À la une En ville
Ils ont fait le JSD/
La parole aux anciens du journal
Yann Mambert
photojournaliste depuis 1997 au JSD
En arrivant de ma Martinique à cette chambre du Crous de 9m2 place du 8-Mai-1945, je me sentais bien « isolé ». J’ai fait la connaissance de ce Journal qui se retrouvait directement dans ma boîte aux lettres – qu’on le veuille ou pas, pour paraphraser 2 Spee Gonzales !
Et il m’a immédiatement plu… Surtout cette Une (pour rappel, une photo verticale plein pot – Waouuuuuh, il doit prendre son pied ce photographe (Gérard Monico à l’époque), me suis-je dis !
Après un stage de plus de deux mois au service photo du Journal en 1995, puis un départ obligatoire pour le service militaire, certes en tant que photographe à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, j’ai intégré l’équipe du JSD en 1997 – Au meilleur moment me direz-vous, juste avant la Coupe du monde de 98 – et 1, et 2, et 3 zéro !
Toutes ces années, avec ses hauts et ses bas, m’ont permis de couvrir tant d’événements et de côtoyer tant de richesse humaine que je ne peux les énumérer ici en quelques lignes. Je vais simplement vous dire : merci. Merci à vous Dionysiens et Dionysiennes, venus de toutes les contrées du globe, de m’avoir permis de vous photographier, taquiner. Merci de m’avoir invité dans vos logements et de vous être « livrés » face à mon objectif…
Merci de m’avoir accompagné tout au long de cette aventure au sein de cet hebdo si atypique.
Chers Dionysiens, chères Dionysiennes, à mon tour, avant de vous quitter, de vous offrir mon autoportrait ainsi que deux clichés qui symbolisent à mon sens la fin de cet Ovni qu’est le JSD…
Patricia Da Silva Castro
SR, maquettiste, rédactrice en chef adjointe, depuis 2002 au JSD
Cet écueil, il menaçait depuis un moment. Le bateau JSD allait devoir négocier un virage. La manœuvre était délicate, mais possible. Ça passait. Les vieux marins soufflaient. Les moussaillons s’agitaient. Ignorant le danger, ils faisaient tanguer l’embarcation. Elle a pris l’eau, fragilisant l’équipage. Le capitaine a quitté le navire. Un départ face à une mutinerie. Trop tard pour écoper. Plus moyen de redresser la barre. Le vaisseau sans tête s’est fracassé. L’insubmersible n’était qu’un frêle esquif, à la merci des courants, politiques et idéologiques.
Dix-huit années durant, presque chaque semaine, j’ai mené le JSD à bon port, de la conception de son sommaire à l’imprimerie. Un voyage au long cours, ponctué d’escales rafraîchissantes. Commerces, portraits… Autant d’îlots que j’ai eu plaisir à accoster. Mais le voyage se termine. Bêtement. Bientôt l’amertume s’estompera pour ne laisser que le souvenir d’une belle aventure, humaine et professionnelle.
Gérard Monico
reporter photographe au JSD de 1986 à 2013
Ce n’est pas sans un gros pincement au cœur que je vois partir le JSD. Tant de souvenirs me lient à cet hebdomadaire qui a rythmé ma vie pendant plus de 20 ans en terminant tard le soir avec peu de week-ends complets. Une aventure partagée avec mes collègues, mais surtout avec des rencontres, des événements inoubliables. L’avantage d’être photographe, c’est que j’ai vécu toutes ces émotions au cœur même de l’actualité. J’ai eu le grand privilège de pouvoir rentrer partout avec mon appareil photo et de découvrir, apprécier une multitude de personnes, de lieux et ce fut un enrichissement d’exception. J’ai vu la vie en 24x36, en argentique, en couleur et en numérique. Que du bonheur toutes ces rencontres de personnes anonymes et célèbres, sans oublier le plaisir de vivre au plus près les grands événements culturels, politiques, sportifs, urbains, nationaux et internationaux. Je ne me suis jamais lassé et je remercie les créateurs, les élus et animateurs de ce journal unique en France. Je suis fier d’y avoir contribué et d’avoir été le témoin privilégié de cette belle aventure. Adieu le JSD. Tu seras toujours dans mon cœur et dans ma mémoire, car je suis malgré moi un témoin historien.
Benoît Lagarrigue
journaliste culture au JSD de 1998 à 2017, puis pigiste théâtre
Travailler au JSD fut pour moi une chance et un bonheur. Pour plusieurs raisons. Ce journal était quelque chose de rare, voire d’unique, tournant le dos aux habituels journaux de ville, simples outils de communication, pour être un véritable service public de l’information, un lien entre les Dionysiennes et les Dionysiens.
Dans ces temps ô combien troublés, je veux ici parler des artistes et des gens de culture à Saint-Denis que j’ai côtoyés et accompagnés durant plus de vingt ans. Ils prouvent au quotidien que l’art et la culture ne sont pas, comme on dit, le sel de la terre mais bien les éléments constitutifs d’une société, d’une collectivité, ce qu’on a trop souvent tendance à oublier. À l’heure où l’on veut trop souvent réduire la pensée à cent quarante signes, à l’heure où le monde politique est incapable de proposer une alternative à l’organisation actuelle de la société, je suis intimement et plus que jamais persuadé que les artistes, ces poètes de la vie, qu’ils soient plasticiens, musiciens, écrivains, gens de théâtre, de cinéma, de danse ou de cirque, sont les seuls aujourd’hui à nous faire entrevoir la possibilité d’un autre monde, les seuls à pouvoir nous nourrir d’espoirs et d’utopies. C’est bien pourquoi il nous faut plus que jamais aimer les artistes, les accompagner, les écouter et mieux encore, les entendre.
Marylène Lenfant
collaboratrice du JSD de 1987 à 2020
Le JSD, c'est depuis plus de trente ans l'une des singularités de cette ville abonnée aux superlatifs. La plus « dégueu », la plus « dangereuse », la « ville-monde »… Le JSD donnait visage et sens à des réalités contrastées qui sans lui n'auraient nourri que fantasmes. Et pour beaucoup de ses habitants, « le journal » comme l'appelaient les plus anciens d'entre eux était un lien avec le quartier, comme avec la ville dans son entier. Pour les nouveaux venus, nombreux dans cette ville où l'on ne réside souvent que quelques années, le JSD donnait accès à l'ensemble des ressources qui permettent de tisser des attaches. Associatifs, artistes, y ont trouvé une visibilité, un accès à l'attention de tout un chacun, au-delà du réseau de l'entre soi. Pour bien des personnes spoliées dans leurs droits, des mal-logés par exemple, le JSD a souvent été perçu comme le dernier recours, la dernière chance d'être entendu par les institutions. Le JSD était aussi ce lieu ressources où faute de tout autre interlocuteur, dans les administrations notamment, on venait chercher adresses, contacts, et toute autre information relative à ce territoire. À sa mesure, toute modeste, le JSD travaillait jour après jour à préserver les liens d'une proximité. Fût-elle à l'échelle de cette ville, morcelée dans sa géographie autant que par sa population mosaïque.
Dominique Sanchez
ancien rédacteur en chef du JSD
Le JSD a toujours nourri des velléités de mise à mort depuis 1992, année où il est devenu hebdomadaire. Bien sûr, les oppositions municipales ont ferraillé dans ce sens, mais dans les majorités, les cabinets du maire et autres services communication successifs, les tentatives d’homicide ont aussi existé.
Au moment où le jeune et nouveau maire vient de décider d’en finir avec le JSD, qu’il me soit permis de revenir en quelques lignes sur les racines de sa singularité.
Le passage à un rythme de parution hebdomadaire, spectaculaire et visible, était accompagné d’une autre volonté essentielle et fondatrice: alors que l’État, peu après mai 1968, avait mis fin à l’ORTF, les villes continuaient de distiller à leurs administrés une info cadenassée par les majorités au pouvoir. Saint-Denis devait être la première commune à modifier cet état de fait qui, soit dit en passant, est toujours de mise partout en France.
Le JSD est cette tentative d’appréhender les réalités d’une ville, par le prisme local et non par le filtre municipal, avec une rédaction de journalistes professionnels aux manettes en lieu et place d’un service communication.
Être un journal local, pas un bulletin municipal, telle était l’ambition initiale. Avec des hauts et des bas, avec des erreurs et des réussites, le JSD s’est efforcé d’être ce stimulant démocratique et citoyen incomparable, cette source d’informations variée et plurielle. J’ai aimé le réaliser, puis, comme des milliers de lecteurs, j’ai aimé le lire. C’est donc peu dire que sa disparition programmée m’afflige tant il constitue un recul pour la démocratie locale.
Marc Bertrnand
journaliste du JSD de 2000 à 2006
Le journaliste avait repris une collaboration régulière avec le JSD depuis trois ans avec ses dessins de presse.
Juliette Seydi
journaliste du JSD de 1986 à 2008
Quand j’ai appris la nouvelle, ce fut comme si j’avais perdu un être cher. J’ai fait partie de l’équipe créatrice du JSD en 1986 et ai participé à la conception de sa formule hebdomadaire en 1992.
22 ans de ma vie sont partis en fumée. J’ai adoré le métier de journaliste localière qui m’a permis de rencontrer tant de Dionysiens talentueux, d’accompagner les jeunes dans la découverte du monde.
Lectrice assidue depuis mon départ de la rédaction en 2008, j’ai toujours apprécié le traitement non partisan de l’actualité locale. C’est une bien triste fin. Un grand vide médiatique est à craindre pour les associations, les sportifs, les cultureux et tout simplement les Dionysiens qui ne seront plus valorisés.
Véronique Le Coustumer
maquettiste au JSD depuis 1994
Pour évoquer la disparition du JSD, je pourrais aligner des mots : soudaine, violente, crise, gâchis… Bref, il y en aurait encore d’autres pour qualifier l’interruption de cette aventure née en 1986, d’abord mensuelle puis hebdomadaire depuis 1992. Une idée portée par Marcellin Berthelot, maire de Saint-Denis de 1971 à 1991, qui avait souhaité raconter la ville et ses habitants par une équipe de journalistes professionnels sur un support papier distribué dans toutes les boîtes à lettres à une époque qui ne connaissait pas encore les réseaux sociaux. Et le JSD format papier a su, ensuite, s’adapter à cette nouvelle donne.
J’ai participé à cette aventure pendant plus de vingt-cinq, une génération. Et de cette participation, il me reste de nombreux souvenirs : heureux, malheureux, festifs, fervents… Parmi ceux-là, la Coupe du monde de foot en 1998, les championnats du monde d’athlétisme en 2003, les nombreuses soirées électorale ou encore les attentats terroristes de 2015…
Mais au moment où le dernier numéro va rouler sur les machines, moment où depuis peu Marylène Lenfant m’a cédé la place de doyenne, je me sens comme un coureur de relais qui reste avec le témoin dans les mains, sans avoir pu le transmettre.
Linda Maziz
ancienne journaliste du JSD
La dernière fois que j’ai écrit à la rédaction du JSD, ça date, c’était pour y postuler. Je n’étais pas familière de la ville. Même tout le contraire, je venais d’emménager à Saint-Denis. J’étais une nouvelle voisine heureuse de me sentir Dionysienne en devenir. Dès sa première visite dans ma boîte aux lettres, le JSD m’a permis de découvrir Saint-Denis dans son intimité, dans sa réalité. Toutes ces petites et grandes choses qui font le tourbillon de la vie, ici comme nulle part ailleurs. Le JSD faisait intrinsèquement partie de cette dynamique et pour moi il en est même devenu la matrice. Monomaniaque du journalisme de terrain, de contacts, de proximité, j’ai envoyé une candidature spontanée, dosée en motivation comme jamais. Une vraie lettre d’amour. Mon JSD, je t’aime, veux-tu m’embaucher ? Ouf, il a dit oui. Toi et moi, toi et nous, on a vécu des trucs de fous, que je n’oublierai jamais. À base de solidarités, de luttes, de drames, d’injustices, de rires, d’espoirs... C’était tellement intense et passionnel que lorsque je t’ai quitté, ça ne pouvait être que pour changer de métier. Ce faisant j’ai aussi retrouvé le plaisir de te lire chaque semaine. Quelle chance c’était et comme c’est dur de réaliser que c’est terminé. Je suis très triste et dégoûtée pour les collègues qui n’ont pas démérité. Force et courage l’équipe. Et merci pour tout. J’espère que ça vous console tous ces témoignages qui débordent de cet ultime journal. Vous allez manquer. Tellement manquer.
Grégoire Badufle-Douchez
président de l’association « Communiquer à Saint-Denis » depuis octobre 2020
Mon JSD, depuis mon emménagement à Saint-Denis, le JSD rythmait mon mercredi avec l’impatience de lire les nouvelles locales de la semaine et pour les enfants les repas des cantines. Ce journal m’a permis de mieux connaître cette ville si riche de sa diversité. C’est avec le JSD que je fis connaître un organe de presse à mes élèves il y a quelques années et cela me permit de rencontrer les journalistes et de comprendre le fonctionnement du journal. Ce fut donc un plaisir d’en prendre la direction le 14 octobre dernier. Je ne me doutais pas de ce qu’il allait arriver. J’ai rencontré des gens passionnés par ce qu’ils faisaient. On a eu à peine le temps de se connaître que maintenant c’est la fin. C’est triste de ne plus avoir le journal dans la boîte aux lettres le mercredi. Je tiens à remercier tous les personnels qui ont contribué à l’écriture de ce journal.
Gilles Hénique
président de l’association « Communiquer à Saint-Denis » de 2005 à 2020
Ce n’est pas sans émotion que j’ai appris la fin du JSD ce jeudi 17 décembre, cet hebdomadaire et ses équipes dont j’ai partagé pendant une quinzaine d’années au plus près l’existence. Ces 15 années comme directeur de publication et président de l’association Communiquer à Saint-Denis ont été des moments forts dans ma vie, présider aux destinées d’un hebdomadaire unique en France est un engagement permanent.
Je garde présent en mémoire les premiers échanges sur le sujet avec le Maire de l’époque Marcelin Berthelot entre 1988 et 1989 après la disparition de Saint-Denis Républicain et sa volonté de faire un journal d’information pour et par les Dionysiens hors des clivages politiques. Je me souviens avant que le législateur ne l’interdise d’un conseil d’administration de Communiquer à Saint-Denis où siégeaient des élus du conseil dans toute la diversité de ce dernier. Une association qui a souhaité développer un site Internet ouvert aux débats, aux échanges, qui a su renouveler et actualiser régulièrement sa présentation.
Un journal fait par des Dionysiens, et ce fut les cas, la quasi-totalité de l’équipe permanente et l’essentiel des rédacteurs pigistes résident à Saint-Denis. Une équipe proche de la population à son écoute, à l’écoute des battements du cœur de cette ville complexe et attachante. Avant ce 17 décembre, en septembre j’avais été informé de l’engagement avec les nouveaux élus de discussions pour la signature d’une nouvelle convention devant pérenniser l’avenir du JSD. Un nouveau cadre financier m’avait été communiqué. C’est dans ce contexte que l’équipe du journal avait élaboré de nouveaux projets alternatifs et compatibles avec la nouvelle épure financière.
Comme je l’avais annoncé depuis plusieurs mois, j’ai abandonné mes responsabilités à l’AG qui s’est tenue le 12 octobre 2020 confiant en l’avenir. Le nouveau Président Grégoire Baduffle, un conseil renouvelé et diversifié composé de Dionysiennes et Dionysiens attachés au JSD m’avait semblé pouvoir garantir l’avenir de ce journal. Le 17 décembre il en fut décidé autrement, au détriment des salariés de l’association de la démocratie et de l’information des Dionysiennes et Dionysiens.
Pierre Olivieri
ancien rédacteur en chef du JSD
À l’automne 1986, Marcelin Berthelot, maire de la Ville de 1971 à 1991, a tenu à fêter de manière retentissante la rénovation du centre-ville, menée en compagnie de dix des plus grands architectes français. Pour ce faire il a décidé, avec la Municipalité, de muscler la communication de la Ville, notamment par la création d’un périodique plus professionnel que le bulletin publié jusque-là.
À cette occasion, je fus consulté sur ce changement, en ma qualité de concepteur de presse ayant travaillé pour l’agence Éditorial, dirigée par Claude Maggiori. Celle-ci avait créé la nouvelle formule de Libération, La Croix et tant d’autres médias. Adopté comme conseiller en communication de Marcelin, et après avoir échangé avec lui, je formulai un plan global pour ce nouveau média.
Je le proposai au maire et à ses plus proches collaborateurs – Jocelyne Gorge, directrice de cabinet, et Jacques Marsaud, secrétaire général – l’objectif principal tendant à une démocratisation de la communication municipale en reflétant les opinions, les situations et les sentiments des Dionysiens, quels qu’ils soient. Un média qui parle vrai. Ainsi que j’affirmai au maire qu’en lisant les infos et les reportages du «canard», il en apprendrait sur une ville qu’il connaissait pourtant comme sa poche. Le maire se réjouit que la population devienne la vraie cible du Journal en lui donnant la parole. D’où la très grande popularité du périodique dès son premier numéro, amenant Marcelin à le qualifier de «télé de la ville».
Avec le Journal vinrent : le professionnalisme de l’équipe de journalistes et l’octroi à ceux-ci de la carte professionnelle nationale ; la création d’une régie publicitaire intégrée, dont les recettes, vite importantes, contribuèrent à alléger la charge de la Ville et la mise sur pied d’une association, Communiquer à Saint-Denis, pour légaliser ce tournant démocratique. Que le nouveau maire, M. Hanotin, vient de briser.
C’est ainsi qu’est né, en 1986, le Journal de Saint-Denis, comme l’a confirmé Jacques Marsaud sur Facebook. Et non en 1992, comme l’affirme une rumeur qui tend, qu’on le veuille ou non, à retirer à l’ancien maire de Saint-Denis le mérite de cet acte démocratique. D’autant que Marcelin Berthelot, qui fit tant pour cette ville, ne s’est pas encore vu honoré par l’attribution de son nom à une voie ou à un monument.
Maxime Longuet
journaliste, chef de rubrique cultures du JSD
Enfant, le Journal de Saint-Denis c’était ma fenêtre sur la ville, une lucarne derrière laquelle bouillonnait la vie de la cité. Un tableau que je partageais avec tous les Dionysiens. Et adulte, ça l’est resté.
Merci à mes collègues et à ceux qui m’ont mis le pied à l’étrier. Merci à ce titre. À ses lecteurs et aux habitants que j’ai voulu défendre avec respect et humanité, qui nous ont montré leur attachement fidèle durant toutes ces saisons. Aujourd’hui, le vent se lève et souffle un nouveau chapitre. Je me laisse désormais guider par ces vers chantés par Claude Nougaro : « Il faut tourner la page, aborder le rivage, où rien ne fait semblant, saluer le mystère, sourire ».
Christopher Dyvrande
journaliste de 2018 à 2020 au JSD
C’est au milieu des années 1990 que mon intérêt pour le Journal de Saint-Denis, titre alors pas encore réduit à ses simples initiales dans le langage commun, commence à éveiller ma curiosité de jeune Dionysien. À peine sorti de l’entraînement, vêtu du survêtement du Sdus foot, ma mère me transmettait la page sports afin que je puisse voir l’ensemble des résultats des clubs dionysiens dont le mien. La fierté apparaît avec la lecture d’une seule ligne d’un score de match.
Depuis, le JSD est un rituel. Le Carnavalcade me permet d’en faire partie pour la première fois en image. Puis, ma licence à Paris 8 m’en fait devenir un contributeur d’une semaine avec un article sur l’École municipale des sports que j’ai pu fréquenter par le passé avant qu’en septembre 2018, j’en devienne un membre à part entière.
De lecteur à rédacteur, le JSD m’a tant apporté et tant donné ! Je suis redevable de ce journal qui a rythmé nos semaines dionysiennes. C’est un patrimoine de notre ville. Les anciens, les jeunes, les nouveaux habitants, tout le monde a eu sa place même ses plus fervents détracteurs. Beaucoup ont pu y passer et ont pu s’exprimer. Sa fin ne passera certainement pas inaperçu comme certains pourraient le faire croire. C’est avec le cœur lourd qu’il faut lui dire adieu. Que l’avenir pour toutes celles et ceux y ayant contribué de près ou de loin, de surcroît en grande partie issus de Saint-Denis, soit assuré et radieux.
Olivia Kouassi
journaliste, apprentie au JSD de 2018 à 2020
Ces deux années au sein du JSD m’ont permis de réaliser un objectif de vie : devenir une journaliste à part entière auprès d’une équipe bienveillante. Le journal m’a aussi fait découvrir une ville et des habitants solidaires et aux multiples initiatives.
Amina Lombry
ex-administratrice du JSD
J’ai assisté à la naissance du journal et j’en ai été administratrice pendant huit ans, entre 1992 et 2000. Malgré les années, je me souviens encore de la fierté qui nous habitait lorsque nous sommes allés chercher le prix « Coq d’or ». Cette récompense décernée par le Festival médias-locaux sacrait le JSD « Meilleur Journal de Ville » ! Reconnaissance d’autant plus marquante que c’était un hebdomadaire... Un hebdo riche d’infos sur les quartiers, la culture, le sport, les portraits et tant d’autres. On le lisait avec attention car on était sûr de découvrir et de s’informer sur la vie dionysienne. Des journalistes passionnés avec un esprit d’équipe exceptionnel. Nous étions tous unis dans cette aventure : permanents, pigistes, photographes, et l’ambiance était formidable.
Gilles Martinati
ancien journaliste pigiste « sports » au JSD
J’ai travaillé quelque temps au JSD. J’étais au service des sports. Deux choses m’ont marqué durant ces années. La première est que les Dionysiens sont très sportifs. Ils étaient attentifs à tous les résultats et n’hésitaient pas à appeler au bureau en cas d’erreurs. Un match de basket gagné 96 à 94, ce n’est pas pareil que 98 à 96... Le sport c’est précis et la notion de goal-average très répandue. La deuxième est que la ville est un incroyable vivier de talents. Elle bâtit sa légende sur des légendes qui seront elles-mêmes remplacées par d’autres légendes entretenant une histoire sans fin et... légendaire. En boxe, il y a eu les frères Tiozzo qui ont suscité des vocations et d’autres champions comme Kamel Amrane, vice champion d’Europe des mi-lourds. C’est aussi le cas dans les sports collectifs comme le football américain ou le basket-ball. Samy Ameziane aurait été un grand basketteur s’il n’était pas devenu l’éminent comte de Bouderbala.
Corentin Rocher
journaliste pigiste au JSD
Le Journal de Saint-Denis, c’était un petit rituel du mercredi matin quand j’étais gamin. C’est le premier journal que j’ai lu et le premier dans lequel j’ai écrit.
Adrien Verrecchia
journaliste pigiste au JSD
J’aimerais te tester sur un sujet. Serais-tu disponible dimanche 29 avril ?". C'est par cet email que ma collaboration en tant que journaliste pigiste avec le JSD a démarré, il y a près de trois ans. Si certains salariés ont une ancienneté dix fois supérieure et une légitimité bien autre à en parler, cette durée fut suffisante pour s'y attacher. Le reportage "test" était plutôt sympathique : le premier gala au palais des sports pour l'inclusion des personnes autistes dans les clubs. Certains parents avaient parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour accompagner leur enfant atteint de troubles autistiques. L'exemple aussi beau que triste démontrait autant leur exclusion au quotidien de la pratique sportive partout en France que l'unicité du tissu associatif dionysien. J'ai eu la chance de le mesurer, principalement en étant rattaché à la rubrique sport, tout au long de ces trois années. De fait, je n'ai vraiment pas eu à me plaindre : les sujets couverts avaient souvent une teneur positive dans une ville ô combien difficile. Pour le JSD, j'ai ainsi pu être le témoin privilégié de tant d'autres événements et pratiques diverses : le Noël des enfants de Saint-Denis, la renaissance du Sdus taekwondo, le centenaire de l'ESD natation, l'éclosion du rugbyman Demba Bamba, la remontée du Sdus rugby en Fédérale 2 après une rétrogradation administrative, et même un tournoi de toupies. La liste est loin d'être exhaustive. Parfois c'était moins drôle. Tel le jour où l'on m'a dépêché au gymnase de l'Avant-Garde ravagé par un incendie. J'y ai pénétré en même tant que son président, Jean Mornet, qui découvrait l'ampleur du sinistre. Le nonagénaire voyait sous ses yeux l'œuvre d'une vie, le club omnisport avec ses multiples sections, en péril. Malgré le choc, il était bluffant de résilience. Le gymnase sera d'ailleurs remis à neuf en six mois, comme Jean Mornet se l'était promis. Il convient aussi de dire la liberté qui nous a été accordée. Pour un journal soi-disant à la solde de la municipalité communiste, j'ai pu l'égratigner dans ces colonnes concernant les 10 ans de l'assassinat du journaliste Christian Poveda. Aucune commémoration n'a été organisée pour le réalisateur d'un célèbre documentaire sur les gangs salvadoriens. Pire, la fresque en sa mémoire à la maison de la jeunesse a été effacée et il était impossible de ne pas le souligner. Quoi qu'en disent ses détracteurs se basant sur son passé - certes pas exempt de tout reproche -, c'était ça le JSD que j'ai connu.
Aziz Oguz
journaliste, chef de rubrique En ville du JSD
Début des années 2000, alors collégien, j’attendais chaque jeudi le JSD dans ma boîte aux lettres. Un rituel. J’ouvrais le journal pour directement lire les résultats du week-end. Le Sdus football avait-il gagné ? Parfois, il y avait un article. Parfois, juste une ligne de résultat. Et parfois, à ma grande déception, rien du tout. J’ai grandi. J’ai fait une école de journalisme. J’ai travaillé à droite, à gauche, avant de piger un jour au JSD. Puis je m’y suis fait ma place. Je connaissais ma ville de cœur, mais je l’ai alors redécouverte. J’ai rencontré de magnifiques gens, des personnalités comme de parfaits inconnus. J’ai toujours voulu donner la parole aux habitants des quartiers populaires sans les caricaturer. Et j’espère l’avoir réussi. J’ai rencontré des collègues incroyables. Ils m’ont beaucoup appris. On a beaucoup rigolé. Et on s’est parfois fâché. Mais je me souviendrai surtout des bons moments. Merci à eux. Et merci à tous les Dionysiens.
Marine Delatouche
journaliste pigiste au JSD
Le JSD, c’est le premier journal avec lequel j’ai commencé à collaborer régulièrement en tant que journaliste pigiste. Arrivée à Saint-Denis un peu par hasard il y a un et demi, je pensais n’y être que de passage. J’ai naturellement décidé d’y rester pour raconter dans le JSD cette ville et ses habitants que je ne cesse de découvrir. Recueillir la parole de Dionysiens de longue date tout comme celle de nouveaux arrivants comme moi, essayer de comprendre ce territoire dans toute sa richesse, sa diversité, sa subtilité… Cela aura été particulièrement stimulant en tant que journaliste mais surtout en tant qu’habitante d’une ville où chacun peut trouver sa place. Avec le JSD, j’aurais aimé continuer cette « introspection » de Saint-Denis, tenter de transmettre au mieux les paroles qui méritent d’être écoutées et entendues et créer simplement du lien.
Yslande Bossé
journaliste depuis 2018 au JSD
En 2018, lorsque je commence à écrire pour le Journal de Saint-Denis en tant que pigiste, j’entends très souvent lors de mes reportages ou coups de fil à des habitants pour le besoin d’un article, cette phrase à la fois énigmatique et essentielle : « Tout le monde se connaît à Saint-Denis, c’est un village ». Saint-Denis me paraît tellement grand à moi, presque démesurée lorsque j’y foule les pieds pour la première fois encore fillette, pour me rendre au marché. Aujourd’hui, il m’arrive même de me perdre dans cette commune où je vis par ailleurs, et où l’on croise des visages connus, (re)connus (même sans savoir précisément de qui il s’agit). Grâce à un média local comme le Journal de Saint-Denis, les gens peuvent se voir, se regarder, se parler, se connaître, s’entendre. C’est dans le JSD, que des habitants du centre-ville ou de quartiers plus excentrés lisent les portraits d’amis, de voisins, de commerçants. C’est dans le JSD qu’on va aux nouvelles, selon nos humeurs, intérêts et désirs. C’est encore dans le JSD qu’on peut lancer des appels, contester, critiquer. Merci à toutes celles et ceux qui m’ont ouvert les portes de leurs maisons, de leurs ateliers, de leurs restaurants etc. Merci aux Dionysiennes et Dionysiens qui m’ont confié leurs histoires et m’ont permis de les raconter.
Corinne Binesti
journaliste multimédia
Mon rapport avec le JSD ? Le souvenir d’une rédaction sympathique mais pas sans professionnalisme ! J’étais pigiste pour le JSD en 2000. à cette époque il y avait encore des journaux qui prenaient en compte les collaborateurs réguliers et qui non seulement leur permettaient de travailler, d’obtenir des CDD mais surtout qui les intégraient aux conférences de rédactions... Cela permettait une réelle proximité, un échange et la possibilité aussi pour les pigistes réguliers de proposer des sujets en direct. Ce fut le cas du JSD. J’en garde un super souvenir et puis j’y ai vécu les quatre premiers mois de ma grossesse !