Cultures
« J’ai commencé bien avant les musiques du monde !
Le JSD. Comment est née cette rencontre avec Faiz Ali Faiz ?
Titi Robin. Il y a deux ans, nous avons joué ensemble au festival Les Escales de Saint-Nazaire. Ce fut un moment très fort et émouvant et nous avons voulu continuer cet échange. Mais d’une autre manière : au lieu de jouer ensemble les morceaux de chacun, nous avons voulu créer ensemble une œuvre à partir de la poésie soufie et du qawwali (genre musical musulman soufi, ndlr). C’est comme cela que l’idée de Jaadu est née.
Le JSD. Comment avez-vous travaillé ?
T. R. Nous voulions faire de nos deux formations un orchestre commun, mais tout en nous donnant aussi la possibilité d’avoir des duos ou des trios. À partir des tonalités et de la voix de Faiz Ali Faiz, j’ai composé des mélodies qui sont des prolongements naturels de son style et de son chant. Puis, nous avons travaillé les orchestrations ensemble.
Le JSD. D’où vient votre penchant à aller vers ce qu’on appelle les musiques du monde ?
T.R. J’ai commencé bien avant qu’on appelle ça les musiques du monde ! En fait, je n’ai aucun intérêt pour l’exotisme musical et je n’ai pas parcouru le monde pour découvrir d’autres musiques. Je suis né et j’ai grandi en Anjou, dans un univers musical et culturel ouvert et pluriel. Jeune, j’ai évolué avec différentes communautés, et notamment les gitans. J’ai toujours été très perméable à ces cultures, d’ici et du voyage, et j’ai toujours recherché une harmonie musicale entre elles. En fait, mon style s’est construit avec l’histoire de ma vie. Mes goûts musicaux ne sont pas un départ vers un ailleurs, mais un reflet de mon vécu. C’est pour moi quelque chose d’évident et de naturel, bien plus qu’une démarche volontariste.
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Le JSD. Donner ce concert dans ce lieu chargé d’histoire qu’est la basilique de Saint-Denis est-il pour vous quelque chose d’important ?
T.R. Les lieux ont toujours une importance. Faire cette rencontre ici, c’est très bien ! Ma musique n’est pas sacrée, mais ma culture est chrétienne, celle de Faiz Ali Faiz est musulmane. Il a une grande ouverture d’esprit, très œcuménique. Que cet échange se concrétise dans la basilique est quelque chose de positif, qui amène plus de respect et de dignité entre les cultures.
Le JSD. En plus de Jaadu, vous serez également mercredi 25 juin à 21 h au Magic Métis en trio…
T.R. Oui. Il s’agir d’un trio instrumental avec Francis Varis (accordéon), Zé Luis Nascimento (percussions) et moi (oud, guitare, bouzouq). C’est à mes yeux une forme instrumentale quasi idéale. Nous sommes trois solistes et nous improvisons beaucoup. C’est un vrai régal, car on se connaît bien et on peut donc prendre des risques, oser, se surprendre en fonction de nos humeurs, de nos envies, et du public. Nous jouons avec une grande liberté.
Propos recueillis par
Benoît Lagarrigue