En ville

Couvre-feu sanitaire
/ Chacun chez soi à partir de 21h

Depuis samedi 17 octobre, un couvre-feu est en vigueur chaque soir de 21h à 6h du matin dans toute l’Île-de-France. Objectif : ralentir la progression de l’épidémie de coronavirus.
À Saint-Denis, les policiers municipaux seront mobilisés pour faire respecter le couvre-feu. © Yann Lalande
À Saint-Denis, les policiers municipaux seront mobilisés pour faire respecter le couvre-feu. © Yann Lalande

 

Nouvelles restrictions

Des exceptions à la règle existent cependant. Les déplacements pour raison de santé sont autorisés, pour prendre un avion ou un train, ainsi que ceux liés au travail, à l’assistance à une personne dépendante ou pour sortir un animal de compagnie. Dans toutes ces situations, Il faudra toutefois produire l’attestation téléchargeable sur le site du gouvernement (www.interieur.gouv.fr). Les contrevenants s’exposent à une amende de 135 €. Toujours dans le but de limiter les interactions, les rassemblements de plus de six personnes dans l’espace public, comme dans la sphère privée, sont désormais prohibés.

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Petit bémol, seuls 12 000 policiers nationaux et gendarmes seront mobilisés chaque nuit pour faire respecter ces règles qui s’appliquent à 20 millions de Français. Le commissariat n’a d’ailleurs pas souhaité communiquer sur le nombre de policiers à pied d’œuvre dans les rues nocturnes de Saint-Denis. La Ville compte pour sa part mobiliser ses policiers municipaux pour faire respecter le couvre-feu. Coïncidence, depuis le 1er octobre, suite à l’élargissement des horaires de la police municipale, huit agents sont sur le terrain chaque nuit jusqu’à 2h du matin. « Dans une logique de police de proximité, leur approche sera avant tout préventive, précise Katy Bontinck, la 1re adjointe. Mais tout le monde doit respecter l’horaire de 21h pour tout ce qui n’est pas essentiel. C’est important. »

Delafontaine sous tension

En effet, si l’heure n’est pas encore grave, elle est pour le moins préoccupante sur le plan sanitaire. Vendredi 16 octobre, l’hôpital Delafontaine recensait 9 patients Covid-19 en réanimation (3 ont été transférés vers d’autres services de réanimation depuis le 1er septembre) et 35 patients Covid-19 en hospitalisation conventionnelle. Une situation qui n’oblige pas encore le centre hospitalier dionysien à déprogrammer des interventions chirurgicales. L’activité du bloc opératoire sera cependant réduite pendant l’ensemble des vacances scolaires. Du côté du laboratoire de Delafontaine, le taux de positivité des tests a atteint un record de 10,9% dans la semaine du 5 octobre.

Très critiqué, et à juste titre, pour son manque d’efficience dans le domaine, le gouvernement poursuit néanmoins le développement de sa stratégie de test. À Saint-Denis, le centre de dépistage de l’Agence régionale de santé (ARS), installé depuis le 5 octobre salle de la Légion d’honneur, devrait prochainement atteindre les 300 tests quotidiens. Pas suffisant aux yeux de Katy Bontinck : « Nous accompagnons les efforts de l’ARS, mais le centre n’est toujours pas référencé, ce n’est pas très sérieux de la part des pouvoirs publics. Tous les régulateurs devraient déjà avoir connaissance de cet outil. »

La municipalité appelle aussi de ses vœux la montée en puissance des tests antigéniques dont les résultats sont connus en moins de 30 minutes, contre 24 à 48h pour les tests PCR actuels. « J’espère que le centre ARS ouvrira dès cette semaine des créneaux l’après-midi pour le dépistage grand public et qu’il sera doté en priorité de tests antigéniques », poursuit Katy Bontinck. L’élue informe au passage que la Ville lancera, à compter du 5 novembre, la campagne de vaccination (chaque jeudi au CMS du Cygne) antigrippale des agents municipaux.

La culture et la restauration tentent de s’adapter

Si le couvre-feu est un moindre mal, comparé au reconfinement redouté, il n’est pas sans conséquence. Première victime : la filière culturelle. Pas question de fermer pour autant, au théâtre comme dans les cinémas. « En lien avec les équipes artistiques, nous faisons tout pour maintenir les spectacles programmés », rassure Julie Deliquet, directrice du Théâtre Gérard-Philipe (TGP). Série noire - La Chambre bleue, qui devait être joué dans l’espace public, est reporté au printemps, afin de tenir compte des nouvelles restrictions sur les rassemblements de personnes. Le ciel bascule (27 au 31 octobre) sera joué à 17h30 au lieu de 20h. Un horaire qui pourrait aussi être celui des œuvres programmées en novembre (Danse Dehli, La tragédie d’Hamlet et Hors la loi). Pas de changement en revanche pour les horaires dominicaux. « C’est un pari à prendre, lance Julie Deliquet. Depuis la rentrée on constate une grande implication et une grande solidarité du public. Il ne faut pas céder à la morosité ambiante. S’adapter est une manière de résister. » En espérant que le public soit au rendez-vous.

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Un vœu partagé par Boris Spire, le directeur du cinéma l’Écran : « Les séances qui marchent le mieux sont celles de 20h en semaine et celle de 16h le dimanche. Heureusement, celle-là reste. Maintenant on navigue à vue. En temps normal, on programme à cinq semaines. Avec le couvre-feu on n’est pas sûr que certains films sortent. On va s’adapter au fur et à mesure. On va par exemple avancer à 18h toutes les séances avec rencontres. » Luis Dos Santos, le directeur du Gaumont Saint-Denis, fait également contre mauvaise fortune bon cœur. « Les vacances scolaires débutent. Nous allons programmer des séances plus tôt le matin, dès 10h45. Les dernières séances se tiendront, elles, entre 18h et 18h30 en fonction des films. Nous allons continuer à respecter la loi et les protocoles comme depuis le début de cette crise, pour la sécurité de nos spectateurs. » Pourtant, le multiplex dionysien, qui accuse déjà moins 70% de recettes depuis le début de l’année, s’attend à diviser par deux le nombre de ses entrées à cause du couvre-feu. Mais Luis Dos Santos a un autre motif d’inquiétude : « Je remercie les distributeurs qui continuent à nous accompagner dans ce contexte difficile. La plupart des sorties de films américains sont reportées et, sans eux, ni les films indiens, c’est très difficile. »

Autre secteur impacté par ce nouveau tour de vis sanitaire, la restauration. Marc Boulanger, patron d’O Grand Breton, ouvre trois soirs par semaine (jeudi, vendredi, samedi). « Je vais essayer la semaine prochaine de proposer un service à 18h30 sachant que la salle doit commencer à se vider à 20h30. Si ça ne marche pas, je fermerai le soir et j’aurai recours au chômage partiel pour mon personnel. » Le restaurateur, qui a vu sa jauge passer de 40 à 24 couverts en raison du protocole sanitaire, accuse moins 30 % de chiffre d’affaires depuis janvier. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, le couvre-feu a un goût prononcé de soupe à la grimace.

Yann Lalande

3 jours de télétravail pour les municipaux

Mardi 13 octobre, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de Saint-Denis a validé le principe de trois jours de télétravail par semaine pour les agents dont les missions sont « télétravaillables ». La Ville répond ainsi à l’incitation faite par le gouvernement aux administrations comme aux entreprises pour répondre à la crise sanitaire dans le milieu professionnel. « 50 nouveaux postes vont être distribués aux agents en difficulté avec leur matériel informatique personnel et nous poursuivons la mise à disposition des logiciels métiers déjà engagée par la précédente équipe municipale », détaille la première adjointe Katy Bontinck.

YL.

Réactions

Bonjour, ce "couvre-feu" n'est pas un "moindre mal", c'est une décision indigne d'un état démocratique... il revêt à nouveau l'idée, de la part des politiciens qui prétendent nous gouverner, que les citoyens que nous sommes soyons à ce point irresponsables qu'il faille une telle mesure de coercition et de restriction d'une des plus fondamentales libertés publiques, celle de se déplacer selon nos besoins et nos désirs ! C’est la « crise sanitaire » ? Et alors, ça fait huit mois que ça dure : c’est bon, maintenant, on a compris qu’il fallait se laver les pognes et ne pas se postillonner dans la terrine. Ça fait huit mois que l'on ne se serre plus la main , huit mois que l'on ne s’embrasse plus, huit mois que que l'on se tient à 1 m de distance les uns des autres, huit mois que la Culture est en berne, huit mois qu'on entend les discours lénifiants de Macron et de sa bande de branle-panneaux… ça fait huit mois qu’on fait gaffe, on le sait que le virus est contagieux. Certes, le virus cavale toujours, certes l'hôpital est au bord de la rupture (la faute à qui d'ailleurs ?), mais à nouveau, le Gouvernement qui ne sait que sortir la gomme à effacer le sourire s'attaque encore un peu plus aux fondamentaux de notre démocratie, en nous parlant comme à des sales gosses (fait voir leur com' relayée ad-mauseam par les chroniqueurs télé qui ne parlent que de "pédagogie, de mauvais élèves"...). Etienne de la Boétie disait "ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux"... il serait peut-être temps d'arrêter les génuflexions ! M... au couvre-feu !
Comment stopper l'épidémie de coronavirus ? Il y a 113000 habitants à Saint-Denis. Avant le 7 novembre 2020 il faut tester 113000 personnes. Et essayer d'isoler les dionysien(ne)s positifs. Si on fait ça on arrête l'épidémie à Saint-Denis. Les millions d'euros dépensés en tests constitueront un investissement efficace d'argent public.