En ville
Du côté de l'intersyndical CGT-FSU-SUD-UNSA/
« On a exprimé une colère légitime »
« Le maire est responsable de la dégradation du dialogue social et de la situation de blocage. C’est à cause de la méthode de M. Hanotin. » Représentant Unsa, Daniel Nail est catégorique : les syndicats ne sont pas responsables des incidents qui se sont produits au dernier conseil municipal. « On n’a pas d’excuse à faire à qui que ce soit. On n’a pas à se désolidariser. Après, chacun doit être responsable de ses actes », affirme-t-il.
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Réuni mardi 13 octobre au matin, avant une nouvelle journée de mobilisation, l’intersyndical CGT-FSU-Sud-Unsa est unanime : les violences ne sont pas de leur fait. « Nous n’avons pas dérapé. On a exprimé une colère légitime. Les incidents n’ont pas été souhaités, voulus et organisés par les organisations syndicales », se défend Daniel Nail, présent au moment des faits. Selon lui, l’impossibilité pour les agents en grève d’assister au conseil municipal a mis le feu aux poudres : « une insulte », « une provocation de plus » pour les agents. « M. Hanotin bunkerise la mairie de Saint-Denis qui appartient à tous les Dionysiens », ajoute Daniel Nail.
« Plus il y a du mépris, plus les gens se lèvent »
« Il y a une colère sociale légitime. Si le maire nous avait reçus auparavant, comme on le demande depuis le début du mouvement, cela ne se serait pas passé de la même manière. Les élus de la majorité sont responsables de la violence sociale qu’ils génèrent », accuse Raphaël Thomas de la CGT. « C’est une irruption du mouvement social en plein conseil municipal, qui était interdit aux agents. C’est très révélateur d’un climat social tendu, d’une forte colère. Plus il y a du mépris, plus en face les gens se lèvent », estime Amel Dahmani, représentante de Sud-Solidaires.
« Cela fait trente-huit ans que je travaille à la Ville de Saint-Denis. Je n’avais jamais vu ça, raconte Patricia Scarpa de la FSU. Notre intention n’était pas de mettre le boxon. C’était de pouvoir s’exprimer », continue la syndicaliste, même si elle regrette des violences et un « dérapage » du côté des manifestants. « Ce n’était pas notre but. On est à peine rentré que certains élus se sont levés. Ils nous ont hurlé dessus, provoqués, pris en photo, filmés. Il y a eu une bousculade », défend-elle. Selon elle, « les élus n’ont pas essayé d’apaiser les tensions mais ils les ont plutôt amplifiées ».
« Ils peuvent venir me dire leurs désaccords »
La municipalité, de son côté, a dénoncé une « intrusion violente », avec plusieurs plaintes déposées par les élus agressés verbalement et physiquement. Lundi 12 octobre, un animateur, qui serait impliqué dans les violences, a été convoqué par la Ville. Une enquête est en cours pour déterminer sa responsabilité, a informé la municipalité.
Aujourd’hui, le dialogue social entre l’intersyndical et la municipalité est au point mort. Les syndicats CGT-FSU-Sud-Unsa demandent à être reçus ensemble par la Ville, ce qu’elle refuse pour l’instant, en proposant de les recevoir séparément. « La main est tendue. La porte est ouverte. Ils peuvent venir me dire leurs désaccords », assure Brahim Chikhi, maire adjoint en charge du personnel municipal. Depuis mercredi 7 octobre, la municipalité a engagé des négociations avec FO et la CFDT.
« C’est un vrai travail de syndicalisme. Ils ont des demandes légitimes », loue M. Chikhi. Le 10 octobre, le syndicat FO a annoncé qu’il suspendait la grève suite aux incidents au conseil municipal. « Cet acte ne peut pas être associé aux agents qui pour la majorité ont manifesté pacifiquement, et [a] pour conséquence de nuire aux négociations qui sont en cours, a-t-il indiqué. Les agents de la Ville de Saint-Denis ne veulent pas être pris en otage par certains syndicats qui confondent syndicalisme et politique. » Mais la CFDT n’a pas signé ce communiqué. Contacté, ce dernier syndicat n’a pas répondu au JSD.
« L’intersyndical n’est pas contre la négociation. Mais on ne négocie pas la régression sociale, répond de son côté Daniel Nail. M.Hanotin ne peut pas discuter qu’avec les syndicats qui vont dans son sens », indique-t-il, précisant que l’intersyndical représente la majorité des agents communaux. « Nous voulons discuter, mais sur un terrain où on a aussi notre mot à dire. Si c’est juste pour valider ce qu’il veut faire, c’est non ! » Brahim Chikhi prévient qu’il est obligé de toucher aux nombres de congés des agents pour revenir au 1607 heures par an, obligation légale à partir de mars 2021, contre 1 530 à 1 540 heures par an selon un rapport de la cour régionale des comptes de 2017.
« Ce n’est pas nous qui fixons le cadre. Il ne nous reste aucune marge de manœuvre », indique l’élu. « Le maire veut abaisser le niveau social de la ville au ras des pâquerettes des lois qui existent », dénonce Daniel Nail. Un dialogue à l’arrêt pour l’instant.
Aziz Oguz
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Azzedine (Pseudonyme non vérifié)
14 octobre 2020
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14 octobre 2020
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16 octobre 2020
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19 octobre 2020
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20 octobre 2020
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20 octobre 2020