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A Plaine Commune
/ L'accès à l'alphabétisation proche de l'impasse

Le 18 octobre, Journée nationale d'action pour l’apprentissage du français, les acteurs de la plateforme linguistique de Plaine Commune étaient mobilisés devant la préfecture de Bobigny en raison de la baisse de 57 % de leurs subventions. Si les associations dionysiennes ne sont pas impactées financièrement, elles devraient connaître une affluence de demandeurs.

La plateforme linguistique de Plaine Commune identifie les besoins en alphabétisation du territoire, en informe les puissances publiques et coordonne des actions intercommunales. Pour effectuer son travail de veille et d’alerte, elle s’appuie sur les bilans d’activité des structures d’accueil de ses 9 villes. Leurs missions : recevoir, diagnostiquer et orienter les apprenants vers les organismes compétents ou leur dispenser directement des cours de français.

À Saint-Denis, Villetaneuse, L’Île-Saint-Denis, Épinay-sur-Seine, Stains et La Courneuve, c’est le rôle de la PADOC (Permanence d’accueil et d’orientation des demandeurs de cours de français) – alliance de la SFM-AD et Asso philo. À Pierrefitte, la permanence est assurée par la régie associative d'insertion et de développement, et à Saint-Ouen et Aubervilliers, ce sont les municipalités qui pilotent. En 2017, les 4 antennes se partageaient 95 000 euros de l’État. En 2018, la PADOC touche seule 100 % de l’enveloppe qui ne contient plus que 40 000 euros. 
 

Chronique d’un désordre annoncé

Les deux arguments phares de la Préfecture sont l’instauration d’un guichet unique et le retour à la vocation initiale de ce budget censé financer exclusivement l’intégration des primo-arrivants. Or, « sur les 2 000 personnes prises en charge chaque année, moins de 25 % sont primo-arrivants », concède Laurianne Gabelle, chargée de mission à Plaine Commune. L’enjeu n’est plus de revenir sur le montant de cette allocation restrictive mais de trouver d’autres fonds, sans conditions, pour empêcher l’augmentation du nombre de demandeurs livrés à eux-mêmes et la dissolution du dispositif de Plaine Commune. « Notre plateforme est la seule sur la partie observatoire et consolidation des données à l’échelle intercommunale », explique Laurianne Gabelle. Or, sans structure locale, moins de visibilité globale. 

Privée de 20 000 euros, la régie pierrefittoise ne fonctionnera plus. « Les 250 demandeurs annuels devront trouver une autre alternative », déplore sa directrice Audrey Renaud. Même sort pour Aubervilliers qui perd les 8 000 euros mis au service de 300 demandeurs par an. Martial Byl, directeur de la citoyenneté et du développement local ne cache pas son inquiétude : « Les gens dans le besoin ne sauront plus où aller, ça va être la pagaille dans les associations. »

Amélie Mercusot