Tribunes
Liberté égalité fraternité ?
Je tiens à faire suite au courrier de lecteur « Trafic rue Péri aussi » du JSD n°800. Il est urgent d’attirer encore plus l’attention sur ce qu’il se passe à Saint-Denis ! Les droits des citoyens sont bafoués jusque dans leurs bases mêmes!
Alors que nous promenions notre chien, nous avons été victimes d’une agression gratuite dans la rue Gabriel-Péri, à 17 h30, devant de nombreux témoins immobiles. L’agresseur, visiblement sous l’emprise de substances, était muni d’une arme type coup-de-poing américain et avait l’envie de « taper et de laisser des traces ». Mon ami a failli perdre la vue de l’œil gauche : il présente une fracture importante de l’orbite, du sinus et du nez et a été suturé en profondeur sur toute la paupière inférieure.
Évidemment, nous avons porté plainte, mais nous n’en voulons déjà plus à cet individu qui ne donne visiblement aucun sens à sa vie. Je ne lui souhaite aucun mal et j’espère même, probablement en pure perte, qu’il tirera de cette expérience une possibilité de changement. Je tiens à remercier profondément et sincèrement la seule personne qui s’est interposée dans la bagarre et qui a éloigné l’agresseur : merci ! Ce fut rapide et je n’ai pas eu le temps de lui dire. Je revois cet homme calme et enveloppant qui a éloigné l’agresseur. Je ne sais pas si cet « ange gardien » faisait partie de la « bande », mais, si c’est le cas, je veux qu’il sache que je pense qu’il n’a rien à faire avec eux et qu’il mérite de s’offrir une vie meilleure, même si c’est difficile : on a toujours le choix et si c’est dur on peut demander de l’aide.
Non, je ne tiens pas à dénoncer ces bandes et ces agresseurs potentiels permanents qui squattent la ville et les bancs du centre-ville : c’est de notoriété publique, Saint-Denis fait peur !
Ce que je tiens à dénoncer, c’est l’action, ou plutôt la « non-action » de la police et de nos concitoyens. Ce que je tiens à dénoncer c’est l’abandon dans lequel nous laisse le gouvernement et la politique locale et nationale. Saint-Denis désintéresse le gouvernement ; la politique du ghetto a depuis longtemps remplacé la politique sociale. On n’intègre plus les gens, on « désintègre » tout le monde ! Les Dionysiens sont, pour la plupart, coutumier du non-respect, du non-civisme; ils sont habitués à la violence et lassés d’appeler à l’aide sans résultats, ils consentent et se taisent.
Seul l’adjoint au maire M. Girard, alerté par mes cris, a appelé la police et les secours. Quand est-ce qu’on nous donnera les moyens de transformer la politique de la peur en politique du respect ! Je n’en veux pas aux trois agents de police qui se sont déplacés après 15-20 minutes et qui sont restés inactifs face à la bande qui nous narguait. Même si cette inaction des « forces de l’ordre » était humiliante et insupportable. J’en veux à la politique qui n’est pas garante de la sécurité et de l’égalité des droits pour tous : c’est le manque de police, le manque de moyens, le manque d’écoute du gouvernement qui est responsable ! « La police entre en gare » ! L’intervention du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux n’a fait que déplacer le problème.
Face à cet abandon notoire, devant la complicité du gouvernement à laisser se dégrader cette situation intolérable, j’invite tous les citoyens, les Dionysiens, à se tenir droit, à ne pas laisser faire, à ne pas se taire, à prendre conscience que nous sommes nombreux mais isolés. Réapprenons le civisme, entraidons-nous. Changeons nos sales habitudes, arrêtons-nous aux passages cloutés, ne nous bousculons pas, regardons-nous les uns les autres, marchons le regard haut et agissons si un individu à un soucis.
Je terminerai par une de mes croyances profondes : on n’a que ce que l’on mérite. Nous ne sommes pas des victimes. Nous sommes tous responsables, non seulement de nos actes mais aussi de nos non-actes. Restons dignes et faisons parler de nous. Nous méritons la sécurité, nous méritons l’égalité des droits, nous méritons qu’on s’intéresse à nous. Les choses doivent changer.
R.E.