À la une En ville
Covid- 19 / Paroles de confiné.e.s /
« Goûter les relations nouvelles »
« Comment je vis ce temps de confinement, seule, chez moi ? De mon mieux, suis-je tentée de répondre. J’essaye de me protéger au mieux et de protéger également les autres, notamment mon entourage.Comme toute Dionysienne, je suis bien sûr privée d’arpenter les rues entre chez moi et le cœur de notre ville : l'Hôtel de Ville, la Basilique, etc. Mais je « goûte » les relations nouvelles qui s'instaurent déjà dans mon immeuble : on ne se voit pas mais nous sommes plusieurs à nous inquiéter des personnes les plus « vulnérables » et cela par téléphone, par SMS, par mail...Nous découvrons ensemble la grande qualité de ces nouvelles relations et les propositions de « service » affichées dans le hall.
Ces bonnes relations permettent de nous redonner l'élan nécessaire pour vivre ce temps inédit jusqu’à nous réjouir de nous apercevoir sur nos balcons à 20 h pour applaudir chaleureusement les personnels soignants, en première ligne dans la lutte pour la vie. J’ai été infirmière pendant 33 ans à l’hôpital de Saint-Denis, et je devine aisément ce qui s'y passe actuellement même si « de mon temps » nous étions - déjà - en manque de personnel, de matériel, de lits pour accueillir les malades, hélas ! Mais on en parlait moins...
« Grâce au téléphone, on ne se sent pas seul »
Oui, toute ma vie de relation a un nouveau goût : des amis perdus de vue depuis des mois, parfois des années, m'appellent ou m'écrivent et c'est une très grande joie, tout à fait imprévue.
Je tiens aussi à évoquer la présence discrète et efficace des animatrices de la Maison des Seniors : grâce au téléphone, on ne se sent pas seule... Mieux : on sait que chacun et chacune des Seniors « compte » pour elles : quelle belle amitié ! Ceci dit, je n’ignore pas les graves conséquences de ce temps hors du commun, si difficile à vivre pour les personnes sans travail, sans logement, sans abris, sans famille ou bien confinées avec elle dans un tout petit espace. Heureusement que de nombreuses associations rivalisent d’ingéniosité et de générosité pour s’adapter et pourvoir aux besoins fondamentaux de toute personne humaine. De mon côté, j’essaie de contribuer de mon mieux en répondant à leurs appels (car mon âge m'interdit d’aller sur le terrain) comme lorsque je rejoignais les équipes de l'Abbé Pierre sur les quais de Seine pour y secourir les SDF pendant l'hiver 1954… Restons chez nous, tenons bon, de beaux jours nous attendent. »
Suzette Vanhove
Réactions
S. VANHOVE (Pseudonyme non vérifié)
29 avril 2020