Cultures

Artistes vivaces

Ce sont Saraswati Gramich et Marc Guillermin qui vont donner, à partir du 10 septembre, le coup d’envoi de la saison au Soixante. Tous deux membres de l’Adada (Artistes des ateliers dionysiens associés), leur exposition commune de sculptures et installations y sera visible jusqu’au 27. « Nous tentons de créer des univers qui interpellent les visiteurs », avance Marc Guillermin, qui œuvre dans son atelier du bateau-lavoir. Ses sculptures métalliques apparaissent comme de curieux corps organiques, soit élancés vers le ciel, soit formes rampantes, sortes de plantes et fleurs extraordinaires et improbables. D’où l’intitulé de l’exposition, Rhizome, du nom de ces racines de plantes vivaces. Passé par le dessin, la peinture, le graphisme et la pub, heureux d’en être sorti, Marc Guillermin, déjà présent lors des festivals Excroissance de l’Adada, conçoit la présentation de son travail comme « un jardin sauvage, un terrain en friche où les espèces se développent ». D’ailleurs, une de ses sculptures s’intitule Mauvaise herbe. « J’aime l’idée de prolifération », ajoute-t-il doucement.
Saraswati Gramich, quant à elle, proposera trois installations. L’une sur l’idée de déchet, de parasite ; les deux autres fortement marquées par son vécu, « en hommage aux femmes qui travaillent et perdent leur emploi lorsqu’elles sont enceintes » d’une part, « basée sur le lait comme nourriture » d’autre part, annonce-t-elle en berçant doucement la petite Jeanne-Sakti, âgée de 4 mois et tout sourire. Et fruit des amours de Marc et Saraswati. D’origine indonésienne, passée par les Beaux-Arts de Singapour et par l’Australie et, elle aussi par la peinture, Saraswati se plaît en France. « Je trouve que la culture française est très humaine. Ici, on n’est pas obsédé par le progrès, la nouveauté. On n’oublie pas le passé, ce qui est basique. » De la toile, elle est passée à l’espace comme support. « Je suis artiste et femme, artiste et mère », dit-elle encore. Avec Marc, elle souhaite développer une idée de survie « à travers un enchevêtrement qui pourrait symboliser notre société d’abondance où tout s’emmêle. C’est ce qui nous intéresse, mais on est optimiste, malgré tout », sourient les deux artistes. Et la petite Jeanne-Sakti continue de rire…
B.L.
Rhizome de Marc Guillermin et Saraswati Gramich, du 10 au 27 septembre au Soixante (60, rue Gabriel-Péri), du mercredi au samedi de 15 h à 19 h, vernissage vendredi 12 à 18 h.