Denis, où ses attaches n’ont jamais été rompues.Entre-temps, après un quart de finale remarqué à l’Open de France juniors, le pongiste a intégré l’Insep. Un moment fort de sa jeune carrière. Pourtant, le manque de suivi individuel dans un groupe qu’il juge « trop étoffé, avec 4 entraîneurs pour plus de 15 joueurs », le poussera à quitter l’institution pour rejoindre la Belgique. 

Décidément fidèle à ses attaches, il y retrouve Denis Michelotto, l’entraîneur qui l’encadrait lors de ses premières années de pratique. Aujourd’hui, Mehdi est 62e joueur national. Il organise ses journées entre la banlieue liégeoise, Saint-Denis, et des compétitions Pro Tour à travers le monde. Le 19 avril, après une escale à Brest pour les championnats de France individuels, il retrouvera La Raquette, pour la venue d’Argentan, en Pro B. Toujours concentré. Toujours à cinquante mètres du centre de loisirs Roger-Sémat. 

Corentin Rocher



Éclairage
« Découvrir la Pro A avec Saint-Denis »


Depuis son retour au Sdus en 2013, Mehdi Bouloussa ne cesse de prendre de l’importance au sein de l’équipe professionnelle. Cette saison, le jeune espoir s’est imposé comme le numéro 2 du groupe, derrière le fer de lance Lubomir Jancarik. S’il manque encore de régularité dans ses performances (13 victoires et 10 défaites cette saison) et doit continuer à progresser, notamment sur son coup droit, le joueur prend du galon et profite de la confiance accordée par son club formateur pour enchaîner les matches. De quoi envisager de poursuivre à Saint-Denis dans un futur proche?: « Je pense rester au club l’an prochain, je veux continuer à progresser ici. Cela dépendra des ambitions du club mais l’idéal pour moi serait de découvrir la Pro A avec Saint-Denis?! » 

C.R.