En ville
Le quartier de la Plaine (re)visité
14 heures. Une nuée de personnes, élus et tout public confondus, patiente dans le hall du siège de Plaine commune, à Saint-Denis. Ils sont là dans le cadre du dispositif « Balade urbaines » qui les mènera, en bus, au cœur d’un quartier chargé d’histoire et en pleine mutation, la Plaine. Mises en place par la communauté d’agglomération, ces promenades – gratuites et conviviales – ont pour but de créer des liens entre les villes concernées et leurs habitants. Et, dans un véritable esprit de démocratie locale, de donner l’occasion à ses participants de s’informer sur les projets du territoire.
L’emploi au cœur des préoccupations
« D’aucuns croient que le quartier de la Plaine est né avec la construction du Stade de France, or il avait une vie réelle bien avant, commente la guide à mesure que notre bus longe ledit stade. Ce quartier a été l’une des premières zones industrielles d’Europe où d’importantes usines métallurgiques et sidérurgiques trônaient là jusque dans les années 60 et la désindustrialisation. » S’ensuit une première halte pour visiter une entreprise signataire de la Charte Entreprise-Territoire, en l’occurrence l’Afnor (Association française de normalisation), installée dans un grand building rutilant sis avenue du Stade-de-France depuis 2001. L’emploi étant au cœur des préoccupations des élus locaux, cette Charte, lancée il y a quatre ans, s’inscrit dans une volonté de consolider l’ancrage territorial des entreprises, de les rapprocher entre elles et de susciter des rencontres pour faciliter l’embauche locale. « À la Plaine, le secteur tertiaire est très représenté, constate Sophie Marain, secrétaire générale d’Afnor. Il s’agit donc de créer des passerelles de formation pour les jeunes d’ici qui n’ont pas les diplômes requis pour briguer un poste dans ces sociétés. » Quand un monsieur dans l’assistance perturbe quelque peu ce concert de bonnes intentions en pointant du doigt le problème du réseau des transports en commun trop peu étendu à son goût dans le secteur.
15 h 10, tout le monde remonte dans le bus. Et André, retraité dionysien pure souche, exprime son contentement d’être là. « Je suis venu pour constater les évolutions d’un quartier que je connais depuis toujours et suis fier de voir qu’elles collent avec les progrès de notre société en général. Pour l’heure, je ne peux qu’apprécier le volume du travail déjà réalisé. On veut favoriser l’emploi local, continuons sur cette voie ! »
Un des premiers pôles européens en sciences humaines et sociales
« Sur votre droite s’étalent des jardins ouvriers créés pour la détente des travailleurs », explique la guide. Situées rue Francis-de-Pressensé en contrefort de la gare RER B, ces parcelles de terre ont été maintenues en état et contrastent avec l’environnement ambiant tout de bâtiments flambant neufs. À quelques encablures, nous contournons un terrain de deux hectares destiné à accueillir le centre nautique olympique d’Aubervilliers, un complexe unique en son genre dans tout le secteur. Dans son prolongement, le futur campus universitaire Condorcet va réunir une kyrielle d’universités ainsi que des laboratoires de recherche privés (Saint-Gobain, etc.). Livré en 2012, il ouvrira ses portes à 15 000 étudiants pour devenir un des premiers pôles européens d’enseignement et de recherche en sciences humaines et sociales. À proximité, le chantier de l’extension de la ligne 12 du métro va de pair. Si l’on ajoute les commerces, les espaces publics et les zones piétonnes qui s’y grefferont, ce quartier actuellement morne et déshérité ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Denise, « venue en touriste » et qui a vécu à la porte d’Aubervilliers de 1934 à 1952, se félicite des changements et se souvient : « À l’époque, on était encerclé d’usines dont celle à gaz qui menaçait d’exploser. Ce qui nous attend est réjouissant. »
La visite s’achève dans la salle du conseil communautaire de Plaine commune. Après la projection d’un film sur les aménagements du territoire de la Plaine Saint-Denis, Patrick Braouezec, président de la communauté d’agglo, clôture cette journée en revenant sur les différents projets.
Grégoire Remund
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