Tribunes
Continental?: mon coup de gueule
Je travaille comme formateur au CFA du bâtiment de Saint-Denis depuis quelques années. J’ai quitté une entreprise de la région de Compiègne dans l’Oise il y a presque six ans, j’ai exercé mon métier dans le domaine de la maintenance pendant seize ans dans une manufacture de pneumatique allemande Continental. Celle-ci fait aujourd’hui la Une de l’information puisque l’on annonce sa fermeture définitive pour mars 2010, c’est-à-dire demain. Cette cessation d’activité aura pour effet de mettre à la rue 1?150 salariés et probablement autant de sous-traitants qui vivent grâce à cette entreprise. Les retombées seront énormes, la région rentrera en récession, quel avenir pour nos enfants demain??
Terminé la consommation, les vacances à la neige, le changement de voiture tous les cinq ans, le crédit sur la construction du pavillon pendant vingt-cinq ans. Cette région est déjà très touchée comme la France et bien d’autres pays européens. Trouver du travail à 20, 40 ou 50 ans, à quel salaire?? Bien des interrogations sans y trouver de réponses. Que vont faire mes camarades avec leurs trente années d’ancienneté?? Ils ont donné leur jeunesse, leur sueur, parfois une partie de leur personne, j’ai une pensée en particulier pour un copain qui a laissé sa main dans un accident du travail. Merci patron, quel plaisir de travailler pour vous, on est heureux comme des fous?! Que ce titre du groupe Les Charlots trouve ici toute sa signification?!
Tout ceci n’a qu’un seul but?: gaver de fric puant une poignée d’actionnaires rapaces et cupides. Cette entreprise a dégagé des bénéfices l’année dernière comme les années précédentes. Oui, mais pas assez
à leur goût. Bientôt on déménagera les machines de confection ou les presses de cuisson pour la Roumanie, nouvel Eldorado du monde du capital. La pompe à fric crachera de plus belle.
Ces gens amassent des fortunes qu’ils ne pourront jamais dépenser puisqu’ils n’ont qu’une existence terrestre. Arrêtons le massacre, cela est intolérable, on ne sacrifie pas ainsi les travailleurs sur l’autel du profit pour le simple petit plaisir d’une infime minorité de privilégiés. La crise a bon dos, le monde du capital en a l’entière responsabilité. Il en fait assumer les effets les plus sournois au monde du travail. Refusons cette fatalité qu’ils essaient de nous faire avaler et inversons les rôles rapidement?!
Jean-François Lequien