Tribunes

Local poubelle transformé en bordel

Depuis quelques semaines, avec une accélération ces derniers jours, les feux de l’actualité régionale sont braqués sur Saint-Denis. Plusieurs articles dans Le Parisien, dans le Journal de Saint-Denis, des interventions de la mairie, une impressionnante descente de police, une visite du préfet et même, une visite éclair du ministre de l’Intérieur, Saint-Denis est à l’honneur.
Miracle?! Les autorités ont découvert ce que les habitants disent, crient, hurlent depuis deux ou trois ans?: les trafics à grande échelle et au grand jour dans le quartier de la gare. Tant mieux, mieux vaut tard que jamais?!
À cela il va falloir ajouter un sondage CSA qui a été réalisé par téléphone samedi (19 septembre) et qui sera certainement catastrophique pour la ville, tant les questions étaient orientées.
Des décisions ont été prises. Entre autres, la municipalité annonçait, il y a quelques jours, qu’une autorisation avait été donnée à la SNCF pour l’installation de 14 caméras place de la gare. Monsieur Hortefeux en annonce cinquante supplémentaires. 64 caméras place de la gare, là,
ce n’est pas de la petite bière, on fait dans le lourd?!
Mais le trafic est-il limité à la place de la gare?? N’y en a-t-il pas rue du Corbillon, rue Fontaine et certainement ailleurs?? Le trafic ne risque-t-il pas de se déplacer d’une rue ou deux?? Et même, en bons commerçants, les dealers n’ont-ils pas déjà anticipé?? J’ai une place de parking dans une copropriété de la rue Dezobry. Dans ce bâtiment, en bon état, bien tenu?; depuis quelque temps, les intrusions sont devenues quotidiennes. Des gens forcent la porte à grand fracas et s’installent dans l’escalier ou autres parties communes, pour « déguster » tranquillement les marchandises achetées à l’extérieur, puis somnoler. D’autres se rendent directement dans le local poubelles pour se piquer, puis abandonnent les seringues usagées par terre et repartent. D’autres encore utilisent la copropriété pour cacher leur stock. Il y a quelques semaines, certaines boîtes à lettres étaient transformées en coffres-forts.
Il y a une autre catégorie d’usagers. En effet, le local poubelles est régulièrement transformé en bordel, oui, c’est bien le mot qui convient. Les poubelles sont entassées les unes sur les autres, pour gagner de la place?; puis, au gré de la demande, un type vient forcer la porte d’entrée, ouvrant le passage à la dame et son client. Ceux-ci s’installent dans le local poubelles. Ah l’amour dans un local poubelles… Tout le monde en rêve, n’est-ce pas le summum du romantisme?? Puis, leur affaire terminée, ils abandonnent les préservatifs usagés sur le sol et partent vers de nouvelles aventures.
Je crois, hélas, que ceci doit se passer dans d’autres immeubles et je crains que la polarisation sur la gare ne jette le voile sur le reste du problème. Quand les dealers auront déserté le quartier de la Gare, faudra-t-il encore deux, trois ou quatre ans pour les localiser??

Rémi Hesse