En ville

Campement porte de Paris
/ Inquiétude sanitaire

« Catastrophique. » C’est ainsi que Louis Barda, responsable de la mission rue auprès des exilés à Médecins du monde, décrit la situation sanitaire des personnes migrantes installées sous le pont de l’A1 à Porte de Paris, tout près du Stade de France.
MSF pratique des consultations mobiles une fois par semaine pour les personnes migrantes qui vivent sous l'A1. © Sarah Boumghar
MSF pratique des consultations mobiles une fois par semaine pour les personnes migrantes qui vivent sous l'A1. © Sarah Boumghar

Depuis l’évacuation fin juillet des campements d’Aubervilliers et du canal Saint-Denis, nombre de migrants sont venus s’établir là. Environ 800 personnes, principalement de nationalité afghane, vivent dans des conditions de précarité extrêmes Porte de Paris, sous l’A1. ONG et associations s’organisent pour tenter d’apporter un semblant de salubrité près de cette voie express où s’accumulent les tentes et la misère.

Jeudi 17 septembre au matin, une dizaine d’hommes, masque sur le visage, assis sous la tente blanche installée par Médecins sans frontières (MSF), attendent patiemment leur tour pour consulter dans la clinique mobile de l’ONG. Une fois par semaine, le camion se gare sur le parvis pour offrir des soins aux personnes migrantes qui en auraient besoin.

« La majorité des consultations concernent des douleurs diverses, des infections respiratoires et des problèmes dermatologiques », raconte Olivia Gayraud, coordinatrice de projet pour MSF. Les soins prodigués sont « primaires » et les personnes sont orientées vers des sites adaptés pour les pathologies jugées plus graves. Juste un peu plus loin, Yusuf se réveille, devant la sculpture « Euro 2016 ». « Le manque d’eau est un énorme problème, raconte ce demandeur d’asile afghan de 22 ans. Il n’y a qu’un seul point d’eau pour toutes les personnes qui vivent ici. Nous sommes forcés de nous laver dans le canal. » Et c’est loin d’être la seule difficulté d’ordre sanitaire à laquelle ces hommes sont confrontés.

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« Il n’y a ni douches, ni toilettes, ce qui est d’autant plus grave dans les conditions d’épidémie que l’on connaît », s’alarme Louis Barda, responsable de la mission rue auprès des exilés à Médecins du monde, qui se rend sur le campement deux fois par semaine. L’ombre de la Covid-19 plane, les suspicions se font de plus en plus nombreuses, dans cet endroit où les personnes circulent et où les gestes barrières ne peuvent être respectés. « Des demandes pour installer des sanitaires sont faites régulièrement, mais jusqu’ici nous n’avons reçu que des fins de non-recevoir de la part des autorités», raconte Louis Barda.

« Des gens deviennent fous »

Même son de cloche du côté de l’association Solidarité Migrants Wilson, par la voix de Philippe Caro, bénévole. Aucune réponse de la part de la mairie selon lui. Pour essayer de soulager les migrants, des kits d’hygiène contenant des produits élémentaires tels que du savon ou du dentifrice sont distribués une fois par semaine par l’association Utopia 56. Mais la demande est telle que ces distributions s’avèrent insuffisantes.

La santé mentale des personnes qui vivent dans ce campement constitue un autre sujet de préoccupation majeure pour les ONG et les associations qui y interviennent. Toutes observent une grande détresse, liée au parcours des personnes migrantes et des conditions de vie à la rue. Philippe Caro l’assure : « Ici, régulièrement, des gens deviennent fous. »

Sarah Boumghar

Réactions

Qu'est-ce qu'attendent les maires Mathieu Hanotin et Karine Franclet pour demander ensemble au Préfet de Police de Paris l'évacuation des camps de migrants situés sous le pont de l'A1 et le long du canal de Saint -Denis et demander le placement de ceux-ci dans des centres d'hébergement ? Le Préfet de Police Didier Lallement laisse-t-il la situation sanitaire se dégrader pour influencer le résultat des élections régionales de mars 2021 (décrédibiliser les élus PS et UDI pour améliorer le score des listes LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE et RN) ?
En avril dernier, M. TROUSSEL faisait payer au contribuable le gîte des maris violents ; maintenant il estime que des migrants dormant au pied d'un hôtel vide de 156 chambres ne relèvent pas de sa compétence. Ah oui, les migrants ne sont pas électeurs...