En ville

2 CHOCS EN 6 JOURS, LA SUITE
/ 48, rue de la République Des heures d’assaut, des jours de galère

Retrouvailles : Une réunion était organisée samedi en mairie pour faire le point avec les familles évacuées et envisager avecelles les actions à mener jusqu’à leur relogement définitif.
Jeudi 26 novembre, une partie des familles du 48 rue de la République, ont pu récupérer leurs affaires
Jeudi 26 novembre, une partie des familles du 48 rue de la République, ont pu récupérer leurs affaires


On les avait quittés la semaine dernière en proie à la peur de retourner vivre sur les lieux du cauchemar. Car c’était bien la plus grande crainte de la trentaine de familles qui résidaient au 48, rue de la République, adresse rendue tristement célèbre depuis l’assaut donné le 18 novembre contre cet immeuble du centre-ville où se trouvait Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé des attentats du 13 novembre. 

Si la préfecture l’avait un temps envisagé pour ne pas avoir à reloger l’intégralité de ces quelque 80 habitants, parmi lesquels figurent 26 enfants, l’expert mandaté par le tribunal administratif a exclu définitivement cette éventualité mercredi 25 novembre, condamnant sans exception les 38 logements comme les 6 commerces du bâtiment. Un soulagement tant pour les familles que pour la municipalité qui n’a cessé depuis l’assaut d’exiger de l’État le relogement pérenne de tous les résidents et le statut de victimes du terrorisme pour l’ensemble de ces rescapés. 

« Pour reprendre les propos d’un inspecteur de la brigade antiterroriste, vous avez vécu ce matin-là ce que 99 % des militaires et policiers de ce pays ne vivront jamais dans leurs carrières », a tenu à souligner l’adjoint au maire Stéphane Peu, en recevant au côté de Didier Paillard et d’autres élus l’ensemble des ménages sinistrés et leurs soutiens lors d’une réunion d’information organisée en mairie samedi 28 novembre.

Quand Asensi interpelle Pinel

Certains de ces anciens voisins, encore très affectés, ne s’étaient pas revus depuis qu’ils avaient quitté leur hébergement monté à la hâte par la Ville au gymnase Maurice-Baquet. En dépit de la précarité de cet accueil, ce n’est que mercredi soir, près d’une semaine après l’assaut, qu’ils avaient fini par accepter la solution transitoire proposée par la préfecture, conditionnant leur départ à l’hôtel et dans des résidences sociales à un engagement ferme de l’État quant à leur relogement définitif. 

Cette garantie leur avait été apportée un peu plus tôt dans la journée par Sylvia Pinel, ministre du Logement, interpellée à l’Assemblée nationale par François Asensi, député de Seine-Saint-Denis. « C’est évidemment le devoir de l’État d’accompagner ces habitants que ce soit en termes de relogement, d’accompagnement social et psychologique », a-t-elle assuré, se portant garante de la mobilisation de « tous les services de l’État […] pour trouver un logement digne et adapté aux situations de ces familles ».


« Combien de temps vais-je rester à l’hôtel?? »

Mais, des paroles aux actes, tout reste encore à faire. « Combien de temps vais-je devoir rester à l’hôtel?? Combien de temps cette situation va-elle durer?? », s’est ainsi enquis auprès de la municipalité un des anciens locataires, échaudé comme tous les autres célibataires de l’immeuble, d’avoir à partager sa chambre avec un inconnu, dénonçant aussi des conditions de vie difficiles, comme l’impossibilité de pouvoir se faire à manger. S’inquiétant aussi du devenir de ses affaires comme des documents officiels restés dans les appartements. 

Car si la plupart des familles ont pu rentrer jeudi dans l’immeuble pour emporter le strict nécessaire, il en va différemment des résidents du bâtiment C, toujours placé sous scellés. Pour débloquer cette situation, la Ville a préparé un courrier à l’attention du procureur de la République pour solliciter une autorisation d’accès. Parmi les urgences, en dehors de la préoccupation principale et commune à tous du relogement définitif, la question de la récupération du courrier, celle concernant l’achat de médicaments ou encore d’un suivi psychologique ont été soulevées.

« Si on veut reloger vite, si possible avant Noël, il faut que tout le monde s’y mette. Ce n’est pas polémiquer que d’espérer que le préfet de ce département mette en œuvre les recommandations de la ministre », a martelé Stéphane Peu, signalant que le bailleur Plaine Commune Habitat qu’il préside avait déjà identifié six logements qui vont être adressés en priorité aux plus fragiles. 

« Il y avait dans l’immeuble quelques personnes très âgées, dont une de presque 90 ans. On a aussi recensé quinze familles avec des enfants en bas âge et des personnes malades. Il nous semble normal de leur donner la priorité. Quant aux personnes qui ont été orientées vers les hôtels, il va falloir les en faire sortir le plus rapidement possible pour qu’elles puissent attendre un relogement dans des conditions acceptables. 

L’hôtel a été imposé dans l’urgence par la préfecture, mais ce n’est pas une solution digne », a fait savoir l’élu, qui n’exclut pas de durcir la mobilisation et d’appeler les Dionysiens à une manifestation en l’absence cette semaine d’une réaction et d’une implication significative des services de l’État. « On vous l’a dit, on ne vous abandonnera pas et on restera avec vous jusqu’au bout », a-t-il encore insisté, avant de fixer avec les familles une nouvelle réunion samedi prochain, même heure, même endroit et même détermination. 

Linda Maziz