Cultures
Paris 8/
Le master création littéraire forme les écrivains de demain
Les candidats se bousculent pour accéder au master création littéraire de Paris 8 : en 2020 quelque 300 candidatures pour une vingtaine de places. La formation doit son succès aux écrivains primés qui en ont été diplômés, mais aussi à son caractère unique en France. « Il y avait des formations artistiques pour quasiment toutes les disciplines, sauf la littérature », souligne Lionel Ruffel, co-fondateur de ce master avec Oliva Rosenthal en 2013. « Paris 8 était l’université adéquate avec ses ressources humaines, mais aussi car elle s’inscrit dans une tradition d’inventivité disciplinaire », ajoute-t-il.
Une formation qui révèle des voix
« Cette formation n’est pas un endroit où on apprend à écrire mais où on découvre et expérimente sa voix », affirme l’écrivaine Anne Pauly, diplômée en 2016. Son roman Avant que j'oublie a été récompensé par le Prix du livre Inter 2020. « J’avais ce désir d’écrire depuis l’enfance mais je ne me l’étais jamais autorisé. J’ai fait des études de lettres puis plusieurs emplois dont celui de secrétaire de rédaction. Après un travail d’introspection, j’ai décidé de me lancer en m’inscrivant à 40 ans. » Pour intégrer ce master, il faut présenter un projet de création littéraire. « Le critère de sélection principal est la qualité littéraire. Nous formons d’une certaine manière des écrivains en devenir. Nous essayons d’équilibrer les profils et les projets des élèves pour qu’ils puissent s’enrichir les uns des autres », explique Lionel Ruffel.
« Les élèves de ma promotion sont âgés de 21 à 49 ans, il y a toute sorte de profils : psychologue, journaliste, cheminot, rappeur… », illustre Lyne Hervey-Passée, 37 ans, en M2. Après une formation de droit inachevée, des expériences dans la restauration et la gestion d’un centre de séminaires, elle a sauté le pas. « Mon projet tourne autour de Thomas Paine, qui a vécu au siècle des Lumières et aujourd’hui remis sur le devant de la scène avec le revenu universel, un récit entre réel et fiction », décrit-elle. Elitza Gueorguieva, Bulgare vivant en France depuis une quinzaine d’années, a fait partie de la première promotion du master, à 31 ans. « Je suis attachée à Paris 8, qui a beaucoup d’étudiants étrangers, mais aussi un engagement politique et un esprit de liberté. Après mon parcours professionnel dans le cinéma, j’avais envie de reprendre des études littéraires et d’être encadrée pour réaliser mon premier roman, Les cosmonautes ne font que passer. »
L’atout du master est son accompagnement. « Il y a un tutorat, chaque étudiant travaille avec un enseignant qui suit son projet. Il y a aussi des ateliers de création littéraire et des suivis de projets », décrit Lionel Ruffel. « Nous devions partager avec les autres élèves notre travail, c’est stimulant comme méthode », estime Anne Pauly. Même appréciation pour Elitza Gueorguieva : « C’est enrichissant de se confronter au regard des autres, c’est une exigence qui prépare à la suite. » Lyne Hervey-Passée admet avoir parfois du mal à tout accepter… « On me reprochait d’avoir une écriture trop en colère. J’avais besoin qu’on me pousse dans mes retranchements, mon tuteur m’a obligée à lire du Céline… » Des cours de théorie littéraire sont aussi au programme, ainsi que des rencontres avec des professionnels. Le master création littéraire peut se targuer d’avoir créé de nouvelles générations d’écrivains, qui continuent parfois de travailler ensemble, échanger leurs retours sur leur travail ou nouer de nouvelles collaborations, comme Elitza Gueorguieva qui va réaliser un film à partir du roman d’Aliona Gloukhova.
Delphine Dauvergne
Réactions
Alix (Pseudonyme non vérifié)
11 janvier 2021