Portrait

Antoine Petit : la face artiste du graphiste

Depuis presque cinq ans, ce sérigraphiste a son atelier rue Paul-Éluard. Et signe, entre autres, des créations textiles pour Franciade.
Le sérigraphe Antoine Petit dans son atelier rue Paul-Éluard
Le sérigraphe Antoine Petit dans son atelier rue Paul-Éluard

Ses sérigraphies aux couleurs vives et acidulées sur des pochettes et autres couvre-livres attirent immédiatement le regard des visiteurs de l’atelier-boutique Franciade, rue de la Boulangerie. Né à Rouen, Antoine Petit a grandi dans l’Essonne. Il se souvient avoir toujours dessiné. « Enfant, j’adorais aller dans l’atelier de ma grand-mère, qui était peintre et faisait de la peinture sur soie. J’étais fasciné… », se souvient-il. Après le bac, il se dirige vers le graphisme. « En fait, je voulais aller aux Beaux-Arts mais ma mère ne l’a pas voulu », sourit-il. Au bout d’un an, la cause est entendue : ses professeurs lui laissent entendre qu’il fait fausse route : « Tu es artiste, pas graphiste ! », lui dit l’un d’eux. C’est à ce moment qu’Antoine découvre la sérigraphie. Une révélation. « C’est une technique géniale, s’écrie-t-il, on peut imprimer n’importe quoi sur tout ! Photos dessins, textes, sur du textile, du métal, du plexi, sur un plafond ou un mur… »


Rapidement, il décide de s’installer à son compte, trouve un atelier chez des amis à Paris, tout près de la place Clichy. Il rencontre un styliste grâce à qui il va mettre un pied dans le monde du prêt-à-porter. C’était il y a treize ans et, depuis, Antoine Petit a fait un joli chemin. Peu à peu, il se constitue un réseau de fidèles qui s’élargit d’année en année. « La meilleure publicité, c’est un client content », affirme-t-il. Mais ce n’est pas pour autant qu’il accepte n’importe quoi. « Je veux garder le choix de ce que je fais, même si cela occasionne parfois des moments difficiles. » Il travaille pour de jeunes créateurs, intervient à la Chambre syndicale de la couture, fait confiance au bouche à oreille. Et puis Antoine veut garder du temps pour son travail personnel. L’artiste rejoint alors l’artisan. « J’aime travailler sur des objets usuels : toiles de transat, abat-jours, hamac… Comme il est plus facile de vendre un objet peint qu’un tableau, alors je fais des tableaux sur des objets. »


Depuis presque cinq ans, il travaille à Saint-Denis, dans son atelier de la rue Paul-Éluard. « Ici, j’ai pu grandir », dit-il. Une première expo au Soixante-Adada en 2008 avec le sculpteur Olivier Brunellière le fait mieux connaître des Dionysiens. Puis ce sera la rencontre avec Franciade, à l’occasion de la Foire des savoir-faire de 2009. « Ce que j’aime ici, c’est l’entraide entre les artisans et la possibilité de monter des projets avec les habitants. » il crée des pochettes avec pour thème des éléments d’architecture de la basilique et sa dernière série, porte sur la cité Jardins de Stains. « Nous avons travaillé avec l’association Femmes dans la cité, des élèves décrocheurs, des retraités aussi, à partir de dessins qu’ils ont eux-mêmes réalisés. » Antoine, qui a exposé cet automne au TGP et présente à la Foire des savoir-faire solidaires des objets imprimés « sur des tissus achetés au marché de Saint-Denis », précise-t-il, aime partager. D’ailleurs, il donne régulièrement des cours individuels dans son atelier. Lorsqu’on le quitte, il confie encore son espoir de monter une nouvelle exposition en 2012…


Benoît Lagarrigue