En ville

Le faux espoir de réintégration

Le 6 février 2008, sept socialistes décidaient de rejoindre la liste conduite par Didier Paillard. C’était un coup de tonnerre dans la campagne des municipales, annoncé alors à la Une du JSD. Les « sept de Saint-Denis », sans entrer dans des détails de procédure internes, ont dès cette période été dans la seringue de l’exclusion du PS. Depuis, d’autres militants comme Pierre Risso (dont nous faisions le portrait récemment) et Anik Girard-Globa ont appris qu’ils seraient suspendus du PS à compter de mi-juillet pour avoir rendu public leur soutien à Didier Paillard. Décision dont ils comptent faire appel au niveau national.
Ces militants, suspendus ou exclus, ont vécu leur mise à l’écart avec amertume. Ils n’admettent pas, comme l’explique Virginie Le Torrec, adjointe au maire, « avoir été exclus pour cause d’alliance avec une liste conduite par le PC alors que l’union de la gauche est, au minimum, une des lignes du Parti ». Ces socialistes sans carte maintiennent le choix qui fut le leur au moment des municipales, mais ils disent vouloir reprendre leur place au sein de ce qu’ils considèrent toujours être leur parti.
Le 25 juin, Christophe Girard (adjoint au maire) avait envie de parler de cette filiation et il était satisfait : une indiscrétion lui annonçait que la période de répudiation touchait peut-être à sa fin. D’après cette « source », un « bureau national des adhésions » avait décidé de « réintégrer les camarades de Saint-Denis s’ils en faisaient la demande ». Interrogé par le JSD pour confirmation, Bruno Le Roux, secrétaire national aux fédérations, démentait immédiatement cette version « totalement fausse, c’est-à-dire sans aucune part de vérité ». Le député admettait tout au plus que l’idée avait été évoquée par un camarade mais qu’ « aucune mesure particulière » n’avait été décidée pour les exclus dionysiens dont « la réintégration pourra se faire au mieux dans deux ans, ce qui n’est donc pas demain la veille, et si la section est d’accord ». Dans la foulée, Georges Sali, chef de fil du PS local interrogé à son tour, estimait que « leur dossier est plombé » dans la mesure où « il y a eu violation de l’éthique du PS ». Fermez le ban. Christophe Girard, Virginie Le Torrec et d’autres devront donc attendre plusieurs mois avant de pouvoir fréquenter à nouveau la section du PS pour, entre autres, y croiser le fer politique avec Georges Sali.
Parmi les exclus du PS, tous n’ont pas l’intention de faire une demande particulière de réintégration. C’est le cas de Rose Gomis. L’ex candidate PS aux législatives de juin 2007 « attend que le national décide de la réintégrer et espère qu’ils reviendront sur leur décision ». Celle qui aime à rappeler qu’elle a obtenu le meilleur résultat jamais réalisé par un socialiste dans la deuxième circonscription de la Seine-Saint-Denis, détenue par Patrick Braouezec, est toujours adhérente de Désirs d’avenir et, qu’à ce titre, elle bat campagne pour Ségolène Royale. Aujourd’hui encore, elle pense qu’en rejoignant la liste Saint-Denis pour tous, elle « n’a rien fait de mal ». Celle qui a adhéré en 1978 au PS est aujourd’hui inscrite au groupe Vert des conseillers communautaires de Plaine commune en tant que « socialiste indépendante ». La suite du feuilleton dira, un jour, si elle et les autres seront finalement réintégrés dans la maison rose…
Dominique Sanchez