En ville
Témoignage /
Adama, symbole des violences policières
« Justice pour Adama, sans justice vous n’aurez pas la paix », est inscrit en lettres blanches sur le t-shirt noir de Lofti. Le jeune homme raconte le drame de son ami proche, Adama Traoré, mort après une interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise). « L’histoire, je la répète tous les jours. J’ai pu oublier des choses, n’hésitez pas à me poser des questions », s’excuse-t-il. Ce vendredi 2 décembre, plus de 80 personnes sont venus à l’Attiéké (1) écouter son témoignage, autour d’un débat sur les violences policières.
Le 19 juillet, jour de son anniversaire, Adama est retrouvé mort par les pompiers dans la cour de la gendarmerie de la commune. Auparavant, il a été violemment arrêté par les gendarmes : plaqué ventre au sol, tête sur le côté, avec une pression sur le dos. Selon les rapports de l’autopsie, le manque d’air aurait provoqué son décès. Il s’ensuit plusieurs jours d’affrontements entre des habitants et les forces de l’ordre. « Brûler des voitures, ce n’est pas pour le buzz, c’est de la colère », explique Lofti.
D’autant que le procureur de Pontoise, Yves Jannier, a d’abord évoqué une « affection très grave » à l’origine d’un malaise cardiaque. Sa communication a accentué la fracture entre les habitants et les pouvoirs publics. L’affaire a depuis été dépaysée au profit du tribunal de Paris. Le procureur, lui, a été muté.
« Adama, c’est le premier mort [de violences policières] dans ma ville, j’espère que ce sera le dernier. On doit s’unir pour que cela ne se reproduise pas dans d’autres quartiers », lance Lotfi. Il décrit un harcèlement policier, de la « provocation ». Même si son ami a un casier judiciaire, il réclame justice.
Parler de violences des forces de l’ordre est très sensible. Le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) du 93, organisateur de la rencontre, a reçu des « pressions » de milieux « racistes » sur les réseaux sociaux. Sur conseil de son avocat, Assa Traoré, sœur d’Adama, ne s’est pas déplacée. Sur des affiches collées sur les murs de Saint-Denis qui ont choqué des Dionysiens, le collectif a ciblé des « gendarmes, policiers » qui sont « violents et impunis ».
La rencontre a néanmoins été l’occasion d’entendre une parole qui demande justice. « Je n’ai pas senti de haine anti-flics. Ils ont parlé de cas précis, dit un jeune de Pantin, touché par la mort d’Adama Traoré. On a besoin de police, mais c’est inacceptable ce qui lui est arrivé. »
(1) Ce lieu, boulevard Marcel-Sembat, est occupé illégalement depuis trois ans. Il est la propriété de la Fédération française de triathlon.
Réactions
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
06 décembre 2016
Habitant (Pseudonyme non vérifié)
06 décembre 2016
aziz.oguz
06 décembre 2016
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06 décembre 2016
Mourad (Pseudonyme non vérifié)
06 décembre 2016
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06 décembre 2016
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08 décembre 2016
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09 décembre 2016
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10 décembre 2016
Martine (Pseudonyme non vérifié)
10 décembre 2016
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