En ville

Le chiffre de la semaine
/ 1200 entreprises ont vu le jour en 20 ans grâce à la Miel

La Miel, Maison de l'initiative économique locale vient de fêter son vingtième anniversaire. Retour sur les missions et les projets portés par l'association.
12 000 entrepreneurs, tous domiciliés à Plaine Commune, qui en vingt ans ont bénéficié des services de la Miel.
12 000 entrepreneurs, tous domiciliés à Plaine Commune, qui en vingt ans ont bénéficié des services de la Miel.

En 1998, la Plaine Saint-Denis, encore sinistrée par le départ des activités de production, entame sa grande mue. Le nouveau Stade de France, qui trône à l’emplacement des gazomètres, devient pour un mois le nombril du monde. Le développement économique du quartier n’en est qu’à ses balbutiements. Et pour certains élus, le moment est venu d’encourager l’initiative individuelle pour relancer l’activité au plus près du territoire. Ainsi naît cette année-là, la Maison de l’initiative économique locale, la Miel qui vient de fêter son vingtième anniversaire. C’était avec quelques mois de retard, mercredi 6 février aux Archives Nationales de Pierrefitte. Les locaux de l’association, implantée depuis un an au 20 rue Gabriel-Péri, n’y auraient pas suffi.
 

« 7 000 porteurs de projets accueillis »

Parmi les centaines d’invités, partenaires et entrepreneurs épaulés par la Miel, Nicole Martelly. « Je suis arrivée en 1997 pour travailler sur la préfiguration de la Miel, raconte-t-elle. Il a fallu convaincre les chambres consulaires, le département, les élus… » Tout un monde de décideurs « habitué aux grandes entreprises, et qu’il a fallu convaincre de se pencher sur les TPE ». Pour mieux signifier sa vocation, l’association s’implante alors dans la cité du Franc-Moisin. Elle y ouvre une pépinière pour héberger les jeunes pousses, dont elle se propose d’accompagner le développement. 

Depuis, grâce au soutien de Plaine Commune, du Département, de la Région, de l’État, et de l’Union européenne, pour en financer le fonctionnement et les missions de conseils et de formations, ce sont 12 000 entrepreneurs, tous domiciliés à Plaine Commune, qui en vingt ans ont bénéficié des services de la Miel, comme le signale sa directrice Sylvie Saget. « 7000 porteurs de projets ont été accueillis, précise-t-elle. Dont 4000, soit 57%, ont été accompagnés. »

Et tous, loin s’en faut, n’ont pas concrétisé leur ambition, puisque la Miel ne dénombre que 1200 créations d’entreprises. Dont une centaine a été hébergée à la pépinière ouverte en 2005 à La Courneuve. Si la part des créations n’est que de 10 %, « ce sont des entreprises dont la pérennité à trois ans atteint les 70% alors que la proportion n’est que de 50% quand le projet n’est pas accompagné, relève David Proult, président de La Miel, vice-président de Plaine Commune et maire-adjoint de Saint-Denis. Même si le projet n’aboutit pas, poursuit-il, on participe à ce que les gens se forment afin qu’un moment ou à un autre, ils donnent corps à leur envie. Les échecs, ça permet de rebondir. »

Selon une enquête de la Miel auprès de ses bénéficiaires, mentionnée par Sylvie Saget, la raison tient d’abord au « manque de financements. Puis viennent le manque de compétences, de détermination et des raisons familiales ». De fait, les profils des porteurs de projet laissent apparaître de grandes disparités, d’abord en terme de formations, des sans diplômes aux bac +5. « 70% en moyenne sont demandeurs d’emplois ou allocataires des minimas sociaux », précise la directrice de la Miel. Ceci pouvant expliquer un âge moyen, relativement élevé, 38 ans. La part des femmes, qui est de 37% en moyenne, a atteint quant à elle 51% l’an dernier. Restent les motivations. Être indépendant, créer son emploi, mettre à profit son expérience, et enfin saisir des opportunités de marché. 
 

« En accord avec ses valeurs, ses passions »

Mais on aspire avant tout à « une activité en accord avec ses valeurs et ses passions ». C’est ainsi qu’en parle Mathieu Boullenger, qui était au nombre des quatre personnalités invitées ce 6 février pour s’exprimer sur « la performance individuelle et le dépassement de soi ». « Mon métier est une coquille qui sert à une finalité sociale », va jusqu’à dire cet employeur de 75 personnes, réparties entre le Petit Plus à Saint-Denis Pleyel, et Résilience, à Blanc-Mesnil.

Ces deux entreprises d’insertion étant spécialisées l’une dans la collecte et le recyclage et l’autre dans le nettoyage. En 2005, alors qu’il rentre d’une tournée dans une grosse production (la comédie musicale Les Dix Commandements), ce danseur de hip hop se lance dans le nettoyage afin de concilier activité alimentaire et passion artistique. Ainsi naît Plus Que Parfait qui allait compter avant sa revente en 2017 jusqu’à 200 salariés. « Je ne partais pas dans l’idée de faire de l’insertion, souligne-t-il, mais de recruter des gens qui en avaient besoin, pour un parcours de professionnalisation qui les aide à avancer. »

Marylène Lenfant