Portrait

Elyse Mbombo
/ Madame Propre

Employée à la régie de quartiers, référente pour le nettoyage des parties communes des immeubles à la Saussaie-Courtille, Elyse Mbombo fait preuve d’un engagement fort alors que la crise sanitaire du coronavirus illustre le caractère essentiel de son travail.

Née en République du Congo, Elyse Mbombo, 34 ans, a tourné la page de cette partie de son histoire, douloureuse, « longue et compliquée ». Arrivée en 2011 en France, à 25 ans, avec deux enfants en bas âge (5 et 3 ans), cette demandeuse d’asile s’est d’abord réfugiée en Bretagne. Une fois le statut de réfugiée obtenu, elle a suivi plusieurs formations, notamment dans le but de travailler au contact d’enfants, dans les écoles. Une grossesse difficile l’empêche de continuer dans cette voie. Avec désormais quatre enfants à la maison, elle remet ses projets à plus tard.

« Je n’avais pas envie de me contenter de rester à la maison avec les enfants, c’est important pour moi de travailler, de cotiser, de participer. » Elle commence à travailler comme femme de ménage dans le département du Morbihan, mais ne se voit pas rester dans la région. « La majorité du travail est en usine, dans des conditions difficiles, il fait froid, j’ai donc voulu déménager en Île-de-France pour avoir plus d’opportunités. » En 2018, elle emménage donc à Saint-Denis et commence sa recherche d’un meilleur emploi. « J’ai eu une expérience de femme de chambre, mais j’étais vraiment exploitée, je faisais plus d’heures qu’il n’était prévu. »

Sa persévérance dans ses recherches l’amène ensuite devant une meilleure porte : la régie de quartiers de Saint-Denis. En novembre 2019, Elyse commence son nouvel emploi. « J’ai été formée trois jours pour faire de la sécurisation, aider les enfants à traverser la route sans danger. Puis j’ai aidé à la récolte des encombrants, le désencombrement des caves, et à l’entretien des espaces verts », décrit-elle. On lui donne aussi à faire le ménage chez des particuliers, notamment avant que les personnes emménagent. Elle se distingue à cette tâche. « Mon travail était apprécié. » On lui confie des salles d’écoles, puis elle se consacre désormais au ménage dans les parties communes des immeubles du parc social de Plaine Commune habitat, dans le quartier Saussaie-Courtille. Elle est désormais référente nettoyage de ces deux secteurs.

« Nous faisons le ménage sur les paliers, dans les escaliers, le local poubelle, mais aussi la rotation des poubelles… Malheureusement, tous les habitants ne respectent pas les espaces communs, on trouve des encombrants dans les escaliers ou encore du pipi… C’était même encore le cas pendant le confinement ! »

Dévouée à son travail

La Dionysienne trouve du sens dans son travail. « Ma mère me disait souvent quand j’étais petite qu’il fallait que je travaille pour les autres, pas pour moi-même. Et quand on a les retours des habitants sur le travail bien fait, cela donne la force de continuer », explique-t-elle. C’est avec cette vision altruiste du travail qu’Elyse n’a pas pensé une seule seconde à s’arrêter pendant le confinement. « On touche le chômage partiel si on ne travaille pas, mais je voulais continuer, je me suis portée volontaire. La propreté c’est la base, c’est important, et encore plus en ce moment », souligne-t-elle. Les mesures d’hygiène et de sécurité ont été renforcées.

« On met un deuxième gant, un masque, on astique et désinfecte très régulièrement les points de contacts réguliers dans les immeubles (poignées, interrupteurs…). » Comme tous les jours, c’est elle qui, en tant que référente des sites Saussaie et Courtille, répartit le travail de l’équipe, composée pendant la crise de 6 à 8 personnes.

« Je participe au nettoyage bien sûr, et je dois tout contrôler à la fin, prendre des photos avant/après », précise-t-elle. Pendant cette période de crise sanitaire, « les habitants apprécient notre travail, nous félicitent et nous encouragent, cela fait plaisir, cela motive », confie-t-elle. Son dévouement n’est pas tout à fait serein. « Avec mes quatre enfants, nous vivons dans un appartement locatif d’un bailleur privé de 35 m2, pour 700€. Nous sommes à l’étroit. J’ai peur d’être contaminée à cause de mon travail, je ne peux pas les protéger car nous manquons d’espace, je n’ai pas une chambre où m’enfermer. J’aimerais obtenir un logement social plus grand, mais cela fait trois fois que la demande n’aboutit pas. » Ses deux aînés sont au collège et les plus jeunes en maternelle, le confinement a renforcé cette promiscuité qui l’effraie. Elle lance un appel pour que les familles des femmes de ménage mobilisées soient mieux protégées.

Delphine Dauvergne