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« Génération Olympique » : future génération dorée ?
Le stade annexe grouille de monde. Une partie des athlètes de Saint-Denis Émotion s’affaire à répéter au mieux ses gammes à l’approche de la fin de saison en plein air. « Il reste des rendez-vous régionaux mais aussi les championnats de France juniors et masters (ndlr : catégorie vétérans) où on a encore des chances de médailles », espère Kévin Sylvestre, responsable administratif et financier du club. Habituellement, cette période prépare la Voie Royale, dont l’édition 2020 a été annulée.
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« C’est un gros manque à gagner pour le club. Cela représente 30 000 € de pertes soit environ 30% de notre budget », explique-t-il. Malgré tout, la structure s’apprête à accueillir prochainement Timothée Adolphe, un athlète handisport multiple champion du monde et d’Europe handisport en 100, 200, 400 et 800 m T11 (course pour malvoyants avec guide). Un champion qui va se greffer à cinq athlètes, membres d’un groupe qu’on appelle au club la « Génération Olympique ». Whitney Tié (21 ans), les jumeaux Mallory et Jerry Leconte (19 ans), Dylan Vermont (21 ans) et Thierry Dagbetin (22 ans) sont des noms à retenir. Cette année, ils ont ajouté à leurs collections de médailles respectives, déjà bien fournies, quelques nouvelles breloques en or.
Une saison de rêve
C’est avec un grand sourire que les cinq de la « Team Zonards » comme ils se sont baptisés, listent leurs médailles remportées. En 2020, le premier à être monté sur la plus haute marche d’un podium national, c’est Thierry Dagbetin. Après un long passage à vide, il a intégré Saint-Denis Émotion en 2019. En quelques mois à peine, le voici champion de France espoir en salle du 800m. « C’était une excellente revanche ! Je n’avais pas fait de podium depuis 2016 ni de finale nationale depuis 2017. Donc, pour moi, c’était incroyable, la renaissance du phénix en quelque sorte », se félicite-t-il. Quelques mois plus tard, le relais 4x100m mixte de Saint-Denis Émotion se rend à Vénissieux (Rhône) pour la Coupe de France début septembre. Favoris, Mallory, Whitney, Dylan et Jerry arrivent confiants sur le tartan. Mais, en séries, tout ne se passe pas comme prévu. « Je tombe juste après avoir transmis le témoin à Dylan. Malgré tout, je savais que ça n’allait pas m’arrêter car je suis une guerrière avec du mental », confie Mallory.
Rassurés par l’état de santé de leur coéquipière, les sprinteurs restent mobilisés pour la finale qu’ils remportent haut la main en 43’’08 secondes. L’apogée est atteint, une semaine plus tard, le 12 septembre à Albi (Tarn). Dylan Vermont, 4e de la finale Élite, s’adjuge le titre national de la catégorie espoirs en 100m.
« En séries, j’ai battu mon record personnel (10”39), ce qui m’a surpris. Du coup, je n’avais plus qu’à rééditer la même performance en finale. Au début, je n’ai pas réalisé que j’étais devenu champion de France, ne connaissant pas ma place. Ça a pris du temps », détaille le jeune sprinteur. Mallory Leconte, quant à elle, obtient le bronze sur 100m également chez les espoirs, malgré « un départ raté » et « les bandages » liés à sa blessure comme elle tient à le rappeler. Jerry, lui, a remporté la finale B du 100m ce qui lui a permis de terminer tout proche du podium espoirs (4e). « J’étais un peu déçu mais j’ai essayé de retenir le positif de la saison avec des records pulvérisés sur 100 et 200m et une sélection en équipe de France de relais U23 », indique-t-il.
Briller à domicile
Si le présent est radieux, l’avenir ne s’annonce pas moins prometteur pour la « Génération Olympique ». Chaque jour, ils ont la chance de s’entraîner en contrebas du Stade de France, lieu des épreuves d’athlétisme lors des JOP 2024. « C’est motivant. J’imagine parfois l’enceinte pleine à craquer avec les lumières braquées sur nous. J’ai des étoiles plein les yeux, c’est mon moteur ! », s’enthousiasme Jerry Leconte. « Se dire que notre lieu d’entraînement est la piste d’échauffement des athlètes de Paris 2024, c’est incroyable », explique Mallory Leconte. Thierry Dagbetin abonde en son sens, lui qui, comme Dylan Vermont, a déjà couru dans l’antre dionysien lors d’un meeting Areva : « En résumé, on est en train de s’échauffer pour aller au Stade de France ! »
Comme ses camarades, Whitney Tié n’oublie pas le lien familial : « Courir devant ses proches, qu’ils soient avec nous dans les tribunes, ça me stimule ! » Et si ce but est atteint, il ne faudra pas exclure la grande participation d’Alioune « Junior » N’Diaye, leur entraîneur, roi de la mise en confiance selon ses athlètes. « J’étais à deux doigts d’arrêter l’athlétisme, mais il a cru en moi et m’a dit qu’il ferait de moi un champion de France si je venais à Saint-Denis. C’est ce qui s’est produit », reconnaît Thierry. Faut-il qu’il les pousse davantage pour qu’ils puissent performer ? « Pour lui, aucune course ne doit être prise à la légère », estime Whitney. Mais avant d’atteindre le Stade de France, une longue déviation vers les championnats d’Europe en salle de mars et les JOP de Tokyo à l’été 2021 est fortement envisageable.
Christopher Dyvrande
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lecteur-jsd (Pseudonyme non vérifié)
11 octobre 2020