En ville

Le maire veut voir le préfet

Plusieurs véhicules ont été incendiés volontairement la semaine dernière dans des parkings du centre-ville. Le maire a condamné fermement ces actes. Dans une lettre au préfet, il dresse un état des lieux et demande à être reçu afin que des « actions très concrètes » soient menées.

« C’est vraiment moche, très moche. On a eu très peur avec l’incendie, notamment parce que les pompiers ont été gênés dans leur intervention, en dépit de leur rapidité. Maintenant, dans le parking, tout est noir. Les portes ne fonctionnent plus, et certains ne respectent plus les emplacements. On se gare comme l’on peut. Comme si déjà, avec l’incendie, ça ne nous suffisait pas… » Lundi matin, cet habitant des immeubles de la rue de Strasbourg, en face de l’ancien siège de l’Humanité, avoue son amertume. « Dans le quartier, le climat s’est détérioré et ce n’est pas acceptable. On ne peut pas baisser les bras, mais comment réagir ? »
Dans la nuit du 17 au 18 juin, un incendie d’origine volontaire, selon les premiers éléments de l’enquête, a détruit quatre voitures, appartenant à des habitants de ce groupe d’immeubles dépendant de Plaine commune habitat. Dans la violence de l’incendie, des circuits électriques ont été détruits, ainsi que des canalisations. Plusieurs élus, dont le maire Didier Paillard, se sont rendus sur place dans la nuit, ainsi que des techniciens et tout a été immédiatement mis en œuvre pour rétablir eau et énergie dans la journée suivante. Aucune victime n’a été à déplorer.
Dans la nuit du 16 au 17 juin, un autre sinistre, qui n’a pas non plus fait de victime, s’est déclaré dans le parking du 15, boulevard de la Commune-de-Paris. Vers minuit, une centaine d’habitants a été évacuée par les pompiers, avant de pouvoir réintégrer les logements plus de deux heures plus tard. Deux véhicules ont été carbonisés. Là encore, des armoires électriques ont été détruites et les canalisations ont fondu. « Par chance, cela s’est produit alors qu’il n’était pas trop tard. Mais en pleine nuit, avant que quelqu’un ne découvre l’incendie et donne l’alerte, les conséquences auraient pu être plus graves… », raconte une habitante, encore sous le coup de l’émotion. Dès jeudi matin, dans un communiqué officiel, la municipalité de Saint-Denis a condamné « fermement de tels actes qui mettent en péril la sécurité des personnes ».
Dans une lettre adressée quelques jours plus tôt à Claude Baland, préfet de Seine-Saint-Denis, Didier Paillard demandait déjà que soit reçue par le représentant de l’État « une délégation que je conduirai, avec des représentants de la municipalité, des bailleurs et des personnels concernés ». Une sollicitation d’une grande actualité…
Demandant à l’État de prendre « réellement la mesure de cette situation », Didier Paillard dresse un constat sans concession. Il évoque « la multiplication des faits de délinquance aux abords immédiats d’immeubles et dans les parties communes des habitations. Les faits le plus souvent constatés sont des vols avec violence sur les personnes, et des actes de vandalisme sur les véhicules en stationnement extérieur ou souterrain. À cela s’ajoute dans certains immeubles la dissimulation d’armes à feu dans des gaines techniques, ainsi que des actes de prostitution ». Le maire, tout en dénonçant « les agressions répétées sur les personnels » et les conséquences qui en découlent « sur l’exercice de leurs missions de service public », pointe également « une série d’actes qui créent une exaspération croissante […]. Il s’agit notamment des occupations de halls d’entrée et escaliers d’immeubles, des rodéos nocturnes avec des motos ou des véhicules automobiles, des opérations de squats d’appartements dans le laps de temps qui sépare le départ d’un locataire de son successeur », etc.
Dans sa demande d’audience, tout en disant apprécier « la mise en place des unités territoriales de police à Franc-Moisin, et le travail d’enquête effectué dans le cadre du Groupement local de traitement de la délinquance dans le secteur Floréal », Didier Paillard insiste sur « des actions très concrètes que nous souhaitons vous soumettre et dont l’aboutissement dépend en grande partie d’une implication de l’État à nos côtés ».
Gérald Rossi