Cultures
Cesbron, quel talent !
Le somptueux palais de Chaillot de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris accueille jusqu’au 22 septembre les sculptures de l’artiste dionysien.
Nicolas Cesbron est un grand artiste. S’il lit ces lignes, il va sans doute bougonner en levant un sourcil devant cette affirmation volontairement péremptoire. Mais, et ceux qui connaissent et aiment son travail seront d’accord, juste. Peut-être en fallait-il une preuve manifeste. Celle-ci éclate à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, dans le somptueux palais de Chaillot à Paris, où une grande exposition scénographiée par Fiona Meadows, Haut bois d’amour, lui est consacrée jusqu’au 22 septembre. Elle s’intègre dans la magnifique galerie des peintures murales et des vitraux, qui présente de fidèles reproductions de l’art mural français du XIIe au XVIe siècle.
L’union est plusque réussie : évidente
Dans ce cadre merveilleux et unique, les sculptures en bois rares de Nicolas Cesbron prennent toute leur ampleur, leur majesté aérienne, affirment encore plus leur fluidité et leur limpidité. L’union est plus que réussie : évidente. Il n’est qu’à voir le Lit bibliothèque ou Le Voyageur trônant sous la coupole de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, une superbe boîte à bijoux courbe, sensuelle, voire érotique avec son ouverture en forme de fente sombre nichée dans une chapelle d’une autre cathédrale Saint-Étienne, d’Auxerre celle-ci. Ou encore un meuble cage sous une peinture d’un saint Michel terrassant le dragon venue du Puy-en-Velay.
Au gré du chemin que l’on emprunte à la manière d’un parcours magique, voire initiatique, surgit là un Fauteuil cuiller au milieu du chœur d’un prieuré du XIIe siècle ; ici un Coffret sage dans la crypte d’une petite église d’Indre-et-Loire ; là encore un Candélabre, silhouette féminine élancée qui jaillit d’une chapelle des Pyrénées. Il y a aussi des bancs, tables, chaises, les toujours magiques lampes Fleurs de Morphée que l’on avait admirées en 2007 au musée, puis en 2011 dans le chœur de la basilique de Saint-Denis, un drôle de Tapis volant, un Porte-manteaux, une Boîte coquillage, des coffres, abrités dans ces alcôves chargées d’art et d’histoire…
Et puis, bien sûr les fameux kangourous, qui hantent habituellement l’atelier de l’artiste à la Briche et semblent tout heureux de se montrer ici, en pleine lumière, l’un d’une majesté espiègle à l’entrée de la Cité et l’autre, à bascule, dans une petite église du Loir-et-Cher. Les peintures murales de ces édifices semblent faites pour accueillir les œuvres de Nicolas Cesbron. Ce cadre offre un écrin qui fait jaillir la puissance de son travail sans jamais l’écraser. Il en ressort l’émotion due à la légèreté des lignes, à la pureté des formes, à la sensualité de la matière modelée par le geste de l’artiste.
B.L.
Haut bois d’amour jusqu’au 22 septembre, tous les jours de 11 hà 19 h sauf mardi, jeudi jusqu’à 21 h. Cité de l’Architecture et du Patrimoine, palais de Chaillot (1, place du Trocadéro, Paris 16e). Tél. : 01 58 51 52 00.Catalogue « Nicolas Cesbron Haut Bois d’amour », aux éditions de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 15 €.
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