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« Arrêter l’hémorragie ! »
L’ouverture en 2013 du nouveau site des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine devait donner un nouveau souffle à l’institution en lui permettant de répondre à tous ses besoins pendant une trentaine d’années. Ce nouvel équipement complétait le réseau formé du site historique des Archives nationales à Paris, et celui de Fontainebleau. Quelques ministres de la Culture plus tard, il est annoncé en 2016, dans le cadre de la réduction du patrimoine immobilier de l’État, une vaste opération de vente à la découpe. Ce projet prévoit de passer de 7 à 3 implantations avec l’amputation de 11 000 m2 de magasins, dépôts et ateliers sur le site parisien. Outre cette annonce, une autre décision jugée tout aussi dangereuse par le syndicat CGT Archives, est la fermeture définitive puis la démolition du site de Fontainebleau, en raison de fissures apparues « pouvant porter atteinte à la sécurité des personnes ».
Pour Wladimir Susanj, responsable syndical, « la rénovation de toutes les structures et des magasins du site de Fontainebleau est évaluée à 53 M€ quand leur démolition coûterait 36 M€. » Cela aurait des conséquences désastreuses pour le site de Pierrefitte… Alors qu’il était prévu pour couvrir les besoins pendant trente ans, il se retrouve du coup déjà saturé et asphyxié. En effet, tous les documents déménagés de Paris et de Fontainebleau rejoindraient Pierrefitte. Il est d’ores et déjà prévu de préempter la réserve foncière du site pierrefittois 25 ans avant la date calculée et de faire construire à partir de 2025 un nouveau bâtiment pour un montant de 170 M€.
Au total, la démolition de Fontainebleau ajoutée à l’amputation du site de Paris et à la construction d’un nouvel équipement à Pierrefitte représenteraient une facture de 200 M€ d’euros soit à peu près ce qu’a représenté la construction du nouveau site de Pierrefitte.
Un budget en baisse de 17,8%
« Il faut arrêter l’hémorragie ! s’indigne le responsable syndical. Le seul moyen de le faire est de poser un garrot, c’est-à-dire retirer toutes ces politiques. » Rappelons qu’en 2017, un rapport présenté à la ministre d’alors préconisait de réduire la collecte aux « archives essentielles », concept complètement étranger aux missions confiées par la loi aux Archives nationales. Et pour faire bonne mesure, des estimations ont été réalisées : « Une réduction en flux de 10 à 20% de la collecte annuelle et une réévaluation en stock d’au moins 15 km d’archives dégageraient 7 M€ d’économie en 5 ans. Enfin, il ne faut pas oublier que pour 2019 le budget des Archives sera en baisse de 17,8%. »
Pour l’historien Gilles Manceron, signataire de l’appel pour sauver les Archives, « la question de l’accessibilité des archives, de la conservation, des moyens que cela suppose, de la possibilité pour les citoyens de les consulter, devrait devenir un enjeu majeur de société ».
Claude Bardavid
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