À la une Cultures

TGP
/ La Comédie Française sort de sa maison

L’institution théâtrale donnera quatre représentations exceptionnelles au CDN dionysien de Vania, adaptation de Tchékhov montée par Julie Deliquet.
Florence Viala et Laurent Stocker, du Français, font partie de la distribution de Vania.
Florence Viala et Laurent Stocker, du Français, font partie de la distribution de Vania.

La saison 2017-2018 du TGP débute avec un véritable événement : la venue à Saint-Denis pour quatre représentations exceptionnelles de la troupe de la Comédie Française. Du 13 au 16 septembre, le CDN dionysien va en effet accueillir la reprise d'un spectacle qui avait rencontré un grand succès public et critique à l'automne 2016, Vania, mis en scène par Julie Deliquet. De cette jeune metteure en scène qui, à l'instar de Jean Bellorini, représente une nouvelle et passionnante génération de femmes et d'hommes de théâtre, nous avions vu avec grands plaisir et intérêt au TGP sa trilogie Des années 70 à nos jours... en 2014, puis Catherine et Christian (Fin de partie) en 2015. C’était avec son collectif In Vitro et c'est à cette occasion qu'Éric Ruf, l'administrateur de la Comédie Française, découvrit le travail de Julie Deliquet et lui a proposé à de créer un spectacle au Français. « Cela tombait bien car j'avais besoin d'une nouvelle aventure. Depuis des années, j'avais envie de monter une pièce de Tchékhov, et plus particulièrement Oncle Vania. » 

Mais comment la mayonnaise allait-elle prendre entre une artiste qui aime à travailler l'improvisation, l'écriture de plateau, et cette vénérable institution pour qui le texte écrit est la base de tout ? Fondée en 1680 par ordonnance royale de Louis XIV, la « Maison de Molière », comme l'appellent souvent les comédiens, a traversé les siècles pour être aujourd'hui tout à la fois la garante d'une tradition théâtrale d'une qualité exceptionnelle reconnue à travers le monde entier et la preuve qu'un tel établissement peut ne pas rester figé dans le passé en proposant des spectacles contemporains et en invitant de nouveaux metteurs en scène.

Dominique Blanc sur scène

Julie Deliquet se souvient de ces premiers pas et de ses premiers contacts avec les comédiens du Français : « J'avais mes habitudes, eux les leurs. Il a fallu qu'on trouve les nôtres. Au lieu de travailler à partir d'improvisations, comme je le faisais avec In Vitro, nous sommes partis du texte. Et l'improvisation est venue ensuite. Chacun s'est ouvert aux autres, avec bienveillance et esprit constructif et au final chacun a trouvé sa place. » 

Oncle Vania est l'une des pièces préférées de Julie Deliquet. « Je suis fascinée par les personnages. Comme souvent chez Tchekhov, il ne se passe rien, mais ses pièces sont un véritable laboratoire de la condition humaine. Il y a chez lui quelque chose d'universel. » Son spectacle s'intitule Vania, d'après Oncle Vania. « J'ai élagué ce qui m'apparaissait trop russe et recomposé des situations, à partir des improvisations avec les comédiens. Mais nous sommes restés très proches de la pièce », dévoile-t-elle. Sa première volonté fut d'instaurer un rapport bi frontal, c'est-à-dire que les spectateurs sont de part et d'autre de la scène. « Cela a apporté une grande complicité entre les acteurs et le public et au final cela a accru leur liberté. » Parmi ces comédiens, certains sont des habitués des écrans de cinéma ou de télévision, comme l'immense Dominique Blanc, mais aussi Florence Viala, Laurent Stocker ou encore Hervé Pierre. « Ce sont tous des bêtes de travail ! », témoigne Julie Deliquet. « Avec eux, je me suis fait plaisir, j'ai pu travailler sans limite. Et je suis particulièrement heureuse de venir avec eux au TGP, ce théâtre auquel je suis très attachée. »

Benoît Lagarrigue

Vania, du 13 au 16 septembre au TGP (59, boulevard Jules-Guesde, salle Roger-Blin), du mercredi au vendredi à 20 h, samedi à 18 h. Durée : 1 h 45. Tarifs : 6 € à 23 €. Réservations : 01 48 13 70 00 ; www.theatregerardphilipe.com