À la une Cultures
Espace Marguerite Charlie/
La culture au participatif présent
Pour satisfaire votre curiosité et évacuer tout malentendu, précisons d’emblée que le nom porté par cet espace – et l’association éponyme qui le gère – n’est en rien un hommage à Marguerite Duras ou au musicien de jazz Charlie Parker.
« Il s’agit de mon nom de scène, révèle Anaïs Van Overbeck (28 ans), fondatrice et cogérante du lieu. Marguerite est mon deuxième prénom et aussi celui de mon arrière-grand-mère. Quant à Charlie, c’était le nom de mon premier animal de compagnie, un chat. » C’est à deux pas du canal, non loin de la maison qu’habita Auguste Delaune, dans la cave d’une ancienne maison de maître que l’association a jeté son dévolu et toute son énergie. Là, à l’abri des regards, derrière un portail, se retrouvent autour de la cour et d’un petit jardin, des ateliers – des anciens box à chevaux réhabilités – occupés par des graphistes et des maisons de production.
« La plupart des artistes habitent dans ce lieu. Nous essayons de créer un espace culturel et résidentiel, affirme la jeune metteure en scène venue des arts plastiques et titulaire d’un master de mise en scène. On aime l’idée que Marguerite Charlie soit un espace de rencontre et de chaleur humaine réunissant artistes, amateurs d’arts, gens de réflexion, chercheurs, en temps ou hors d’exposition. » Ses inspirations pour mettre en œuvre ses projets sont à chercher du côté du peintre et plasticien Hervé Di Rosa et des arts modestes, et du chorégraphe Jérôme Bel pour sa recherche d’un langage commun au théâtre.
C’est un canapé bleu…
Adossé à un mur de pierre plus ou moins bien taillée, trône la figure emblématique du lieu, chiné par l’autre cogérant Mostafa Boulguiz (29 ans). Un magnifique canapé de couleur bleu – les amateurs de Klein apprécieront – fait office de réceptacle de confidences, de bavardage, d’échanges et de remue-méninges. C’est là, bien assise, qu’Anaïs Van Overbeck révèle que son principal intérêt se porte sur le public. « Le public comme acteur d’un espace, voire d’une mise en espace. C’est ce que j’ai développé à la fin de mon master en commençant à réfléchir sur un jeu de société grandeur nature. » Et cette idée a fait son chemin jusqu’à l’ouverture de l’espace Marguerite Charlie, en février dernier, en proposant des expositions participatives.
Il faut souligner qu’à chaque exposition des ateliers sont proposés au public avec l’un des artistes associés. Tzu Fang Cheng est l’une des artistes exposées régulièrement dans l’espace. Cette jeune femme d’origine taïwanaise, aux prises avec la langue française, s’est forgé un alphabet bien à elle pour distiller au gré de ses installations des mots croisés cryptés. « Dès l’entrée de l’espace, elle invite les visiteurs à déchiffrer ces mots en leur remettant un petit index contenant les signes cryptés et leur correspondance dans notre alphabet. »
Grandir avec la ville
L’association met à disposition, en location, hors des périodes événementielles, son espace d’exposition. Des compagnies de théâtre, des musiciens, des comédiens peuvent venir répéter… « Le lieu a même été loué à des étudiants de Paris 8 pour une exposition photo. » La prochaine expo se tiendra du 17 au 29 novembre et aura pour thème « L’Été indien », avec une déambulation organisée pour les visiteurs. Et puis si vous êtes amateur de tatouages, retenez votre 6 décembre prochain pour une soirée Flash Tatoo ! Avec des amis à elle, Anaïs a inventé un terme pour désigner sa démarche artistique : plastiturge pour plasticienne et dramaturge. « Ce n’est pas très beau mais ça nous fait rire ! », dit-elle avec un large sourire.
Claude Bardavid
Espace Marguerite Charlie, 15, rue Denfert-Rochereau. Tél. : 0606842783.