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Les filles s'épanouissent en toute discrétion
Depuis plus de vingt ans, la section féminine de La Dionysienne œuvre, dans l’ombre des garçons, à la cité Franc-Moisin. Une longévité due en grande partie à son responsable, Idrissa Coulibaly. Dans les gradins du gymnase du Franc-Moisin, des dizaines de garçons et filles, dont la majorité est scolarisée au collège Federico-Garcia-Lorca situé à quelques pas de là, scrutent avec attention le terrain. Au bord de la touche, Idrissa Coulibaly, sifflet à la main, prodigue quelques conseils à Sanaa, 12 ans. Comme chaque mercredi après-midi et deux autres soirs par semaine depuis 1994, le fondateur de la section féminine de La Dionysienne initie au handball une cinquantaine de jeunes filles âgées de 11 à 15 ans. « Je crois que c’est l’année où nous avons le plus de licenciées, souffle celui qui occupe également à Saint-Denis le poste de responsable du service animation et de l’éducation par le sport. Il y a un effet de groupe assez prononcé chez certaines d’entre elles. Tant mieux pour nous! »
Si le handball a aujourd’hui une place prépondérante au sein de la cité, ce ne fut pas toujours le cas par le passé, notamment lors de la création de la section. « Un jour, nous jouions contre une équipe du département lors d’un de nos premiers matches officiels. Des jeunes sont alors arrivés dans le gymnase avec leur ballon de foot à la main et m’ont demandé si c’était un vrai match. Cette anecdote m’a marqué. » Très vite, la section fait parler d’elle jusque dans les cours d’école de la ville. « Certains instituteurs m’envoyaient leurs filles les plus virulentes pour tenter de calmer, par le sport, leurs ardeurs. »
Une section qui forme
Formateur dans l’âme, Idrissa Coulibaly a vu grandir et s’épanouir de nombreuses filles tout au long de sa carrière. C’est le cas d’Alima Diarisso. Entraîneur de l’équipe des moins de 18 ans d’Aulnay qui évolue au niveau national, elle aide quand elle le peut son mentor de toujours. « Idrissa s’est occupé de moi de 8 à 19 ans. C’est lui qui m’a tout appris. J’essaye de remettre en place avec les filles de cette nouvelle génération tout ce qu’il m’a enseigné, les valeurs de tolérance, de respect et de partage.» « J’ai plusieurs éléments qui ont fini en équipe nationale du Sénégal, détaille Idrissa, sans compter celles qui sont parties rejoindre Alima à Aulnay pour évoluer au plus haut niveau. »
Car faute de moyens humains, Idrissa ne peut engager d’équipes supplémentaires et perd chaque année une dizaine de joueuses. Une situation qui laisse perplexe certains parents. « Les filles ont la chance d’avoir un excellent entraîneur, et on le remercie d’être là, mais il est tout seul, explique Lydie, la mère de Sanaa. Nous avons peur qu’il fatigue au fil du temps à devoir tout gérer et on ne comprend pas comment c’est possible qu’avec tous les éducateurs sportifs de Saint-Denis, il n’y en ait pas un seul qui puisse l’épauler. » Embarrassé, le principal intéressé préfère botter en touche. « C’est un choix de la direction de La Dionysienne de tout miser sur les garçons. En plus de cela, ils évoluent à Maurice-Baquet tandis que nous, nous sommes ici. Mais on fait avec et on espère qu’un jour nous pourrons garder tout le monde. »
Un tournoi à Franc-Moisin
Malgré les divergences au sein du club, la section féminine continue de grandir et souhaite surfer sur la vague du championnat d’Europe féminin, qui débute ce jeudi 29 novembre en France. «Il y a eu beaucoup de communication autour de cet événement et nous avons mis en place un grand projet en partenariat avec des jeunes de Marseille, explique Alima, qui travaille en collaboration avec la fédération. Nous allons faire un tournoi au gymnase du Franc-Moisin avec de nombreux clubs le samedi 15 décembre et, le lendemain, nous emmènerons certaines filles assister à la finale du tournoi à l’AccorHotels Arena de Paris. » Une bonne publicité également pour le quartier Franc-Moisin. « J’ai grandi ici et mes parents y sont encore, sourit Idrissa. Mon rêve, c’est qu’un jour nous ayons notre propre équipe seniors et que les tribunes du gymnase soient remplies. » En attendant, l’éducateur de 54 ans a d’ores et déjà annoncé la création pour la saison prochaine d’une équipe des moins de 18 ans. Un joli cadeau pour le vingt-cinquième anniversaire de la section féminine.
Alexandre Rabia
Démission de l’entraîneur des garçonsLes handballeurs de la Dionysienne seront-ils encore en Prénationale la saison prochaine ? Avec sept défaites en huit journées de championnat, dont la dernière en date ce samedi 24 novembre contre HBC Thierrypontain (36-31), la question mérite d’être posée. Surtout après le départ surprise de l’entraîneur Ante Erceg en début de semaine passée. « Je pense qu’il y a eu un ras-le-bol de sa part, estime Alexandre Rasneur, le directeur technique du club. Dès la préparation, les gars n’étaient pas présents et on le paye aujourd’hui. » Pour le remplacer, Krimo Hamiche, qui a déjà coaché l’équipe par le passé, a repris la main sur le groupe, accompagné de Walid Oueslati. « On travaille pour chercher une autre solution mais c’est très compliqué de trouver un entraîneur en cours de saison.» Dernier de sa poule, La Dionysienne se dirige tout droit vers les playdown. « Le principal objectif est de récupérer nos blessés jusqu’à cette échéance. Mais il faut aussi que les joueurs prennent conscience que nous sommes en danger.» La prochaine journée n’aura lieu qu’en janvier. D’ici là, une remobilisation générale est attendue, notamment en Coupe de Seine-Saint-Denis ce week-end face à Tremblay. AR |
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