En ville

Au 256, avenue Wilson
/ Des locataires toujours dans l’attente

Placé depuis le 1er juillet sous arrêté de péril imminent, le 256 avenue du Président-Wilson pourrait passer prochainement sous péril ordinaire. Mais les difficultés s’accumulent pour les quelques locataires restants après l’évacuation de l’aile gauche de la copropriété délabrée.
La copropriété placée sous arrêté de péril depuis le 1er juillet 2020 pourrait prochainement passer en péril ordinaire. © Yslande Bossé
La copropriété placée sous arrêté de péril depuis le 1er juillet 2020 pourrait prochainement passer en péril ordinaire. © Yslande Bossé

« C’est de pire en pire, en tant qu’habitant on vit l’horreur », soupire Carole (1), locataire depuis 2014 d’un F2 dans cette copropriété de dix-neuf logements répartis sur quatre étages. Le 1er juillet, l’ensemble de l’immeuble du 256 avenue du Président-Wilson a été placé sous arrêté de péril imminent par l’ancienne municipalité (PCF) en raison de l’état de délabrement du bâtiment et la mise en danger des occupants notamment de l’aile gauche. 19 personnes, dont des enfants, en avaient été évacuées en urgence. « J’habite dans l’aile droite, quand est-ce qu’on va s’en occuper ? », interroge la locataire qui s’inquiète aussi bien de l’état des parties communes, des combles « sales, où prolifèrent des parasites » que des « va-et-vient » dans l’immeuble, de squatteurs et personnes n’habitant pas dans le bâtiment. « La porte d’entrée est cassée, tout le monde peut entrer comme bon lui semble. On n’est pas en sécurité », s’exclame Carole, qui espère être relogée.

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Selon cette autre habitante, loger dans l’immeuble est de plus en plus invivable en raison de la réouverture d’un petit commerce – une épicerie – situé au rez-de-chaussée. Il avait été fermé plusieurs semaines après l’arrêté de mise en péril imminent pris en juillet dernier. « On ne sait pas ce qui s’y vend à part de l’alcool. Il y a plein de gens qui entrent et sortent tous les jours. Parfois, ils sont au moins vingt dans le local. La nuit, ils font du bruit. J’ai appelé la police municipale, personne n’est venu. » La boutique servirait aussi d’appartement. Plusieurs alertes ont été faites auprès du syndic de copropriété – le cabinet Poncelet – et auprès de la mairie sur ces situations qui durent depuis des années.

Péril ordinaire

Concernant le commerce pointé du doigt, « les services d’hygiène ont vérifié, il a le droit de rouvrir », a expliqué Katy Bontinck, première adjointe au maire. Une visite de la mission habitat indigne est prévue pour le vendredi 20 novembre pour « éclaircir la situation » sur ce commerce. Mais aussi faire le point sur les travaux restant à réaliser. L’immeuble – dont l’arrêté de péril ordonnait aux propriétaires la réalisation de travaux notamment au niveau de la cave où des étais avaient été installés pour éviter l’effondrement du plafond du rez-de-chaussée – va « probablement sortir du péril imminent pour passer en péril ordinaire », indique l’élue en charge du logement et de l’habitat indigne. Mi-août, des travaux ont été faits par un architecte de la Ville en concertation avec un architecte de la copropriété. Une nouvelle visite a eu lieu en septembre. Selon une habitante, ce sont des trous présents dans la cour qui ont été bouchés par les architectes afin d’éviter les fuites dans la cave.

« Il y a encore beaucoup à faire. Au-delà de la partie péril, il reste à traiter la partie insalubrité, notamment le grenier et un certain nombre de parties communes », a détaillé Katy Bontinck. Parmi les habitants évacués de l’aile gauche, Nadia, maman de trois enfants, a été relogée dans une chambre d’hôtel à Drancy payée par son propriétaire. « C’est petit mais c’est propre. Au 256, on était dans un cauchemar », exprime-t-elle. Pour la jeune mère, une éclaircie se profile. Elle va bientôt bénéficier d’un logement social à Saint-Denis.

YB

(1) Le nom a été modifié.

Réactions

On peut compter sur le cabinet PONCELET pour sortir l'immeuble de l'insalubrité, et pour relancer les marchands de sommeil qui ne payent pas leurs charges.
Il est inexact de dire que le commerce pouvait ouvrir et fonctionner suite a l'arrête de péril imminent, si le local était vacant et/ou si il y avait une interdiction précisée par l'arrêté. L'art L511-5 du code de la construction précise qu'a compter de la notification de l'arrêté de péril, les locaux vacants ne peuvent être ni loués ni mis à disposition pour quelque usage que ce soit et ce jusqu'à la mainlevée de l'arrêté de péril. Et il n'existe pas de levée du persil imminent tant que tous travaux n'ont pas mis fin à tout peril.
Il faudrait laisser ce bâtiment tomber en ruine et s'effondrer de lui-même. Cela constituerait une forme d’œuvre vivante venant rappeler au quidam les décennies d'incurie qu'a subi cette ville martyre.