En ville
Colère colorée contre les opérateurs
Quand le cortège se forme rue des Ursulines, dimanche 22 juin, un peu avant 11 h, Richard est déjà là. Ce parent d’élèves de l’école Puy-Pensot toute proche n’admet pas que la population dionysienne « soit plus exposée » que celle de la capitale. « Pourquoi ce qui est mauvais pour les Parisiens ne le serait pas pour nous ? », renchérit Jérôme qui « n’a pas envie de vivre dans un micro-ondes géant ». Le cortège s’ébroue. Des élus en écharpe (Cécile Ranguin, Michel Ribay, Christophe Girard, Muriel Mension… et le maire de L’Île-Saint-Denis et vice-président de Plaine commune, Michel Bourgain), des enfants en poussette, des parents hauts en couleurs sont là. La caméra de France 3 aussi.
En tête de la manif-parade, une banderole cible la revendication des associations, des riverains et des élus : « Antenne relais, une charte pour Plaine commune. » L’atelier théâtre de Paris 8 donne de la voix à la marche colorée. « Habitants de Saint-Denis, Bouygues est de retour », prévient la sono devant le 16, rue Émile-Connoy, là où le géant de la téléphonie mobile veut installer une antenne . Et de décliner la devise républicaine : « liberté de dire non à Bouygues, égalité entre Paris et la banlieue, fraternité des opérateurs s’ils acceptaient de signer la charte. »
Rue de la République, les badauds s’arrêtent et écoutent le comédien grimé lancer à la cantonade « les opérateurs ont déjà notre argent, ils n’auront pas notre santé ». Dans le cortège, le cercueil de Mathieu « mort de surdose de téléphone portable » fait attraction. C’est autour de sa dépouille virtuelle qu’a lieu le dernier acte de cette manif joyeuse : des enfants font tomber un, puis deux œufs sur le parvis de la mairie. Le jaune coule sur le sol. Quand le troisième est jeté à proximité du cercueil de Mathieu… rien ne s’échappe de la coquille : l’œuf est dur, cuit par le corps irradié du défunt. Avant cette théorie de l’œuf, Michel Ribay pour la municipalité et Michel Bourgain pour Plaine commune ont appelé à poursuivre la mobilisation des habitants pour aider les élus confrontés à « un bras de fer difficile ». Dimanche, le mouvement était en marche. Reste maintenant à le fédérer pour l’étendre à d’autres quartiers que le centre-ville.
D.Sz