Tribunes
« Aujourd’hui je pense au cauchemar du conducteur du RER »
Le 28 juin 1951, mon frère a eu un accident et ma jeune sœur a été tuée sur le coup. Aujourd’hui, il a 80 ans, il fait encore des cauchemars. Je peux vous dire que cette chose affreuse l’a poursuivi toute sa vie et qu’il n’a guère eu de moments d’oubli.
Le 20 septembre 1981, à la sortie de l’usine où il travaille, mon neveu de 22 ans a été tué par un camion de 38 tonnes dont le chauffeur s’était endormi au volant. Il a fallu quatre heures pour sortir son corps de sa voiture encastrée sous le fameux camion. Quinze jours après, nous avons appris que le chauffeur s’était suicidé, ne pouvant accepter d’avoir par sa faute ôter la vie à ce jeune homme.
Tout ceci pour vous dire qu’aujourd’hui je pense au cauchemar du conducteur du RER. Personne ne pense à ce qu’il ressent, personne ne pense à ce qu’il aura du mal à reconstruire, tout ça parce que treize personnes inconscientes et irresponsables ont cru bon de franchir l’interdit. Quand le groupe a vu qu’il s’était trompé de chemin, pourquoi n’a-t-il pas rebroussé chemin??
Ce n’est quand même pas la faute de la SNCF. Ils ont mis délibérément leurs vies en danger et celle d’autrui. L’enfant de 10 ans a suivi, donc il est mort à cause d’adultes irresponsables. Ne connaissant pas le quartier, ils n’avaient qu’à repartir par où ils étaient venus. Tous les prétextes sont bons pour accuser la SNCF, le pêne de la porte ne fonctionnait pas, il était 23?h?30, ils ne savaient pas qu’il y avait encore des trains. Pas de lumière, l’endroit semblait abandonné, il y avait des graffitis, tous prétextes futiles pour se déculpabiliser. Non, la faute est à ces gens, c’est ceux qui ont été de leur plein gré à cet endroit au mauvais moment, qu’ils reconnaissent leurs fautes au moins par respect pour les deux morts. Merci pour votre nouvelle rubrique « au coin de la une ».
Mme J. Lecourbaron