Tribunes
Courrier des lecteurs (édition du 4 novembre 2009)
Quand je serai grand, je serai facteur
Au moment où la France se mobilisait autour de la votation citoyenne contre la privatisation de la Poste, début octobre, un lecteur nous envoyait ce texte d’anticipation. Ce n’est pas vraiment d’actualité, nous précisait-il, avant d’ajouter?: pas pour l’instant… À vous de juger.
L’été 2017 s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Pour un mois de juin, la température était élevée. Dans le ciel d’un bleu profond moutonnaient quelques petits nuages blancs mollement poussés par un vent câlin. Tandis que dans les tilleuls quelques oiseaux rivalisaient de trilles, sur le large trottoir devant la salle, des hommes et des femmes, graves pour la plupart, discutaient par petits groupes. Un peu à l’écart, Patrick Finaud, directeur régional de la Poste, la cinquantaine, grand, mince, élégant, un peu voûté, les cheveux grisonnants, les sourcils broussailleux, l’allure d’un rentier soupçonneux, s’entretenait avec le commissaire-priseur. Maître Emmanuel Marron, quarante-deux ans, rond l’allure joviale, pratiquement chauve, feignait d’écouter son interlocuteur en se frottant les mains, tel un vieil antiquaire qui sent que l’affaire va être juteuse. Ses petits yeux noirs, très mobiles, parcouraient la foule, la jaugeaient, la soupesaient. Il achevait de fumer un cigare qui empuantissait l’atmosphère. La conversation de Monsieur Finaud portait sur la politique?; il se disait ravi du résultat des élections présidentielles qui avaient porté le fils aîné du président sortant aux affaires, satisfait de celui des législatives apportant au nouvel élu une majorité absolue de droite à l’assemblée.
— Le père a fait du bon travail, le fils suivra ses traces, conclut-il.
Maître Marron se contenta de hocher la tête, consulta sa montre, jeta son mégot de cigare et entraîna son interlocuteur vers l’intérieur de la salle. En quelques minutes, le trottoir perdit ses badauds?; tous entrèrent et prirent les places assises restantes. Dans la salle presque comble, les conversations allaient bon train. Un brouhaha confus emplissait la pièce qui sentait la poussière et le renfermé.
Le commissaire-priseur prit place derrière un large bureau juché sur estrade. Le silence se fit progressivement, Maître Marron balayait la salle d’un lent regard circulaire, s’attardant sur les derniers bavards, tout en tapotant la paume de sa main gauche avec son marteau d’ivoire. Légèrement à l’écart, Monsieur Finaud rectifia le nœud de sa cravate bordeaux, sorti un carnet et un crayon. Il était prêt. Le commissaire-priseur l’interrogea d’un mouvement de sourcil auquel le directeur de la Poste répondit par un imperceptible hochement de tête. Maître Marron frappa le bureau d’un coup sec et prit la parole?:
— Bonjour Messieurs, nous allons procéder à l’attribution de trois postes de facteur remplaçant pour les mois de juillet et d’août. Cette attribution se fera aux enchères publiques, comme c’est maintenant l’habitude depuis quelques années. Je vous précise que les heureux élus devront s’acquitter, dès l’adjudication, d’une commission fixe de 50 euros, en espèces ou carte bleue?; je vous rappelle que nous n’acceptons pas les chèques. De plus, par la suite, une retenue de cinq pour cent du salaire brut sera effectuée par la Poste au profit de notre étude. Est-il besoin de vous rappeler que tous les montants annoncés correspondent à des salaires bruts??…
Il avait haussé le ton en prononçant ces deux derniers mots?; il ménagea un long silence en balayant de son regard de fouine les cent cinquante à deux cents personnes assises devant lui, sur des chaises incommodes. Quelques mouvements d’agacement se manifestaient dans la foule mais aucune protestation ne s’éleva. Il frappa à nouveau le bureau et reprit la parole?:
— Bon Messieurs, pour l’attribution d’un premier poste de facteur, commençons à…
— Dix euros de l’heure…
De nombreux bras se levèrent, Maître Marron semblait satisfait, il adressa un bref regard à Monsieur Finaud, lequel arborait un sourire gourmand.
— Neuf euros cinquante…
— Neuf euros…
— Huit euros cinquante…
Il restait cinq ou six postulants.
— Huit euros trente?! lança l’un d’eux.
— Ah?! non, non?! Un peu de sérieux Messieurs, pas de tranche de moins de cinquante centimes?! Huit euros?!
Il n’y avait plus qu’un candidat…
— Un peu plus vite Messieurs?! J’ai huit euros à ma gauche, huit euros… Je vais adjuger…
Il leva lentement son marteau à la hauteur de son oreille…
— Sept euros cinquante?!
— Sept euros cinquante, sept euros cinquante, sept cinquante, plus personne… Adjugé?! Adjugé sept euros cinquante à Monsieur avec la casquette jaune face à moi… Faites-moi passer une pièce d’identité et voyez avec mon secrétariat.
Le deuxième poste fut attribué, pour huit euros de l’heure, à un homme d’une quarantaine d’années qui était venu en compagnie de son fils, un garnement de dix ans qui ne tenait pas en place.
Pour le dernier poste la lutte fut plus acharnée?: une jeune étudiante blonde, un peu boulotte, au corsage bien rebondi, obtint l’emploi pour seulement six euros cinquante.
Quelques voix s’élevèrent dans la salle, quelques insultes fusèrent. Les vigiles sortirent manu militari deux hommes qui renversaient les chaises à coups de pied. La grande majorité des gens, résignée, sortait sans bruit, à pas lents, écrasée par ses soucis. Une belle femme aux cheveux blancs pleurait en silence. Sans un mot, son mari la prit doucement par l’épaule et l’entraîna dehors.
Sur le trottoir, des militants syndicaux prenaient la parole devant un auditoire restreint?; appelaient à lutter, à réagir, à manifester… À quoi bon??
À quoi bon?? Depuis l’abolition du code du travail, les emplois sont donnés aux moins-disants. Il n’y a rien à redire, ceci est bien légal, les députés ont accepté les nouvelles dispositions. Le vote populaire les a reconduits…
Un jour, quand la conjoncture s’améliorera, la tendance s’inversera, la loi du marché, la loi de l’offre et de la demande, feront que les emplois seront mieux rémunérés, plus nombreux. Un jour, oui un jour…
Rémi Hesse
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Le 15 au lieu de SOS médecins
J'ai eu besoin de contacter un médecin mercredi dernier pour cause de grippe. Mon médecin traitant ne consultant pas ce jour, j'ai fait appel à SOS médecins et j'ai alors appris qu'ils ne rayonnaient pas sur Saint-Denis. Ils m'ont dit de faire le 15. Je pensais que ce numéro était réservé aux urgences extrêmes. 15 minutes d'attente au téléphone pour un diagnostic téléphonique et des recommandations comme celle entre autres de consulter mon médecin traitant le lendemain! Il y a quinze ans, j'ai plusieurs fois et même la nuit fait appel à SOS médecins, ce qui ne posait aucun problème. Ne nous étonnons pas que les urgences soient saturées et que le personnel médical y officiant soit épuisé.
Mme.L.
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« Et moi alors ?... »
Quel beau titre pour la programmation jeune public au TGP. « Et moi alors ? », pourrait dire le poisson dans l’eau, évoqué page 3 du numéro 803 du JSD. Dans cette page sur la question de la garde des enfants, j’y ai vu le souci de mères, l’initiative dynamique de femmes, mais je n’ai rien lu sur les enfants concernés.
Attention de ne pas oublier que « l’enfant est une personne » comme disait Françoise Dolto, que l’on peut, et qu’il faut à mon point de vue continuer à se poser la question des horaires de travail des parents (mère… et père) et prendre en compte la fatigue d’enfants qui subissent des journées très, trop longues. La priorité devrait être le respect des rythmes de l’enfant, de tous les enfants, même si l’équilibre des questions à résoudre est difficile.
Nous allons bientôt célébrer la Déclaration des droits de l’enfant : n’oublions pas le droit au sommeil, à l’éducation, à la sécurité affective, au calme…
Monique Jeffroy
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Nous étions 40 contre la hausse des impôts
Je viens vers vous car je viens de prendre connaissance de l'article sur le rassemblement concernant l'augmentation des impôts (JSD n° 805). Je voulais vous préciser que nous étions bien plus que 20 mais plutôt 40, même si nous n'étions pas tous derrière la banderole. C’est l'association Oxygène qui nous représentait. Cette manifestation était à l'initiative de Dionysiens sans appartenance politique mécontents de voir leurs impôts augmenter sans voir de services publics municipaux de qualités rendus à la population exister dans notre ville.
En ce qui concerne le quartier Charles-Michels, vous savez très bien que nous contestons symboliquement nos impôts depuis plusieurs années et que l'an passé j'avais écrit à Monsieur Paillard un courrier pour dire que dans ce quartier c'était une prime que l'on méritait et pas une taxe pour vivre dans ce quartier.
Je vous demande donc de faire un démenti pour préciser le nombre et l'initiative de ce rassemblement. Nous ne revendiquons pas le fait de payer des impôts mais le fait d'en payer et de vivre dans une ville sale (rats, déchets, stationnement anarchique, rue du Port en travaux et piétonnisée mais parcourue par de nombreux automobilistes, nuisances provoquées par les nombreux attroupements qui se trouvent dans cette rue). Nous voulons vivre normalement.
Vous pouvez donc tenir compte de tous ces arguments pour préciser notre démenti. Merci d'avance.
F.Gourdon