En ville
La Marche des sans-papiers fait étape à Saint-Denis
Fatigués, mais déterminés. Les marcheurs sans-papiers et sans emploi sont arrivés, vendredi 16 octobre, sur le parvis de la basilique de Saint-Denis, après quatorze jours de marche depuis Lille. Et c’est avec émotion que Lyes prend la parole devant la centaine de personnes, parmi lesquelles se trouvent de nombreuses associations et organisations politiques et des bénévoles de Médecins du Monde, venue les accueillir.
Après avoir remercié les habitants de la ville, il détaille les revendications du collectif : « Nous marchons pour la régularisation de tous les sans-papiers, pour l’emploi, et la fermeture des centres de rétention administrative. Non à la précarité, au travail au noir, au mal logement. On réclame justice et liberté », égrène cet étudiant algérien de 26 ans, arrivé en France il y a trois ans et porte-parole du Comité des sans-papiers 59.
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L’ambiance est bon enfant malgré l’objet du rassemblement : certains esquissent même quelques pas de danse au son de la musique jouée entre deux prises de paroles de responsables associatifs. Présents lors du rassemblement, les adjoints au maire Oriane Filhol, Daniel Dalin, et le conseiller municipal délégué Blaise Ndjinkeu, évoquent les restrictions sanitaires et un cafouillage avec la préfecture autour de la tenue ou non de la marche, qui n’ont pas permis à la municipalité d’ouvrir un gymnase pour que les marcheurs y passent la nuit. Mais « la mairie a mis à disposition, comme cela avait été demandé, des barnums et du gel hydroalcoolique ».
Saint-Denis marque pour les marcheurs venus du Nord, la dernière étape avant de converger, avec les autres marches de sans-papiers parties des quatre coins de la France, vers Paris où une manifestation se tiendra le lendemain, 17 octobre. Et la date choisie n’a rien d’anodin. Le même jour, en 1961, des dizaines d’Algériens ont été durement réprimés et jetés à la Seine lors d’une manifestation pacifique pour dénoncer le couvre-feu qui visait les seuls Nord-africains, en pleine guerre d’Algérie. Pour Lyes, c’est presque un hommage : « Nos ancêtres ont marché pour la liberté, nous, on marchera pour la dignité. »
SBo