À la une En ville
Assises contre les violences/
Agir en Spect’acteurs
La méthode du Théâtre de l’opprimé, créée par Augusto Boal, a vu le jour dans les années 1970 en Amérique latine. Il s’agissait de mettre en lumière la parole des plus opprimés en leur donnant plus de visibilité lors des conflits sociaux avec les pouvoirs totalitaires. Depuis, cette forme d’expression s’est démocratisée dans le monde. La compagnie possède son théâtre à Paris mais se déplace régulièrement dans différents lieux pour jouer au contact d’autres publics.
Petits et grands ont répondu présents à l’invitation de la Maison de quartier Romain-Rolland. Rachida Aoudia, la directrice, a présenté les thématiques du soir : « On parle de toutes formes de violence : des petites incivilités à des choses plus graves. » Le maire adjoint Bally Bagayoko est venu témoigner du soutien de la municipalité à cette initiative. L’élu délégué au quartier a encouragé cette forme théâtrale d’expression. « Cela permet d’aborder le sujet de manière simple et ludique. »
C’est Léo, l’un des comédiens, qui a animé la soirée. Son rôle : faire interagir le public avec la troupe. Trois scènes sont jouées une première fois, puis rejouées différemment grâce à l’apport du public dionysien. Scène 1 : harcèlement et moqueries dans le cadre scolaire et extrascolaire. Scène 2 : violences dans le cadre familial (conjugal et fraternel). Scène 3 : querelle de voisinage sur fond de conflit générationnel. « Ça se finit mal, on va ensemble faire en sorte que ça se finisse bien. Le but est de voir comment on peut réagir à des situations violentes », a expliqué le comédien.
« Jouer la comédie, ça aide à s’exprimer »
Loin des pièces de théâtres monotones, on a joué ici des séquences du quotidien qui poussent à la réflexion. Ce spectacle participatif a sollicité l’avis des habitants afin d’édulcorer le synopsis, trouver des pistes qui puissent garantir une issue plus glorieuse. Certains ont joué le jeu sur la scène improvisée tels Aya, 10 ans, et Romain, un trentenaire intrépide. Monique, une grand-mère du quartier, s’est elle aussi improvisée comédienne d’un soir.
Au fil de la soirée, les propositions de nouveaux scénarios ont émergé donnant lieu à des échanges palpitants entre spectateurs. Chacun a pu réagir selon leurs intentions et points de vue à la scène représentée. Les solutions avancées pour résoudre des conflits ont été diverses : la communication, l’entraide, la patience, le respect mutuel, l’apaisement, la prévention du harcèlement… Parler de sujets sensibles autrement, tel était l’objectif de ce mode de théâtre interactif, qui aura permis de libérer la parole, de trouver des alternatives à la violence.
Wanice Kouri
Réactions
Réagissez à l'article