Tribunes

Courrier (édition du 25 novembre 2009)

À propos de l\'interview de Djemila Benhabib (JSD n° 807)

Djemila Benhabib : les avis sont partagés

Je suis choqué par les propos inacceptables de Djemila Benhabib dans le JSD (N° 807 du 11 novembre). Saint-Denis est une ville multiculturelle où se côtoient des gens de cultures, de religions et d’opinions très différentes. Il y en a qui l’aiment comme ça. Et d’autres qui essaient d’imposer une vision totalitaire de la société, comme Djemila Benhabib, en prenant le risque de dresser une partie de la population contre une autre. Personnellement, cela me révolte.
DB pensent que les femmes voilées, dont beaucoup sont nos voisines ou nos collègues de travail, des résidentes sans histoire de notre ville – je ne dirais pas « bien intégrées », ce serait insultant pour elles – doivent être considérées comme des criminels. Allons-nous demander à la police municipale de les verbaliser, ou bien créer une nouvelle police des mœurs à l’iranienne?? Ce sont des propos haineux et complètement inadmissibles. Le JSD nous doit des excuses pour avoir laissé passer une telle énormité. Et vive Saint-Denis?!

Colin Falconer

Nous ne voyons là rien de haineux, ni d’inadmissible. Encore moins quoique ce soit qui mériterait que le JSD s’excuse. Djemila Benhabib, qui avec ses parents a fui les islamistes d’Algérie et a habité Saint-Denis, a écrit un livre Ma vie à contre Coran dans lequel elle donne notamment son opinion sur le voile. Où est le problème?? La pluralité des opinions vous heurterait-elle??

D.Sz

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu l’interview de Djemila Benhabib dans le JSD du 11 novembre, ce qui m’a convaincu de participer au débat organisé à la bourse du travail. Je tiens tout d’abord à remercier le JSD d’avoir ainsi contribué à faire entendre la voix de cette femme de courage.
Le débat a été passionnant, nous permettant de confronter des approches politiques et sociales en France, comme en Algérie et au Québec. Car bien sûr, il n’était que peu question de religion, mais avant tout de liberté, d’égalité, de laïcité et aussi de l’émancipation des femmes. Le témoignage de Djemila Benhabib est particulièrement éclairant sur les enjeux de pouvoir qui se cachent derrière des apparences de religion. Des questions qui ont concerné ou concernent encore toutes les sociétés et toutes les religions. L’islamisme politique est une guerre à la liberté de penser et de vivre, une guerre mortelle en bien des lieux. Et l’on constate que, malheureusement ici aussi, une lutte sourde et continue est menée contre ces droits et les valeurs qui fondent notre démocratie.
Quel exemple que la parole forte de cette femme
de convictions qui a rappelé le sens de nos valeurs républicaines. Elle a aussi bien mis en lumière l’aveuglement de nombre de gens de « gauche » qui les ont oubliées.

F.M.