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Mouvement social
/ La Ville s’accorde avec FO, quatre syndicats appellent à relancer la grève

Ce 19 octobre, la municipalité a rendu public l’accord convenu avec Force Ouvrière, au sujet du temps de travail des agents communaux et de leur prime annuelle. L’intersyndicale CGT-FSU-Sud-Unsa ne l’entend pas de cette oreille et compte bien continuer la lutte.
Le 13 octobre, lors de la manifestation des personnels de la Ville. © Yann Mambert
Le 13 octobre, lors de la manifestation des personnels de la Ville. © Yann Mambert

Lundi 19 octobre, le maire Mathieu Hanotin (PS) a annoncé qu’un accord a été trouvé entre la municipalité et le syndicat Force ouvrière (FO) à propos du temps de travail des agents communaux et de leur prime annuelle. « Des négociations se sont tenues et ont abouti à la signature d’un accord », a communiqué l’élu sur les réseaux sociaux. La CFDT a participé aux négociations, conclues le 15 octobre, mais elle n’a pas validé le compromis.

« On n’a rien acté », affirme Salim Korchi, le secrétaire de section. De son côté, l’intersyndicale CGT-FSU-Sud-Unsa a dénoncé ces négociations et a appelé à poursuivre le mouvement de grève. L’accord sera présenté en Comité technique (CT) du 6 novembre, puis au conseil municipal, prévu treize jours plus tard, le 19 novembre.

Que dit cet accord ?

Le syndicat FO a obtenu, en contrepartie de la suppression des jours de congés, une augmentation de 150 euros de la prime annuelle, qui passera ainsi l’année prochaine de 1530 à 1680 euros. Versée automatiquement jusqu’ici aux agents communaux, cette prime sera bien conditionnée à l’absentéisme des personnels, comme l’exigeait le nouvel exécutif local. Mais dans l’accord, FO a négocié que la totalité de la prime soit versée jusqu’à 14 jours d’absence. Ensuite, les fonctionnaires perdront de l’argent.

« Les jours d’absence seront déduits de la prime annuelle à partir du 15e jour d’absence, à raison de 20 euros par jour, dans la limite de 30 jours d’absence. Au-delà de 30 jours, une part fixe est garantie pour les agents de catégorie C (800 euros) et B (470 euros) », a indiqué la direction générale de la Ville. En revanche, pour ceux en catégorie A, ils perdront la totalité de leur prime au-delà de 30 jours d'absence (1). Tous les arrêts maladie sont pris en compte dans ces absences. Ce qui risque de faire grincer les dents des concernés.

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La Direction générale s’est néanmoins engagée « pour accompagner les absences de longue durée » à revoir le contrat de prévoyance des agents pour y « intégrer également les primes ». Concernant le temps de travail, l’accord confirme la suppression de trois jours de congés annuels, passant ainsi de 28 à 25 jours. En contrepartie, « il a été décidé une augmentation du temps de travail hebdomadaire de 30 minutes par semaine, afin de générer 2 jours de RTT supplémentaires pour compenser une partie de la suppression des congés », a précisé la direction générale.

Ainsi, un agent pourra travailler 38 h au lieu de 37 h 30 par semaine pour avoir deux jours de congés supplémentaires. Pareil pour un fonctionnaire aux 35h qui passera à 35h30. Enfin, la municipalité et Force ouvrière ont convenu d’un report de la suppression des congés retraite au 1erjanvier 2022.

« On a limité les dégâts »

 « C’est plutôt un bon accord pour les agents et la collectivité », commente Brahim Chikhi, maire adjoint en charge du personnel municipal. Selon lui, cet accord permet de sécuriser la prime, garantie et valorisée pour les communaux de catégorie A, B et C absents moins de 15 jours. « La majorité des agents va gagner de l’argent », insiste l’élu. Il confirme qu’un chantier sur la pénibilité sera lancé en 2021. Secrétaire générale de FO, représentante de la 2e force syndicale communale, Djamila Bassi juge cet accord « honnête ».

« Vu d’où l’on partait, je suis satisfaite. À la base, on perdait tout, les jours de congés, la prime. Au final, la prime n’est pas totalement soumise au présentéisme. On a limité les dégâts. » Le représentant de la CFDT, Salim Korchi, a pris part aux négociations. Cependant, « on n’a pas validé l’accord », explique-t-il. Il a demandé, sans succès, que le plafond minimal de la prime soit fixé à 1 200 euros. « Je ne suis pas sûr que la prime change quelque chose à l’absentéisme. Le mal est plus profond », justifie-t-il.

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L’intersyndicale CGT-FSU-Sud-Unsa, en revanche, est toujours vent debout contre cette réforme. « Nous, les quatre autres syndicats majoritaires et unitaires, maintenons la lutte. Face au dédain de la municipalité et au rapport de force qu’elle nous impose, nous nous organisons et saurons rendre coup pour coup jusqu’à ce que de réelles négociations puissent être mises en place », critique Serge Ritmanic de la CGT, premier syndicat de la mairie. « On nous augmente notre temps de travail. Au moins 50 % de la prime, et même plus pour les catégories A et B, est conditionnée à la présence. On demande qu’elle soit assurée à 100% pour tous. Pour les agents malades, âgés, c’est toujours marche ou crève », critique Daniel Nail. « On ne validera pas cet accord », insiste le secrétaire général de l’Unsa, qui demande que l’intersyndicale soit reçue par le maire.

« Il serait temps que cette municipalité autoritaire qui s’engraisse sur le dos des petits agents devienne sérieuse et nous reçoive », ajoute Amel Dahmani, de Sud. « Ce sont des mesures de régression sociale avec comme objectif la casse du service public », critique la FSU, qui épingle FO comme « le syndicat du patron ». M. Hanotin s’attaque aux « acquis sociaux des agents territoriaux en imposant des mesures [du type] “travailler plus pour gagner moins !” », dénonce le syndicat. Le dialogue s’annonce houleux lors du prochain comité technique le 6 novembre.

Aziz Oguz
 

Après 17 jours de grève, le bras de fer continue

L'intersyndicale CGT-FSU-Sud-Unsa a appelé à poursuivre le mouvement social, débuté le 3 octobre, contre la réforme du temps du travail et de la prime annuelle des agents communaux. Dans un communiqué, publié mardi 20 octobre, elle a dénoncé l'accord trouvé entre la municipalité et le syndicat Force ouvrière (FO), officialisé la veille par le maire Mathieu Hanotin (PS). Ce dernier, critique l'intersyndicale, « a décidé de baisser nos salaires à travers un nouveau régime indemnitaire au mérite qui mettra en concurrence les collègues entre eux puisque aucune enveloppe supplémentaire n’est assortie à ce changement ( forcément on déshabillera Paulette pour habiller Jacqueline) et pour supprimer une partie de nos congés ».

Outre une action annoncée la semaine prochaine, les syndicats ont décidé de relancer le mouvement de grève et les « débrayages tous les midis » à partir du lundi 2 novembre, au retour des vacances scolaires d'automne. Ils organiseront également une réunion publique en direction des parents le jeudi 5 novembre, sans préciser pour l'instant de lieu. Le lendemain, l'accord sur la réforme du temps de travail et de la prime annuelle doit être présenté au comité technique de la municipalité.

AO.

( 1) Erratum. Dans la version du journal papier du JSD (n° 1262 du 21 au 27 octobre), nous avons écrit par erreur que les agents de catégorie A perdaient la totalité de leur prime dès le premier jour d'absence. Or, c'est au-delà de 30 jours d'absence qu'ils perdent l'intégralité de leur prime. En effet, ils n'ont pas de part fixe garanti, contrairement à leurs collègues de catégorie B et C. 

Réactions

Bonjour. J'ai noté une phrase qui m'a choqué. Il serait temps que cette municipalité autoritaire qui s’engraisse sur le dos des petits agents devienne sérieuse et nous reçoive », ajoute Amel Dahmani, de Sud. Un, il serait juste d'ajouter que l'ancienne majorité avait fait la même opération. Mais on avait pas entendu ce syndicat car Laurent Russier avait décidé d'aller dormir au lieu de vous affronter. Je rappelle également aux syndicats (soit disant majoritaires) qu'ils avaient des années pour dénoncer les conditions de travail d'un personnel agé mais tout le monde a oublié de parler lorsque le PCF était aux manettes. Cette situation qui provoque un absentéisme fort... c'est aussi la conséquence d'années de silence et de compromissions. Le PCF a utilisé les agents uniquement pour se maintenir aux détriments des habitants et des agents eux mêmes qui ont longtemps stagné et sont resté aux mêmes postes. Avec des carrières bloqués. Saint Denis est une anomalie de gestion voulu par le sieur Braouezec. Il a fait payer aux pauvres sa folie. Mais jamais aux riches... Avoir le stade de France et des bureaux n'a jamais apporté de la richesse aux habitants.
Nous pensions l'arrivée d' une nouvelle municipalité jeune, moderne, humaniste..mais elle se révèle immédiatement réac, sans imagination, prête à casser la baraque ! Ce ne sont pas ces vacances de la Toussaint qui vont éteindre la légitime révolte des personnels municipaux ! St-DENIS, LEVE-TOI CONTRE CES REACS !
Ne vous inquiétez pas... nous resterons bien assis ! Si c’est ça être réactionnaire alors je valide...
Je trouve les syndicats pathétiques dans cette affaire ! Fausses hypothèses, mauvaise foi (normal pour la cgt et sud. Les autres, connais pas !) et réponses biaisées. C'est vrai qu'on ne vous a pas entendu quand le pcf était aux manettes. Vous faites de cette histoire un débat politique car vous ne digérez pas la défaite.
si je comprends bien, sous prétexte que certains en ont profité, tout le monde sera punis, et donc, des gens malades vont être punis? par exemple, une femme atteinte d'un cancer du sein qui devra se faire opérer, subir chimio et radiothérapie, puis se remettre, généralement ça prend un an, au moins, et je laisse de côté tous les à côtés, elle perd ses cheveux, est crevée, vomi, maigri... et, certaines élèvent seules leurs enfants: double peine, malade et prime qui se réduit?voire plus de prime si elle est en cat A. une femme seule en cat A avec enfant c'est pas si riche. regardez le salaire du 1er échelon. j'espère que je ne comprends pas, parce que je trouve cela juste inhumain (avec ce type de mentalité est ce qu'ils ne se disent pas: "parfois les cancéreux meurent, ce qui fait faire encore plus d'économie à la société...." ???? à se demander si ces élus de la majorité ont un peu, ou tout petit peu d'empathie, s'ils ont déjà été endettés, s'ils ont déjà été au chômage, s'ils ont déjà été malade?s'ils ont déjà souffert?
Je précise encore mon propos par la confirmation de la CFDT... Je cite: "Cependant, « on n’a pas validé l’accord », explique-t-il. Il a demandé, sans succès, que le plafond minimal de la prime soit fixé à 1 200 euros. « Je ne suis pas sûr que la prime change quelque chose à l’absentéisme. Le mal est plus profond », justifie-t-il." Donc, on est d'accord, que le mal ne date pas de juin 2020. Qu'il est profond donc ancien. Il serait temps de demander des comptes à ceux (Laurent Russier et Didier Paillard) que les syndicats ont soutenu... Quand la majorité du personnel n'habite pas la ville qu'elle est censé dirigé, c'est un problème (déjà que le PCF local accepte que des élus n'habitent pas la ville...) Le PCF local, les syndicats, les cadres de la ville, les ex élus,doivent se poser des questions sur la gestion du personne dans les années passés. Il ne faut surtout pas attendre des ex élus un quelconque soutiens (Laurent Russier comme Bally Bagayoko) ils ne sont la que pour vous utilisez faire pression. S'ils avaient été élu. Ils auraient fait cette réforme. La ils jouent les révolutionnaires à deux balles... mais leur objectif est bien d'exister pendant 6 ans. A part faire du bruit, ils ne peuvent pas faire grand chose. Et ils le savent très bien.