Cultures

Craig Armstrong, explorateur sonore

La musique du film Moulin Rouge, c’est lui. Compositeur polymorphe et arrangeur de stars du rock comme U2, Madonna ou Massive Attack, il donnera, en création mondiale, Immer, un concerto pour violon, et trois autres de ses compositions. Retransmission gratuite sur écran géant.

Le Festival de Saint-Denis poursuit son œuvre de production d’un patrimoine musical contemporain créé dans la basilique. C’est ainsi que, les années précédentes, se sont succédé Goran Bregovic (Mon cœur est devenu tolérant, 2002), Talvin Singh (Songs for the inner world, 2003), A Filetta (Di Corsica riposu, 2004), Bruno Coulais (Les toits du monde, 2001 et Stabat mater, 2005), Mercan Dede (La tentation d’Istanbul, 2006) et, l’an dernier, Osvaldo Golijov (Ayre). Cette année, c’est à Craig Armstrong que Jean-Pierre Le Pavec a demandé de donner en création mondiale, jeudi 26 juin à 20 h 30 à la basilique, Immer, concerto pour violon qu’il a composé en 2007.
Craig Armstrong est un compositeur polymorphe, connu (souvent sans qu’on le sache !) pour ses musiques de films, dont le célèbre Moulin Rouge, de Baz Luhrmann, ou encore, dernièrement, World Trade Center, d’Oliver Stone. Et si ses musiques de films ont à plusieurs reprises été récompensées (Golden Globe, Grammy Award, notamment), le musicien né à Glasgow en 1959 a également travaillé comme arrangeur pour des artistes ou groupes de rock comme U2, Madonna, Massive Attack ou encore Texas.
Bref, fort de sa formation classique en composition et en piano à la Royal Academy of Music de Londres, de sa fidélité à sa terre d’Écosse et de ses multiples rencontres humaines et musicales, Craig Armstrong s’impose aujourd’hui comme un compositeur de tout premier plan, riche à la fois de ses racines et de ses explorations sonores.
Immer est, à cet égard, emblématique de son travail. Il s’agit d’un concerto pour violon et orchestre composé pour la violoniste Clio Gould et « sa sonorité unique qui fut une source d’inspiration pour l’élaboration de la pièce », confie-t-il dans le livret qui accompagne le CD, sorti le 9 juin. L’univers musical de l’œuvre possède la légèreté de nuages sonores, nourris aussi bien des canons de la musique ancienne que de l’apport de techniques rendues possible par les logiciels de musiques contemporaines.
Ce concert du 26 juin, qui sera retransmis en direct sur grand écran devant le parvis de la basilique, sera interprété par l’Orchestre national d’Île-de-France dirigé par Garry Walker et le chœur Sequenza 9.3, créé et soutenu par le conseil général et conduit par Catherine Simonpiétri. On entendra également trois autres compositions de Craig Armstrong. Memory takes my hand (la mémoire me prend la main) se veut comme une célébration musicale et personnelle de sa ville natale, Glasgow. La voix de la soprano (Lucy Crowe pour l’album, Ann de Renais pour le concert) s’élève au-dessus du chœur et de l’orchestre, comme une randonnée au-dessus de la ville. One Minute est composé de quinze très courtes pièces pour orchestre, chacune autonome mais faisant partie d’une continuité, sortes de courts-métrages sonores sur le temps qui passe. Enfin, Craig Armstrong rend hommage à Gustav Mahler à travers Visconti, d’après l’adagietto de la 5e symphonie du compositeur autrichien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Comme une affirmation de l’intemporalité de la musique.
Benoît Lagarrigue
Concert jeudi 26 juin à 20 h 30 à la basilique, retransmis en direct sur grand écran devant la cathédrale.